Ça continue de bouger chez les Penguins. Moins de deux semaines après avoir congédié Michel Therrien, notre directeur général Ray Shero a effectué une transaction majeure en envoyant Ray Whitney à Anaheim en retour de Chris Kunitz et d'un espoir.

Je mentirais si je disais que cette nouvelle m'a prise par surprise. On voyait bien qu'on avait un surplus de défenseurs et c'est le nom de Ryan qui était au cœur de la majorité des rumeurs.

Même quand on s'en attend un peu, on n'est jamais préparé à perdre un coéquipier et un ami. Ça faisait cinq ans que je jouais avec Ryan. On s'était connu à Wilkes-Barre, dans la Ligue américaine, lors de la saison du lock-out. Je suis donc un peu déçu de le voir quitter.

La transaction peut quand même en être difficile à comprendre pour certains parce que depuis le début de la saison, on imputait une grande partie de nos difficultés sur l'absence de Ryan et Sergei Gonchar à la ligne bleue. Sauf que depuis qu'il est revenu au jeu, Ryan n'affichait pas les statistiques auxquelles il nous avait habitués.

Je ne dis pas que c'est ce qui a convaincu la direction des Penguins de l'échanger, mais il n'avait quand même que deux buts et un différentiel de moins-15 en 28 matchs. Et je vous assure que ce n'est pas parce qu'il est revenu trop vite de sa blessure. Au contraire, Ryan a vraiment pris son temps pour être certain que son pied était à 100% avant de revenir. Mais je crois que c'est une autre preuve qu'il est assez difficile de débuter sa saison aussi tard, alors que tout le monde a atteint sa vitesse de croisière.

Et quand on pense à la réalité du plafond salarial et qu'on regarde les jeunes comme Kristopher Letang et Alex Goligoski qui attendent leur tour, la décision des Penguins est de plus en plus justifiable.

Ryan va nous manquer. Il est un excellent défenseur offensif et je suis convaincu qu'il va aider les Ducks.

En Chris Kunitz, ne pensez pas qu'on a fait l'acquisition d'un joueur de finesse. Le gars est effectivement bourré de talent, mais d'après ce que j'ai entendu à son sujet, il a aussi beaucoup de chien dans le nez. En fait, vous serez peut-être surpris d'apprendre qu'il était le meneur des Ducks au chapitre des mises en échec. On comprend donc qu'il n'est pas un joueur unidimensionnel qui, comme moi, est seulement reconnu pour ses bonnes mains!

Plusieurs joueurs ont posé des questions à Petr Sykora, qui a connu Kunitz lors de son passage à Anaheim. Il nous l'a décrit comme un joueur qui n'a pas froid aux yeux, qui n'hésite pas à foncer au filet et qui apporte beaucoup d'intensité. Une chose est sûre, j'ai bien hâte de le voir à l'œuvre vendredi soir à Chicago.

Plusieurs observateurs croient que notre problème depuis le début de l'année, c'est qu'on n'a été incapable de trouver un ailier adéquat à Sidney Crosby. Je ne crois pas qu'on puisse comparer Kunitz à Marian Hossa, mais peu importe. C'est certain que notre nouveau venu va être d'une aide précieuse sur une de nos deux premières lignes d'attaque.

Personne n'est à l'abri

Un joueur comme moi peut tirer une certaine leçon d'une transaction comme celle-là.

En effet, Whitney et Kunitz ont, comme moi, des contrats à long terme en poche et ça ne les a pas empêchés de changer d'adresse. Ça me fait dire que même si j'ai récemment signé une prolongation de contrat.

C'est vrai que certains joueurs possèdent des clauses de non-échange mais reste que dans le hockey d'aujourd'hui, personne n'est à l'abri d'une transaction. Ça peut arriver n'importe quand et quand je vois un gars qui était encore rattaché aux Penguins pour les quatre prochaines années faire ses valises, c'est certain que ça me fait réfléchir.

Il reste un peu moins d'une semaine d'ici l'heure limite pour effectuer des transactions. Les gars sont peut-être un peu plus nerveux que d'habitude, mais en même temps, on sait que ça fait partie du métier et que c'est le genre de chose avec lesquelles il faut être prêt à vivre.

Personnellement, c'est officiel que je ne souhaite pas un échange, mais si ça arrive, je vais me retourner de bord et essayer d'aider l'équipe qui est allée me chercher. Je ne suis pas vraiment stressé avec ça. Je suis le genre de gars qui se dit que si c'est dû pour arriver, ça arrivera...

J'ai quand même perdu plusieurs coéquipiers au fil des ans, mais le départ de mes amis n'a en rien affecté mon sentiment d'appartenance envers les Penguins. Je suis autant, sinon plus, attaché à cette équipe et à la ville de Pittsburgh qu'à mes débuts. Il y a ici un gros noyaux de joueurs qui me suivent depuis mon entrée dans la LNH : Marc-André Fleury, Scuderi, Sidney, Staal, Malkin, Gonchar... Avec ces gars-là à mes côtés, mon cœur est 100% à Pittsburgh.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.