Le destin des Penguins
Hockey mercredi, 14 déc. 2011. 10:47 mercredi, 11 déc. 2024. 16:52
On n'aime tellement pas ce qu'on voit et ce qu'on entend en provenance de Pittsburgh. Faut-il s'inquiéter de ce qui attend Sidney Crosby dans l'avenir? Très certainement.
Les conséquences de sa sévère commotion cérébrale sont inquiétantes pour Crosby et sa famille. D'un côté plus terre-à-terre, elles sont terrifiantes pour les Penguins, pour le hockey et pour tous ceux qui sont attachés à ce sport.
Personne ne peut actuellement offrir un diagnostic précis sur les maux de tête qui reviennent le hanter à la suite de quelques mises en échec qu'il a récemment encaissées et qui auraient été sans dommage s'il s'était totalement remis de la commotion qu'il a subie et qui l'a gardé hors du jeu durant près de 11 mois.
Pourtant, il avait fait tout ce qui avait été humainement possible de faire pour s'assurer d'une guérison totale et entière. Il avait consulté les plus grands spécialistes. Il s'était soumis aux traitements les plus sophistiqués, mais surtout, il y avait mis le temps. Énormément de temps. Quand on sait que Crosby meurt à petit feu chaque fois qu'il doit s'absenter du jeu, il avait été forcé de regarder jouer ses coéquipiers durant 73 matchs consécutifs, séries éliminatoires, parties hors concours et calendrier régulier inclus. Il avait passé plus de 300 jours à s'inquiéter de sa santé, tout en se demandant s'il allait pouvoir redevenir le joueur qu'il était. L'enfer, sur le plan émotif.
Peut-on seulement imaginer les idées noires qui le hantent en ce moment? Il a été frappé durement durant sa carrière. On l'a rudoyé sans qu'il en ressente le moindre effet. Cette fois, il est entré en collision avec un coéquipier au centre de la patinoire et ça fait «kaboom» dans sa tête. Un peu plus tard dans le même match, il a absorbé une mise en échec anodine le long de la rampe. Il a perdu légèrement l'équilibre et son casque a touché la bande. Et ça fait «kaboom» une nouvelle fois.
Crosby se doute bien qu'il devra se soumettre à une autre attente interminable. Une attente qui le mènera où cette fois? Sur un deuxième retour au jeu désastreux pour sa santé ou sur une fin de carrière prématurée?
De la façon dont les choses se déroulent, il ne faudrait pas s'étonner qu'on assiste à la conclusion la plus dramatique dans l'histoire de la Ligue nationale car jamais un joueur jouissant du statut de numéro un dans le hockey n'a vu sa carrière se terminer à 24 ans.
Si c'était le cas, il s'agirait d'un drame humain comme les Penguins en ont déjà vécus dans leur histoire. Cette organisation semble marquée par le destin. Chaque fois que le malheur est apparu dans son vestiaire, les joueurs frappés avaient le talent pour écrire un grand pan de l'histoire de cette organisation. C'est d'abord arrivé à Michel Brière, puis à Mario Lemieux et maintenant à Sidney Crosby.
Michel Brière tué sur la route
Les Penguins sont devenus une formation de l'expansion en 1967. Michel Brière, un petit joueur de cinq pieds, 10 pouces et de 165 livres, a été repêché deux ans plus tard après une récolte impressionnante de 320 points en 100 matchs à Shawinigan, dans la Ligue junior majeure du Québec. Brière a marqué à ce point la ligue qu'elle remet annuellement le trophée Michel-Brière au joueur le plus utile à son équipe, ce qui est l'équivalent du trophée Hart dans la Ligue nationale.
Brière avait tout de suite mérité un poste avec les Penguins, ce qui, à l'époque, était un rare exploit pour une recrue sortie directement des rangs juniors. Il avait bouclé son unique saison dans la Ligue nationale au troisième rang des marqueurs des Penguins, à 20 ans. On était convaincu d'avoir sous les yeux la première superstar de cette jeune formation.
Sa première saison terminée, il était rentré chez lui à Malartic pour y préparer son mariage et sceller une relation amoureuse qui leur avait donné, sa compagne et lui, un fils qui avait déjà un an. Ils avaient prévu se marier le 6 juin. Le 15 mai, Brière avait été impliqué dans un accident de la route. Éjecté du véhicule, il avait subi de graves blessures au cerveau.
Il avait sombré dans un coma qui avait duré sept semaines. Il était finalement décédé 11 mois plus tard après quatre opérations majeures qui n'étaient pas parvenues à le soulager.
La population de la petite communauté de Malartic avait encaissé un double choc à la suite de cet accident car l'ambulance, qui filait à vive allure vers l'hôpital de Val-d'Or avec Brière à bord, avait heurté à mort un cycliste âgé de 18 ans, un ami de Brière.
