Pendant toute la durée du camp d'entraînement, les joueurs du Canadien ont collectionné les performances plus ou moins rassurantes, s'efforçant de balayer du revers de la main les doutes qui s'installaient à leur endroit.

Ça ne comptait pas, nous disait-on. Attendons le début de la vraie saison.

Aujourd'hui, la vraie saison n'est peut-être vieille que de quatre matchs, mais je répète avec conviction ce que je disais déjà avant même qu'elle ne s'amorce. Le Canadien, que ce soit mentalement ou physiquement, n'était pas prêt à s'attaquer au début de son calendrier régulier.

Certains vétérans ont peut-être tardé à appuyer sur l'accélérateur en se disant « Quand ça va commencer, on va être là... ». Mais ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Ça prend des matchs pour trouver ton synchronisme ou développer des affinités avec des coéquipiers.

C'est vrai qu'il n'y a pas eu beaucoup de changements chez le Canadien au cours de la saison morte, mais il y avait quand même de petits ajustements à faire et ils n'ont pas été faits. À partir du moment où tu ne fais pas les petits détails au camp d'entraînement, tu ne les fais pas plus en début de saison.

Je ne suis donc pas surpris du début de saison en dents de scie. Est-ce que la situation peut être qualifiée d'inquiétante? Non, pas encore. Mais il n'est pas malsain de s'énerver un peu.

J'ai été entraîneur pendant assez longtemps pour savoir que les matchs que tu perds en début de saison peuvent te faire très mal au final. Quand on rate les séries éliminatoires par un point, ces défaites sont les premières qui te reviennent en tête. N'essayez pas de me faire croire que ce n'est pas grave de perdre en octobre, qu'on peut toujours se rattraper plus tard. Après Noël, toutes les équipes montent leur niveau de jeu d'un cran.

Pas de panique, donc. Mais j'ai toujours dit qu'il vallait mieux prévenir que guérir.

Tout passe par Markov

Pour moi, la position du Canadien au classement est directement reliée à l'absence d'Andrei Markov. C'est aussi simple que ça. S'il est absent jusqu'aux Fêtes, ça va être compliqué pour le CH. S'il revient au jeu fin octobre, début novembre, sa présence va rapidement stabiliser une brigade défensive chancelante.

Depuis le début de l'année, Raphael Diaz est le troisième défenseur le plus utilisé chez le Canadien. L'an passé, c'était Jaroslav Spacek, qui est présentement blessé aux côtes. On remplace donc un vétéran - qui n'a pas connu une grande saison l'an dernier, mais tout de même - par une verte recrue qui se retrouve avec pas mal de pression sur les épaules.

Comme vous tous, j'aimerais bien voir Diaz produire un peu plus offensivement. C'est le rôle qu'il est appelé à remplir, après tout. J'aimerais aussi voir Alexei Emelin démontrer un peu plus de robustesse dans sa zone et se montrer plus habile pour sortir la rondelle de son territoire. Les deux jeunes font quand même bien leur travail, mais pas de façon assez constante.

Je me dis qu'il y a encore pas mal d'apprentissage à faire du côté des deux jeunes défenseurs et je reviens aux erreurs que j'ai notées pendant le camp d'entraînement. Je persiste à dire que malgré le fait qu'ils ont 25 ans et que leur statut disait qu'ils n'étaient pas obligés de participer au camp des recrues, je leur aurais demandé de le faire. Ça aurait été l'endroit idéal pour se mettre en confiance avec le hockey nord-américain.

Maintenant, il faut s'armer de patience dans leur cas.

Les petits détails

Après la défaite de samedi contre l'Avalanche du Colorado, Jacques Martin a accusé ses joueurs d'être individualistes. Dans le fond, c'est le terme qu'il a trouvé pour résumer leurs carences au niveau de l'avantage numérique, de la discipline, du contrôle de la rondelle...

À l'entraînement lundi matin, le coach a encore élevé la voix. On sent qu'il n'est pas content, et les joueurs non plus.

On a passé plus de temps sur des situations qu'on voit réellement dans des matchs. Par exemple, on a pratiqué les sorties de zone en mettant de l'échec-avant sur les défenseurs pour améliorer leur temps de réaction. Auparavant, on pratiquait la transition défense-attaque sans mettre de pression sur les arrières. On s'entend toutefois qu'il est très rare que les défenseurs aient tout leur temps pour effectuer leur première passe en situation de match!

J'ai aimé la réponse des joueurs. Maintenant, ils doivent amener ça dans les matchs. Au hockey, la ligne est assez mince entre la victoire et la défaite. Tout passe par les petits détails.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.