L'heure n'est pas encore au bilan, je sais. Avec cette saison du Canadien qui ne va nulle part, je ne peux m'empêcher toutefois de repenser aux moments forts qui auront marqué ma première saison comme analyste à la description de leurs matchs. En fait ce n'est pas une rétrospective sur le plan « hockey » autant qu'un constat, en ces temps du calendrier de la LNH où il serait facile de tomber dans le négativisme ou la démagogie.

Si j'étais anxieux à l'approche des premières rencontres, l'esprit de corps au sein d'une équipe de production expérimentée m'a rapidement réconforté. Pas si différent des rôles à l'intérieur d'une équipe sportive, mon seul milieu de référence, les rôles des gens qui travaillent dans le « camion » sont souvent effacés mais pourtant si importants.

J'ai compris rapidement que toutes ces personnes étaient les vrais responsables de la mise en valeur du match, je n'avais qu'à être clair dans mes points d'analyse et le support visuel allaient suivre mon contenu éditorial. Lorsque je dis devoir être clair, c'est dans mes communications avec mon producteur, car, en réalité, vous, téléspectateurs, n'entendez que la moitié des paroles qui sortent de ma bouche lors d'une partie. En effet, alors que Pierre décrit le match, je suis en communication constante avec le producteur afin de mettre en place le prochain arrêt de jeu. Que ce soit une statistique intéressante, une pièce de jeu à revoir, un appui visuel pour enchaîner sur un point que Pierre a brièvement abordé dans sa description, les décisions sont prises en quelques secondes seulement.

L'expertise de tous ces techniciens et opérateurs audio-visuel, de même que celle des producteurs et réalisateurs me permettent donc de me concentrer sur mon travail premier, l'analyse. L'équilibre parfait entre l'analyse, le fait saillant et la présentation d'un joueur est ma quête. Si lors de certains matchs où les émotions et l'intensité sont au rendez-vous le tout vient naturellement, c'est une toute autre paire de manches lors d'un match terne, systématique et sans occasions de marquer évidentes. De là l'importance d'une préparation adéquate. Lors d'une semaine occupée, c'est de dix à douze heures de télévision en direct sans scénario, sans script, sans répétition pour lesquelles il faut se préparer. Le boulot ne débute pas à quelques instants de la mise en jeu initiale, en fait, une fois en ondes, la grande majorité du travail a déjà été abattu.

Finalement, la pertinence du produit fini est une bataille à recommencer soir après soir. Maintenant un peu plus à l'aise et ayant apprivoisé deux environnements de travail totalement différents l'un de l'autre, je me laisse guider par les matchs et tente de vous communiquer ma passion. La synergie avec Pierre est excellente, lui qui m'a appris beaucoup dont le grand respect pour son travail, et je tente de ne jamais rien prendre pour acquis, y compris, et surtout, les amateurs qui nous regardent. La continuité avec l'équipe en studio est présente et la collaboration entre les intervenants est constante.

Alors que je savais que je m'embarquais dans un défi de taille, je ne pouvais anticiper que je grandirais autant dans un milieu qui m'en avait pourtant déjà tant donné