Le CH soudé par de bonnes décisions
Hockey mercredi, 24 mars 2010. 11:26 samedi, 14 déc. 2024. 15:46
Ils viennent d'en échapper deux. Deux matchs qui se sont soldés par la perte de trois points dans une période où les soirées de congé sont vraiment à déconseiller.
À Toronto, on a assisté à une baisse de régime qu'on croyait passagère. Fallait les comprendre. Après tout, les joueurs de Jacques Martin n'ont pas l'habitude des longues séquences victorieuses et les équipes ne supportent pas toutes la prospérité de la même manière. Quand on aligne des victoires, qu'on gravit des échelons au classement et qu'on améliore ainsi ses chances de participer aux séries, on en vient peut-être à se croire arrivés.
Samedi, le Canadien a perdu un précieux point contre une équipe qui lui était inférieure et s'il y avait eu une justice, il en aurait perdu deux. La leçon n'a malheureusement pas porté puisque l'équipe s'est assise dans les premières rangées pour regarder jouer les Sénateurs deux jours plus tard.
La responsabilité de cette dernière défaite, je l'impute davantage à Jacques Martin qui, à l'instar de ses joueurs, n'a pas ressenti l'urgence de corriger la situation sur-le-champ. Qu'est-ce qui a manqué le plus à son équipe contre les Sénateurs, croyez-vous? Deux armes additionnelles en supériorité numérique (Cammalleri et Bergeron). Les Sénateurs n'ont pas eu à s'inquiéter de quoi que ce soit contre une unité spéciale amorphe qui a produit quatre maigres buts à ses 26 dernières tentatives.
Après le spectacle désolant que ses joueurs avaient offert face aux Leafs, un entraîneur aussi expérimenté que Martin aurait dû se méfier davantage de la suite des choses. À en juger par son comportement, il a semblé considérer la perte d'un point au classement comme d'un accident de parcours. Dans les circonstances, il n'a pas ressenti le besoin de faire appel à Cammalleri et Bergeron, tous les deux suffisamment rétablis pour reprendre le boulot. Cammalleri, pour un, disait ne ressentir aucune douleur depuis trois ou quatre jours déjà.
Quand on a demandé à Martin si ces deux absents, qui représentent à eux seuls une bonne partie de son attaque massive, allaient affronter les Sénateurs, qui croyait-il duper quand il a rétorqué, le plus sérieusement du monde, qu'ils allaient rencontrer le médecin le lendemain matin et qu'à partir de ce moment, on saurait mieux à quoi s'en tenir sur leur état de santé.
Nous croit-il naïfs à ce point? L'entraîneur et son directeur général sont à un coup de fil près du médecin de l'équipe. Parfois, le médecin rôde même autour du vestiaire dans ses temps libres. La preuve qu'ils étaient prêts, ils ont obtenu le feu vert le lendemain, tel que prévu.
Si le Canadien avait été menacé de glisser de la huitième à la neuvième place contre Ottawa, soyez convaincus qu'ils auraient joué, douleur ou pas. Leur retour aurait provoqué un brin d'excitation dans le vestiaire et l'étincelle nécessaire pour faire oublier le match futile de Toronto. On ne peut pas affirmer d'une façon certaine que le Canadien aurait gagné, mais les Sénateurs n'auraient certainement pas eu la vie aussi facile avec ces deux-là dans les pattes.
Efficaces dans l'adversité
La Canadien doit à de petits miracles son étonnante position au classement. Quand Andrei Markov a subi une blessure grave dès le premier match du calendrier, on s'est dit que cette équipe nouvellement rebâtie ne pouvait pas être privée de son général durant près de trois mois et espérer participer aux séries. On les imaginait déjà se présentant devant les médias, deux jours après la fin de la saison, pour expliquer leur élimination par la perte d'un élément aussi important que Markov.
Heureusement, l'équipe a traversé cette période inquiétante sans souffrir autant qu'on l'aurait cru. Or, qui a permis que les meubles soient en bonne partie sauvés durant son absence? Marc-André Bergeron, évidemment. C'est lui qui a pris la relève en constituant une étonnante force de frappe à la pointe durant les supériorités numériques.
L'instant de quelques présences, il a fait la preuve que son boulet de canon sur réception était nettement plus menaçant et plus productif que le tir de Jaroslav Spacek à qui on a accordé près de 12 millions $ répartis sur trois ans pour s'occuper précisément de cette tâche. De la façon dont les choses se sont déroulées contre Ottawa, Bergeron est le joueur qui a le plus manqué au Canadien.