Aucun autre joueur des Penguins n'a porté le numéro 21 depuis son décès. D'ailleurs, seuls les dossards 21 et 66 ont été retirés par les Penguins. Dans la grande histoire du sport à Piitsburgh, deux athlètes adulés ont connu un destin tragique après avoir porté le numéro 21: Roberto Clemente, membre du Panthéon de la Renommée du baseball, et Brière. Clemente, lui, a perdu la vie dans l'écrasement d'un avion.
Les malchances de Mario Lemieux
Les épreuves qui ont perturbé la brillante carrière de Lemieux sont bien documentées. N'eut été de son douloureux parcours, Ville-Émard aurait peut-être produit le plus grand joueur dans l'histoire du hockey.
Lemieux a été aussi malchanceux que brillant durant une carrière extraordinaire maintes fois interrompue par les blessures et la maladie. Ses vrais problèmes ont commencé en 1990-91 quand des maux de dos ont limité sa saison à 26 parties. Il est toutefois retourné au jeu durant les séries pour amasser 44 points, ce qui lui a permis de mériter le trophée Conn Smythe et de célébrer une première coupe Stanley.
En janvier 1993, la maladie de Hodgkin, une forme de cancer, l'a frappé sans le moindre avertissement, laissant le monde du hockey stupéfait. Après des traitements de radiothérapie, il a néanmoins effectué un retour miracle deux mois plus tard. Contre toute attente, il est parvenu à remporter le championnat des marqueurs et le trophée Hart. Rebondir d'un cancer d'une façon aussi spectaculaire a été un exploit sans commune mesure.
Malheureusement, la fatigue attribuable à son cancer et des problèmes récurrents au dos l'ont forcé à annoncer sa retraite en 1994. Il est néanmoins revenu un an plus tard pour boucler sa saison avec une production de 161 points et un autre duo de trophées, le Art Ross et le Hart.
A la suite d'une autre retraite, qui semblait définitive celle-là, tout le monde se souvient de son émouvant retour après trois saisons d'absence? Lemieux a ajouté trois saisons à sa carrière avant de mettre un terme définitif à tout ça après une inquiétante attaque d'arythmie cardiaque.
Tous ces problèmes de santé majeurs ont empêché Lemieux de talonner Wayne Gretzky dans la poursuite de divers records. Qui sait, peut-être ont-ils privé les Penguins d'une coupe Stanley ou deux?
Actuellement, il est permis de se demander si les Penguins ne seront pas frappés par un autre mauvais coup du sort. Sydney Crosby sera-t-il la prochaine vedette de l'équipe à inscrire son nom en grosses lettres dans une histoire au destin tragique?
Les conséquences de sa sévère commotion cérébrale sont inquiétantes pour Crosby et sa famille. D'un côté plus terre-à-terre, elles sont terrifiantes pour les Penguins, pour le hockey et pour tous ceux qui sont attachés à ce sport.
Personne ne peut actuellement offrir un diagnostic précis sur les maux de tête qui reviennent le hanter à la suite de quelques mises en échec qu'il a récemment encaissées et qui auraient été sans dommage s'il s'était totalement remis de la commotion qu'il a subie et qui l'a gardé hors du jeu durant près de 11 mois.
Pourtant, il avait fait tout ce qui avait été humainement possible de faire pour s'assurer d'une guérison totale et entière. Il avait consulté les plus grands spécialistes. Il s'était soumis aux traitements les plus sophistiqués, mais surtout, il y avait mis le temps. Énormément de temps. Quand on sait que Crosby meurt à petit feu chaque fois qu'il doit s'absenter du jeu, il avait été forcé de regarder jouer ses coéquipiers durant 73 matchs consécutifs, séries éliminatoires, parties hors concours et calendrier régulier inclus. Il avait passé plus de 300 jours à s'inquiéter de sa santé, tout en se demandant s'il allait pouvoir redevenir le joueur qu'il était. L'enfer, sur le plan émotif.
Peut-on seulement imaginer les idées noires qui le hantent en ce moment? Il a été frappé durement durant sa carrière. On l'a rudoyé sans qu'il en ressente le moindre effet. Cette fois, il est entré en collision avec un coéquipier au centre de la patinoire et ça fait «kaboom» dans sa tête. Un peu plus tard dans le même match, il a absorbé une mise en échec anodine le long de la rampe. Il a perdu légèrement l'équilibre et son casque a touché la bande. Et ça fait «kaboom» une nouvelle fois.
Crosby se doute bien qu'il devra se soumettre à une autre attente interminable. Une attente qui le mènera où cette fois? Sur un deuxième retour au jeu désastreux pour sa santé ou sur une fin de carrière prématurée?
De la façon dont les choses se déroulent, il ne faudrait pas s'étonner qu'on assiste à la conclusion la plus dramatique dans l'histoire de la Ligue nationale car jamais un joueur jouissant du statut de numéro un dans le hockey n'a vu sa carrière se terminer à 24 ans.
