Le coach a changé
Hockey mercredi, 16 janv. 2013. 09:53 vendredi, 13 déc. 2024. 05:41
Michel Therrien est beaucoup plus imagé dans ses points de presse.
Quand Marc Bergevin a arrêté son choix sur Michel Therrien, le successeur de Randy Cunneyworth a tout de suite mentionné qu'il sera un entraîneur différent de ce qu'on a vu de lui quand il est venu remplacer Alain Vigneault à quelques heures d'avis, il y a une douzaine d'années déjà.
De toute évidence, il a retenu quelque chose de son séjour de six ans dans l'organisation des Penguins de Pittsburgh et de son purgatoire des trois dernières années. Il est plus calme, plus sûr de lui, plus confiant en ses moyens. Sur la glace, il est à la fois éveillé et autoritaire. Il ne laisse rien passer. Dès qu'une situation de jeu n'est pas exécutée comme il le désire, il s'adresse immédiatement au joueur qui l'a ratée, peu importe qu'il s'agisse d'un jeune ou d'un vétéran. Mardi, on l'a vu s'adresser à Erik Cole après une exécution pas très réussie. Son langage non verbal était assez clair. Il a semblé lui dire: «Pas tout à fait comme ça, Erik. Il aurait plutôt fallu faire les choses de cette manière.» Il n'y avait pas d'agressivité, mais beaucoup de fermeté dans son intervention. Cole a approuvé d'un geste de la tête et on est passé à autre chose.
Dans ses points de presse, Therrien est beaucoup plus imagé qu'à l'occasion de sa première présence avec le Canadien. Ses remarques s'appuient sur du solide; elles sont plus généreuses. On peut comprendre qu'il se sente bien dans sa peau quand le prochain match sera le 463e de sa carrière dans la ligue. Il a dirigé Sidney Crosby et Evgeni Malkin. Il a mené à la finale de la coupe Stanley les jeunes loups des Penguins qui n'y étaient jamais allés jusque-là.
Même s'il dit ressentir plus d'excitation que de pression, il en a très lourd sur les épaules. À l'instar de son ami Bob Hartley à Calgary, d'Adam Oates à Washington et de Ralph Krueger à Edmonton, il n'a qu'une semaine devant lui pour se familiariser avec des joueurs qu'il connaît à peine. Son taux de difficulté est plus élevé que celui des trois autres parce que Montréal est un marché beaucoup plus scruté et exigeant, une ville de hockey où le rendement de l'entraîneur est analysé aussi intensément que celui des joueurs. Ajoutez à cela qu'il ne peut pas se permettre de rater son coup à son second tour de piste dans sa cour. Bref, il est condamné à ce que ça marche.
«J'ai une manière de faire les choses et j'ai confiance dans ma façon d'y arriver, dit-il. Un entraîneur aime toujours tenter de nouvelles expériences au fil des ans. Personnellement, je me suis amélioré au niveau stratégique, mais je dois aussi m'adapter aux joueurs dont je dispose. Je ne m'en cache pas, la situation n'est pas idéale, mais je ne me sers pas de ça comme excuse. Les joueurs sont déjà très au courant qu'aucune excuse ne sera acceptée dans ce vestiaire.»
Il a beaucoup appris chez les Penguins. Il a retenu des éléments qui vont lui servir, même s'il est assez évident que le talent global de son équipe ne peut pas être comparé à celui qu'il possédait à Pittsburgh.
«Par contre, ajoute-t-il, bâtir la fondation d'une équipe et savoir comment s'y prendre pour la diriger sont des éléments qui ne changent pas. À mon premier camp, j'étais nerveux. Cette fois, je suis excité. J'en suis peut-être à mon huitième ou neuvième camp d'entraînement. Je sais fort bien où je m'en vais.»
Therrien tient absolument à ce que son équipe parte du bon pied. Ils sont toutefois 30 entraîneurs à rêver d'un départ fructueux. Cependant, au risque de se répéter, il vit une situation totalement différente de celle de ses 29 homologues. On lui fait la grâce de diriger l'équipe de son enfance pour une seconde fois. Un directeur général recrue francophone a fait confiance à un homme de sa race pour l'épauler. Dans les circonstances, en plus de devoir gagner à tout prix, il est redevable envers Bergevin d'avoir mis fin à son statut de chômeur en lui redonnant l'équipe qu'il a toujours aimée. En plus de la pression habituelle, peut-être ressent-il l'obligation de ne pas le décevoir.