Quand je fais allusion aux petits miracles de la saison, il faut tout de suite penser à la perspective toujours réaliste de voir l'équipe boucler la saison en sixième place malgré les absences de Markov (37 matchs) d'Andrei Kostistyn (24), de Brian Gionta (22), de Bergeron (22) et de Cammalleri (17). Cinq joueurs susceptibles d'avoir un impact direct sur l'ensemble de la saison ont donc manqué 123 matchs.
Les conséquences ont été à ce point étonnantes que neuf joueurs rappelés pour tenir le fort durant ces absences n'ont absolument rien prouvé, sauf peut-être le spectaculaire P.K. Subban. Trotter, Belle, Wyman, Carle, Weber, Maxwell, Desharnais, White et Subban n'ont généré aucun but en 56 apparitions.
Graduellement, on est quand même parvenu à créer une ambiance positive dans le vestiaire. Lentement, la chimie s'est solidifiée parmi toutes les nouvelles figures dénichées par le duo Gainey-Gauthier l'été dernier.
Quelques coups de chance ont également influencé le cours de la saison. J'en énumère quelques-uns.
Marc-André Bergeron : Si Markov n'avait pas été obligé de s'absenter durant quelques semaines, nous n'aurions jamais fait la connaissance de ce défenseur doté du tir le plus puissant de l'équipe et qui a récolté pas moins de 20 points dans les attaques massives, toujours la meilleure production après Tomas Plekanec. Il a marqué quatre buts gagnants et s'est fait le complice de quelques autres.
Mathieu Darche : C'est l'entraîneur de la filiale, Guy Boucher, qui a demandé à son directeur général Julien Brisebois de l'embaucher. Un ex-collègue à McGill, Boucher savait que Darche était le vétéran tout désigné pour jouer un rôle de grand frère avec ses jeunes à Hamilton. Le hasard a voulu qu'il soit rappelé et qu'il tombe également dans l'oeil de Martin qui a découvert en lui un athlète d'expérience qui ne se permet jamais un soir de congé.
Jaroslav Halak : Bob Gainey était prêt à s'en départir pour laisser toute la place à Carey Price. Il l'a offert aux Flyers en retour d'un choix de deuxième ronde. Ils ont jugé la facture trop élevée. S'ils avaient dit oui, le Canadien ne serait déjà plus dans la course pour une place dans les séries.
Glen Metropolit : On n'a jamais trop compris ce que Jacques Martin tentait de faire quand il a fait appel à ses services durant les supériorités numériques. Contre toute attente, Metropolit est devenu son arme secrète. Ses 10 buts durant les attaques massives représentent, et de loin, la meilleure production au sein de l'équipe.
Alex Kovalev : Quel coup de chance qu'il soit parti, quand on y pense. S'il était resté, on l'aurait peut-être nommé capitaine pour le rendre heureux et il aurait continué à ne jouer qu'un match sur trois en semant le mécontentement autour de lui. Il aurait représenté une note discordante dans un vestiaire où une bonne partie de l'ambiance a été changée grâce à l'arrivée de sept nouvelles figures.
Combien parmi ceux qui ont participé à une marche de protestation devant le Centre Bell à l'occasion de son départ seraient prêts à refaire le même geste?
Des décisions profitables
Dans le dernier droit de la saison, on a aussi pris des décisions qui permettent d'expliquer le climat positif qui règne dans l'équipe.
La première d'entre elles concerne Max Pacioretty qu'on a retourné à l'école de la Ligue américaine, probablement jusqu'à l'an prochain. Le jeune Américain n'était pas prêt pour la Ligue nationale et la présence à Montréal de ce nombril vert compliquait en quelque sorte certains plans de match de l'entraîneur. Le même commentaire s'applique pour Matt D'Agostini qu'on a finalement sorti de l'organisation.
Gainey a libéré Martin d'un poids plus lourd encore (sans jeu de mots) quand il a mis fin à l'association de George Laraque avec le Canadien. L'ex-directeur général a parlé de lui comme d'une distraction dans l'entourage de l'équipe et c'est ce qu'il était. Son embauche a été désastreuse, tant sur le plan hockey que financier.
Pour sa part, l'ajout de Dominic Moore s'est avéré heureux. Pierre Gauthier a payé un prix élevé pour l'obtenir (un choix de deuxième ronde), mais depuis son arrivée, il a été d'une grande utilité en donnant du corps et de la rapidité à un troisième trio.
Finalement, le Canadien a vraiment commencé à jouer avec confiance quand on a décidé de s'en remettre à Jaroslav Halak pour gagner. De toute évidence, les joueurs sont plus à l'aise avec Halak, un athlète sérieux qui s'est fait des amis dans le groupe en démontrant plus de sérieux à l'entraînement et à l'extérieur de la patinoire que son partenaire. Ce n'est donc pas une coïncidence s'ils jouent mieux quand il est là.
