Dans cette victoire impressionnante du Canadien, j'ai surtout apprécié que les joueurs aient respecté à la lettre le système de leur équipe face aux Rangers de New York.

Personne n'a douté du talent de cette formation lors des critiques des dernières semaines. Cette belle démonstration face aux Rangers a prouvé à quel point le Tricolore est dangereux quand il joue avec autant de passion.

C'était facile de remarquer que l'équipe était heureuse d'avoir eu le dessus sur un adversaire coriace. D'ailleurs, tous les joueurs étaient joyeux au terme de la partie et ils ne se sont pas gênés pour taquiner Carey Price.

J'admets que le Canadien encaisse parfois des critiques dans la victoire. Mais, à mon avis, ces critiques viennent surtout du fait que les analystes demandent à ces joueurs si talentueux de toujours jouer avec cette passion et cet enthousiasme. Avec un tel ardeur, ils ont été en mesure de mériter trois victoires consécutives.

En y songeant, ça devient plutôt inévitable d'identifier l'arrivée de Matt D'Agostini comme l'élément déclencheur. Le rappel d'un joueur produit souvent des étincelles comparables et D'Agostini ajoute une nouvelle dimension. Il ne faut pas remonter très loin pour se souvenir d'un impact semblable créé par Sergei Kostitsyn l'an dernier.

D'Agostini mérite beaucoup de crédit puisqu'il a produit dès son arrivée ce qui a donné un coup de pouce apprécié.

Inévitablement, le nouveau numéro 36 du Canadien se retrouve en compétition avec Sergei et Guillaume Latendresse. Mais j'y pense, je devrais plutôt dire que Sergei et Guillaume se retrouvent en compétition avec lui!

À ce moment, ça demeure difficile de comparer ces trois joueurs car on découvre graduellement tout le potentiel de D'Agostini qui a payé le prix de se développer dans les mineures. De plus, il n'a pas été scruté à la loupe lors du dernier camp d'entraînement puisque Max Pacioretty a presque retenu toute l'attention. Depuis son entrée dans la formation du Tricolore, il se débrouille très bien avec les professionnels. Il est encore trop tôt pour s'emballer puisque trois matchs ne font pas une saison. Toutefois, il prouve qu'il mise sur plusieurs cartes intéressantes dans son jeu pour demeurer avec le « grand club ».

Ceci dit, cette situation demeure un problème heureux à gérer pour une équipe.

Dans cette équation à trois joueurs, Guillaume a un talent fou et je suis convaincu qu'il se replacera. Pour y arriver, il doit comprendre précisément quel est son rôle avec le Tricolore.

Plus tôt cette semaine, Latendresse y est allé d'une déclaration qui m'a surprise sur le coup. Au sujet d'un entretien entre Guy Carbonneau, Sergei et lui, il a déclaré qu'il ne se sentait pas toujours concerné par la discussion et que les critiques ne s'adressaient pas toutes à lui. Mais après mûre réflexion, je vois plutôt ce commentaire comme une petite erreur de parcours en raison de son jeune âge. Il traverse des moments de questionnement et on ne peut pas lui en vouloir pour ça. Comme n'importe quel athlète, il désire jouer et il se cherche légèrement ces temps-ci.

Je comprends tellement Carbonneau

À la suite des critiques des dernières semaines, Carbonneau n'a pas hésité à avouer qu'il est souvent renversé par toute l'attention accordée à son équipe dans les médias montréalais.

Je peux vous assurer que je comprends très bien comment Carbo a pu se sentir. Il a d'ailleurs déclaré qu'il savait maintenant ce que ses prédecesseurs ont vécu.

Je suis passé par de telles émotions et je n'appréciais pas du tout que les journalistes questionnent mes trios. Mais c'est inévitable et on apprend à vivre avec cette réalité qui accompagne le métier d'entraîneur du Canadien.

Tout le monde sait que quand l'équipe gagne, il n'y a rien de plus beau au Québec et que lorsque l'équipe perd, le moindre détail est remis en question.

Malgré tout, je n'arrêtais pas pour autant de regarder la télévision ou lire les journaux durant les périodes plus difficiles. Toutefois, j'avoue que je me fâchais en écoutant les commentaires à la radio et à la télévision, mais je revenais au bureau de bonne humeur le lendemain matin.

Le cas Avery

Six matchs, voilà la peine imposée à Sean Avery pour sa dernière déclaration irrespectueuse. Mais je suis convaincu que cette sentence vise aussi à le punir pour toutes ses autres inconduites du passé. Avery a un comportement inacceptable pour n'importe quel athlète ou être humain.

Il a osé se servir des médias pour sa propre publicité et il a vraiment dépassé les bornes. C'est clair que la LNH en a marre de ce spécimen détestable et ses coéquipiers ne veulent plus le voir dans leur vestiaire. En fait, même l'équipe de la Ligue américaine associée aux Stars de Dallas ne veut pas l'accueillir…

Mettons les choses au clair, il y a des centaines de commentaires déplorables qui se disent sur la patinoire. J'en ai entendu de toutes les couleurs au cours de ma carrière et j'ai même entendu pire que les propos d'Avery. Cependant, quand tu y vas de telles déclarations devant une caméra et que tu t'attaques à une jeune dame, les conséquences doivent être lourdes. Il mérite tout le négatif qui lui arrive et je doute fortement qu'il déniche une nouvelle organisation pour l'accueillir.

Malheureusement, il gaspille un talent qui pourrait aider plusieurs équipes. Mais son parcours prouve qu'il a surtout tendance à nuire à son équipe. Encore aujourd'hui je n'ai pas accepté ce qu'il a fait à Martin Brodeur en le dérangeant de façon ridicule. Je me dis simplement que s'il n'a pas de respect pour des personnes comme Brodeur ou Elisha Cuthbert, c'est qu'il ne respecte pas beaucoup de personnes dans la vie.

*Propos recueillis par Éric Leblanc