»Mon intention est d'asseoir l'équipe sur une base solide et de lui imposer une discipline ferme, souligne-t-il. Nous serons une formation axée sur le travail. C'est précisément ce que les gens attendent de nous. Ils savent que nous sommes en 15e place. Nous ne pouvions pas boucler la saison plus bas parce qu'il n'y a pas de 16e place. Les partisans désirent voir des athlètes porter ce chandail avec fierté. Chose certaine, les demi-mesures ne seront pas tolérées. Je ne les ai jamais acceptées dans le passé et ce n'est pas parce que j'ai quelques cheveux gris de plus que je vais changer.»
Messages générateurs d'espoir
Il y a une facette sur laquelle le Canadien peut difficilement être battu. Aucune autre organisation de la ligue ne l'approche sur le plan marketing. Faut bien être premier quelque part, n'est-ce pas?
Cette saison, sa nouvelle approche fait un lien entre le passé et l'avenir de l'organisation. «Lever le flambeau» est un slogan qui prendra tout son sens lors de la présentation du premier match, samedi. Il s'agit d'une allusion au fait que les joueurs auront la responsabilité de se refiler virtuellement le flambeau cette saison.
RDS, qui retransmet tous les matchs du Canadien et qui entretient l'intérêt des téléspectateurs grâce à des émissions diverses faisant appel à un nombre imposant de collaborateurs, y va pour sa part d'une promotion affublée du message suivant: «Porteurs d'espoir».
En se basant sur le passé d'une équipe qui a parfois connu des succès étonnants après être entrée en séries de toutes les façons imaginables, et en rappelant ce qui s'est passé le printemps dernier quand les Kings de Los Angeles sont partis de la huitième place pour mériter leur première coupe Stanley, le message laisse supposer que tous les espoirs sont permis. On est loin d'un engagement passé des Nordiques qui nous avait dit que «le meilleur était à venir», ce qui s'était avéré une fausse promesse, on s'en souvient.
Chose sûre, ils sont nombreux chez les fans du Canadien à se laisser bercer par les messages d'espoir. Depuis le temps qu'ils attendent une saison à la hauteur de leurs exigences. Même si le talent du Canadien ne suinte pas des murs du vestiaire, ils rêvent de voir l'équipe atteindre les séries dès cette saison. On ne brisera pas leur plaisir, mais il serait étonnant que l'équipe bondisse de la 15e à la huitième position, compte tenu du talent dont dispose Therrien et de la saison échevelée qui s'annonce.
Mais comme l'a déjà dit un ancien entraîneur, «l'avenir est dans le futur». On se sait jamais.
Subban va se faire mal
J'ai sursauté en entendant à la radio la toute dernière réclame publicitaire impliquant P.K. Subban. En gros, ça dit qu'il a signé son contrat. Une entente d'un an, avec une grande équipe, qui lui donne pleinement satisfaction. Et on identifie le concessionnaire automobile qui a retenu ses services.
Dans les circonstances, c'est carrément indécent. Pendant que ses coéquipiers sont au boulot, il leur envoie dans la face qu'il est occupé ailleurs. Après un lock-out de quatre mois, il se permet d'y ajouter une grève personnelle, tout cela parce qu'il est mécontent que son employeur lui propose de tripler son salaire. Subban est un très bon joueur, l'une des prochaines grandes vedettes du Canadien, mais ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on note que chez lui, le jugement vient en option. S'il ne revient pas très bientôt, son extrême popularité risque d'en souffrir.
J'espère que Marc Bergevin ne bougera pas d'un pouce si jamais l'équipe connaît un départ laborieux. Il en va de son autorité et de son leadership à la tête de l'organisation. Le hockey est allé en lock-out parce que les directeurs généraux ont perdu la tête en accordant de très mauvais contrats. Vous pouvez parier votre chemise que Bergevin ne sera pas le premier à recommencer ce triste manège. Par ailleurs, il faut souhaiter que partisans et membres des médias ne lui ordonnent pas d'accorder à Subban ce qu'il exige quand les choses iront mal.
Quand Subban reprendra sa place dans la formation, la fermeté de Michel Therrien sera testée elle aussi. Les 22 autres joueurs observeront l'attitude qu'il adoptera avec son cheval fou. Il s'agira peut-être de son test le plus sérieux, une très belle occasion d'imposer la discipline qu'il prône. Si je crois bien connaître Therrien, j'oserais dire que le «show Subban» dans le vestiaire est maintenant terminé.