Si c'était le cas, il s'agirait d'un drame humain comme les Penguins en ont déjà vécus dans leur histoire. Cette organisation semble marquée par le destin. Chaque fois que le malheur est apparu dans son vestiaire, les joueurs frappés avaient le talent pour écrire un grand pan de l'histoire de cette organisation. C'est d'abord arrivé à Michel Brière, puis à Mario Lemieux et maintenant à Sidney Crosby.
Michel Brière tué sur la route
Les Penguins sont devenus une formation de l'expansion en 1967. Michel Brière, un petit joueur de cinq pieds, 10 pouces et de 165 livres, a été repêché deux ans plus tard après une récolte impressionnante de 320 points en 100 matchs à Shawinigan, dans la Ligue junior majeure du Québec. Brière a marqué à ce point la ligue qu'elle remet annuellement le trophée Michel-Brière au joueur le plus utile à son équipe, ce qui est l'équivalent du trophée Hart dans la Ligue nationale.
Brière avait tout de suite mérité un poste avec les Penguins, ce qui, à l'époque, était un rare exploit pour une recrue sortie directement des rangs juniors. Il avait bouclé son unique saison dans la Ligue nationale au troisième rang des marqueurs des Penguins, à 20 ans. On était convaincu d'avoir sous les yeux la première superstar de cette jeune formation.
Sa première saison terminée, il était rentré chez lui à Malartic pour y préparer son mariage et sceller une relation amoureuse qui leur avait donné, sa compagne et lui, un fils qui avait déjà un an. Ils avaient prévu se marier le 6 juin. Le 15 mai, Brière avait été impliqué dans un accident de la route. Éjecté du véhicule, il avait subi de graves blessures au cerveau.
Il avait sombré dans un coma qui avait duré sept semaines. Il était finalement décédé 11 mois plus tard après quatre opérations majeures qui n'étaient pas parvenues à le soulager.
La population de la petite communauté de Malartic avait encaissé un double choc à la suite de cet accident car l'ambulance, qui filait à vive allure vers l'hôpital de Val-d'Or avec Brière à bord, avait heurté à mort un cycliste âgé de 18 ans, un ami de Brière.
Aucun autre joueur des Penguins n'a porté le numéro 21 depuis son décès. D'ailleurs, seuls les dossards 21 et 66 ont été retirés par les Penguins. Dans la grande histoire du sport à Piitsburgh, deux athlètes adulés ont connu un destin tragique après avoir porté le numéro 21: Roberto Clemente, membre du Panthéon de la Renommée du baseball, et Brière. Clemente, lui, a perdu la vie dans l'écrasement d'un avion.
Les malchances de Mario Lemieux
Les épreuves qui ont perturbé la brillante carrière de Lemieux sont bien documentées. N'eut été de son douloureux parcours, Ville-Émard aurait peut-être produit le plus grand joueur dans l'histoire du hockey.
Lemieux a été aussi malchanceux que brillant durant une carrière extraordinaire maintes fois interrompue par les blessures et la maladie. Ses vrais problèmes ont commencé en 1990-91 quand des maux de dos ont limité sa saison à 26 parties. Il est toutefois retourné au jeu durant les séries pour amasser 44 points, ce qui lui a permis de mériter le trophée Conn Smythe et de célébrer une première coupe Stanley.
En janvier 1993, la maladie de Hodgkin, une forme de cancer, l'a frappé sans le moindre avertissement, laissant le monde du hockey stupéfait. Après des traitements de radiothérapie, il a néanmoins effectué un retour miracle deux mois plus tard. Contre toute attente, il est parvenu à remporter le championnat des marqueurs et le trophée Hart. Rebondir d'un cancer d'une façon aussi spectaculaire a été un exploit sans commune mesure.
Malheureusement, la fatigue attribuable à son cancer et des problèmes récurrents au dos l'ont forcé à annoncer sa retraite en 1994. Il est néanmoins revenu un an plus tard pour boucler sa saison avec une production de 161 points et un autre duo de trophées, le Art Ross et le Hart.
A la suite d'une autre retraite, qui semblait définitive celle-là, tout le monde se souvient de son émouvant retour après trois saisons d'absence? Lemieux a ajouté trois saisons à sa carrière avant de mettre un terme définitif à tout ça après une inquiétante attaque d'arythmie cardiaque.
Tous ces problèmes de santé majeurs ont empêché Lemieux de talonner Wayne Gretzky dans la poursuite de divers records. Qui sait, peut-être ont-ils privé les Penguins d'une coupe Stanley ou deux?
Actuellement, il est permis de se demander si les Penguins ne seront pas frappés par un autre mauvais coup du sort. Sydney Crosby sera-t-il la prochaine vedette de l'équipe à inscrire son nom en grosses lettres dans une histoire au destin tragique?