Les joueurs réalisent sans doute aussi que l'entraîneur, dans son désir de gagner, ne fera aucun favoritisme. Quitte à laisser un joueur de concession sur le banc. Ça soude une équipe une décision aussi ferme que celle-là.
À Toronto, on a assisté à une baisse de régime qu'on croyait passagère. Fallait les comprendre. Après tout, les joueurs de Jacques Martin n'ont pas l'habitude des longues séquences victorieuses et les équipes ne supportent pas toutes la prospérité de la même manière. Quand on aligne des victoires, qu'on gravit des échelons au classement et qu'on améliore ainsi ses chances de participer aux séries, on en vient peut-être à se croire arrivés.
Samedi, le Canadien a perdu un précieux point contre une équipe qui lui était inférieure et s'il y avait eu une justice, il en aurait perdu deux. La leçon n'a malheureusement pas porté puisque l'équipe s'est assise dans les premières rangées pour regarder jouer les Sénateurs deux jours plus tard.
La responsabilité de cette dernière défaite, je l'impute davantage à Jacques Martin qui, à l'instar de ses joueurs, n'a pas ressenti l'urgence de corriger la situation sur-le-champ. Qu'est-ce qui a manqué le plus à son équipe contre les Sénateurs, croyez-vous? Deux armes additionnelles en supériorité numérique (Cammalleri et Bergeron). Les Sénateurs n'ont pas eu à s'inquiéter de quoi que ce soit contre une unité spéciale amorphe qui a produit quatre maigres buts à ses 26 dernières tentatives.
Après le spectacle désolant que ses joueurs avaient offert face aux Leafs, un entraîneur aussi expérimenté que Martin aurait dû se méfier davantage de la suite des choses. À en juger par son comportement, il a semblé considérer la perte d'un point au classement comme d'un accident de parcours. Dans les circonstances, il n'a pas ressenti le besoin de faire appel à Cammalleri et Bergeron, tous les deux suffisamment rétablis pour reprendre le boulot. Cammalleri, pour un, disait ne ressentir aucune douleur depuis trois ou quatre jours déjà.
Quand on a demandé à Martin si ces deux absents, qui représentent à eux seuls une bonne partie de son attaque massive, allaient affronter les Sénateurs, qui croyait-il duper quand il a rétorqué, le plus sérieusement du monde, qu'ils allaient rencontrer le médecin le lendemain matin et qu'à partir de ce moment, on saurait mieux à quoi s'en tenir sur leur état de santé.
Nous croit-il naïfs à ce point? L'entraîneur et son directeur général sont à un coup de fil près du médecin de l'équipe. Parfois, le médecin rôde même autour du vestiaire dans ses temps libres. La preuve qu'ils étaient prêts, ils ont obtenu le feu vert le lendemain, tel que prévu.
Si le Canadien avait été menacé de glisser de la huitième à la neuvième place contre Ottawa, soyez convaincus qu'ils auraient joué, douleur ou pas. Leur retour aurait provoqué un brin d'excitation dans le vestiaire et l'étincelle nécessaire pour faire oublier le match futile de Toronto. On ne peut pas affirmer d'une façon certaine que le Canadien aurait gagné, mais les Sénateurs n'auraient certainement pas eu la vie aussi facile avec ces deux-là dans les pattes.
Efficaces dans l'adversité
La Canadien doit à de petits miracles son étonnante position au classement. Quand Andrei Markov a subi une blessure grave dès le premier match du calendrier, on s'est dit que cette équipe nouvellement rebâtie ne pouvait pas être privée de son général durant près de trois mois et espérer participer aux séries. On les imaginait déjà se présentant devant les médias, deux jours après la fin de la saison, pour expliquer leur élimination par la perte d'un élément aussi important que Markov.
Heureusement, l'équipe a traversé cette période inquiétante sans souffrir autant qu'on l'aurait cru. Or, qui a permis que les meubles soient en bonne partie sauvés durant son absence? Marc-André Bergeron, évidemment. C'est lui qui a pris la relève en constituant une étonnante force de frappe à la pointe durant les supériorités numériques.
L'instant de quelques présences, il a fait la preuve que son boulet de canon sur réception était nettement plus menaçant et plus productif que le tir de Jaroslav Spacek à qui on a accordé près de 12 millions $ répartis sur trois ans pour s'occuper précisément de cette tâche. De la façon dont les choses se sont déroulées contre Ottawa, Bergeron est le joueur qui a le plus manqué au Canadien.
Quand je fais allusion aux petits miracles de la saison, il faut tout de suite penser à la perspective toujours réaliste de voir l'équipe boucler la saison en sixième place malgré les absences de Markov (37 matchs) d'Andrei Kostistyn (24), de Brian Gionta (22), de Bergeron (22) et de Cammalleri (17). Cinq joueurs susceptibles d'avoir un impact direct sur l'ensemble de la saison ont donc manqué 123 matchs.