Après des années d'improvisation, c'est le temps que le Canadien soit administré et dirigé comme devrait l'être l'entreprise la plus en vue au Québec.
De toute évidence, il a retenu quelque chose de son séjour de six ans dans l'organisation des Penguins de Pittsburgh et de son purgatoire des trois dernières années. Il est plus calme, plus sûr de lui, plus confiant en ses moyens. Sur la glace, il est à la fois éveillé et autoritaire. Il ne laisse rien passer. Dès qu'une situation de jeu n'est pas exécutée comme il le désire, il s'adresse immédiatement au joueur qui l'a ratée, peu importe qu'il s'agisse d'un jeune ou d'un vétéran. Mardi, on l'a vu s'adresser à Erik Cole après une exécution pas très réussie. Son langage non verbal était assez clair. Il a semblé lui dire: «Pas tout à fait comme ça, Erik. Il aurait plutôt fallu faire les choses de cette manière.» Il n'y avait pas d'agressivité, mais beaucoup de fermeté dans son intervention. Cole a approuvé d'un geste de la tête et on est passé à autre chose.
Dans ses points de presse, Therrien est beaucoup plus imagé qu'à l'occasion de sa première présence avec le Canadien. Ses remarques s'appuient sur du solide; elles sont plus généreuses. On peut comprendre qu'il se sente bien dans sa peau quand le prochain match sera le 463e de sa carrière dans la ligue. Il a dirigé Sidney Crosby et Evgeni Malkin. Il a mené à la finale de la coupe Stanley les jeunes loups des Penguins qui n'y étaient jamais allés jusque-là.
Même s'il dit ressentir plus d'excitation que de pression, il en a très lourd sur les épaules. À l'instar de son ami Bob Hartley à Calgary, d'Adam Oates à Washington et de Ralph Krueger à Edmonton, il n'a qu'une semaine devant lui pour se familiariser avec des joueurs qu'il connaît à peine. Son taux de difficulté est plus élevé que celui des trois autres parce que Montréal est un marché beaucoup plus scruté et exigeant, une ville de hockey où le rendement de l'entraîneur est analysé aussi intensément que celui des joueurs. Ajoutez à cela qu'il ne peut pas se permettre de rater son coup à son second tour de piste dans sa cour. Bref, il est condamné à ce que ça marche.
«J'ai une manière de faire les choses et j'ai confiance dans ma façon d'y arriver, dit-il. Un entraîneur aime toujours tenter de nouvelles expériences au fil des ans. Personnellement, je me suis amélioré au niveau stratégique, mais je dois aussi m'adapter aux joueurs dont je dispose. Je ne m'en cache pas, la situation n'est pas idéale, mais je ne me sers pas de ça comme excuse. Les joueurs sont déjà très au courant qu'aucune excuse ne sera acceptée dans ce vestiaire.»
Il a beaucoup appris chez les Penguins. Il a retenu des éléments qui vont lui servir, même s'il est assez évident que le talent global de son équipe ne peut pas être comparé à celui qu'il possédait à Pittsburgh.
«Par contre, ajoute-t-il, bâtir la fondation d'une équipe et savoir comment s'y prendre pour la diriger sont des éléments qui ne changent pas. À mon premier camp, j'étais nerveux. Cette fois, je suis excité. J'en suis peut-être à mon huitième ou neuvième camp d'entraînement. Je sais fort bien où je m'en vais.»
Therrien tient absolument à ce que son équipe parte du bon pied. Ils sont toutefois 30 entraîneurs à rêver d'un départ fructueux. Cependant, au risque de se répéter, il vit une situation totalement différente de celle de ses 29 homologues. On lui fait la grâce de diriger l'équipe de son enfance pour une seconde fois. Un directeur général recrue francophone a fait confiance à un homme de sa race pour l'épauler. Dans les circonstances, en plus de devoir gagner à tout prix, il est redevable envers Bergevin d'avoir mis fin à son statut de chômeur en lui redonnant l'équipe qu'il a toujours aimée. En plus de la pression habituelle, peut-être ressent-il l'obligation de ne pas le décevoir.
»Mon intention est d'asseoir l'équipe sur une base solide et de lui imposer une discipline ferme, souligne-t-il. Nous serons une formation axée sur le travail. C'est précisément ce que les gens attendent de nous. Ils savent que nous sommes en 15e place. Nous ne pouvions pas boucler la saison plus bas parce qu'il n'y a pas de 16e place. Les partisans désirent voir des athlètes porter ce chandail avec fierté. Chose certaine, les demi-mesures ne seront pas tolérées. Je ne les ai jamais acceptées dans le passé et ce n'est pas parce que j'ai quelques cheveux gris de plus que je vais changer.»
Messages générateurs d'espoir
Il y a une facette sur laquelle le Canadien peut difficilement être battu. Aucune autre organisation de la ligue ne l'approche sur le plan marketing. Faut bien être premier quelque part, n'est-ce pas?
Cette saison, sa nouvelle approche fait un lien entre le passé et l'avenir de l'organisation. «Lever le flambeau» est un slogan qui prendra tout son sens lors de la présentation du premier match, samedi. Il s'agit d'une allusion au fait que les joueurs auront la responsabilité de se refiler virtuellement le flambeau cette saison.
RDS, qui retransmet tous les matchs du Canadien et qui entretient l'intérêt des téléspectateurs grâce à des émissions diverses faisant appel à un nombre imposant de collaborateurs, y va pour sa part d'une promotion affublée du message suivant: «Porteurs d'espoir».
En se basant sur le passé d'une équipe qui a parfois connu des succès étonnants après être entrée en séries de toutes les façons imaginables, et en rappelant ce qui s'est passé le printemps dernier quand les Kings de Los Angeles sont partis de la huitième place pour mériter leur première coupe Stanley, le message laisse supposer que tous les espoirs sont permis. On est loin d'un engagement passé des Nordiques qui nous avait dit que «le meilleur était à venir», ce qui s'était avéré une fausse promesse, on s'en souvient.
Chose sûre, ils sont nombreux chez les fans du Canadien à se laisser bercer par les messages d'espoir. Depuis le temps qu'ils attendent une saison à la hauteur de leurs exigences. Même si le talent du Canadien ne suinte pas des murs du vestiaire, ils rêvent de voir l'équipe atteindre les séries dès cette saison. On ne brisera pas leur plaisir, mais il serait étonnant que l'équipe bondisse de la 15e à la huitième position, compte tenu du talent dont dispose Therrien et de la saison échevelée qui s'annonce.
Mais comme l'a déjà dit un ancien entraîneur, «l'avenir est dans le futur». On se sait jamais.
Subban va se faire mal
J'ai sursauté en entendant à la radio la toute dernière réclame publicitaire impliquant P.K. Subban. En gros, ça dit qu'il a signé son contrat. Une entente d'un an, avec une grande équipe, qui lui donne pleinement satisfaction. Et on identifie le concessionnaire automobile qui a retenu ses services.
Dans les circonstances, c'est carrément indécent. Pendant que ses coéquipiers sont au boulot, il leur envoie dans la face qu'il est occupé ailleurs. Après un lock-out de quatre mois, il se permet d'y ajouter une grève personnelle, tout cela parce qu'il est mécontent que son employeur lui propose de tripler son salaire. Subban est un très bon joueur, l'une des prochaines grandes vedettes du Canadien, mais ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on note que chez lui, le jugement vient en option. S'il ne revient pas très bientôt, son extrême popularité risque d'en souffrir.
J'espère que Marc Bergevin ne bougera pas d'un pouce si jamais l'équipe connaît un départ laborieux. Il en va de son autorité et de son leadership à la tête de l'organisation. Le hockey est allé en lock-out parce que les directeurs généraux ont perdu la tête en accordant de très mauvais contrats. Vous pouvez parier votre chemise que Bergevin ne sera pas le premier à recommencer ce triste manège. Par ailleurs, il faut souhaiter que partisans et membres des médias ne lui ordonnent pas d'accorder à Subban ce qu'il exige quand les choses iront mal.
Quand Subban reprendra sa place dans la formation, la fermeté de Michel Therrien sera testée elle aussi. Les 22 autres joueurs observeront l'attitude qu'il adoptera avec son cheval fou. Il s'agira peut-être de son test le plus sérieux, une très belle occasion d'imposer la discipline qu'il prône. Si je crois bien connaître Therrien, j'oserais dire que le «show Subban» dans le vestiaire est maintenant terminé.
Après des années d'improvisation, c'est le temps que le Canadien soit administré et dirigé comme devrait l'être l'entreprise la plus en vue au Québec.