Les conséquences ont été à ce point étonnantes que neuf joueurs rappelés pour tenir le fort durant ces absences n'ont absolument rien prouvé, sauf peut-être le spectaculaire P.K. Subban. Trotter, Belle, Wyman, Carle, Weber, Maxwell, Desharnais, White et Subban n'ont généré aucun but en 56 apparitions.
Graduellement, on est quand même parvenu à créer une ambiance positive dans le vestiaire. Lentement, la chimie s'est solidifiée parmi toutes les nouvelles figures dénichées par le duo Gainey-Gauthier l'été dernier.
Quelques coups de chance ont également influencé le cours de la saison. J'en énumère quelques-uns.
Marc-André Bergeron : Si Markov n'avait pas été obligé de s'absenter durant quelques semaines, nous n'aurions jamais fait la connaissance de ce défenseur doté du tir le plus puissant de l'équipe et qui a récolté pas moins de 20 points dans les attaques massives, toujours la meilleure production après Tomas Plekanec. Il a marqué quatre buts gagnants et s'est fait le complice de quelques autres.
Mathieu Darche : C'est l'entraîneur de la filiale, Guy Boucher, qui a demandé à son directeur général Julien Brisebois de l'embaucher. Un ex-collègue à McGill, Boucher savait que Darche était le vétéran tout désigné pour jouer un rôle de grand frère avec ses jeunes à Hamilton. Le hasard a voulu qu'il soit rappelé et qu'il tombe également dans l'oeil de Martin qui a découvert en lui un athlète d'expérience qui ne se permet jamais un soir de congé.
Jaroslav Halak : Bob Gainey était prêt à s'en départir pour laisser toute la place à Carey Price. Il l'a offert aux Flyers en retour d'un choix de deuxième ronde. Ils ont jugé la facture trop élevée. S'ils avaient dit oui, le Canadien ne serait déjà plus dans la course pour une place dans les séries.
Glen Metropolit : On n'a jamais trop compris ce que Jacques Martin tentait de faire quand il a fait appel à ses services durant les supériorités numériques. Contre toute attente, Metropolit est devenu son arme secrète. Ses 10 buts durant les attaques massives représentent, et de loin, la meilleure production au sein de l'équipe.
Alex Kovalev : Quel coup de chance qu'il soit parti, quand on y pense. S'il était resté, on l'aurait peut-être nommé capitaine pour le rendre heureux et il aurait continué à ne jouer qu'un match sur trois en semant le mécontentement autour de lui. Il aurait représenté une note discordante dans un vestiaire où une bonne partie de l'ambiance a été changée grâce à l'arrivée de sept nouvelles figures.
Combien parmi ceux qui ont participé à une marche de protestation devant le Centre Bell à l'occasion de son départ seraient prêts à refaire le même geste?
Des décisions profitables
Dans le dernier droit de la saison, on a aussi pris des décisions qui permettent d'expliquer le climat positif qui règne dans l'équipe.
La première d'entre elles concerne Max Pacioretty qu'on a retourné à l'école de la Ligue américaine, probablement jusqu'à l'an prochain. Le jeune Américain n'était pas prêt pour la Ligue nationale et la présence à Montréal de ce nombril vert compliquait en quelque sorte certains plans de match de l'entraîneur. Le même commentaire s'applique pour Matt D'Agostini qu'on a finalement sorti de l'organisation.
Gainey a libéré Martin d'un poids plus lourd encore (sans jeu de mots) quand il a mis fin à l'association de George Laraque avec le Canadien. L'ex-directeur général a parlé de lui comme d'une distraction dans l'entourage de l'équipe et c'est ce qu'il était. Son embauche a été désastreuse, tant sur le plan hockey que financier.
Pour sa part, l'ajout de Dominic Moore s'est avéré heureux. Pierre Gauthier a payé un prix élevé pour l'obtenir (un choix de deuxième ronde), mais depuis son arrivée, il a été d'une grande utilité en donnant du corps et de la rapidité à un troisième trio.
Finalement, le Canadien a vraiment commencé à jouer avec confiance quand on a décidé de s'en remettre à Jaroslav Halak pour gagner. De toute évidence, les joueurs sont plus à l'aise avec Halak, un athlète sérieux qui s'est fait des amis dans le groupe en démontrant plus de sérieux à l'entraînement et à l'extérieur de la patinoire que son partenaire. Ce n'est donc pas une coïncidence s'ils jouent mieux quand il est là.
Les joueurs réalisent sans doute aussi que l'entraîneur, dans son désir de gagner, ne fera aucun favoritisme. Quitte à laisser un joueur de concession sur le banc. Ça soude une équipe une décision aussi ferme que celle-là.