MONTREAL - Depuis son entrée en fonction il y a 16 ans, le commissaire Gary Bettman n'a jamais démontré beaucoup de hâte à se pencher sur le dossier, mais il semble maintenant afficher un peu plus d'ouverture, au point de se dire prêt à évaluer le rôle des bagarres au hockey.

"Nous aurons de franches discussions à ce sujet", a annoncé Bettman à l'issue d'une rencontre du Bureau des gouverneurs samedi.

"Nous n'aurons pas de réactions émotives et instinctives. Nous allons devoir étudier certains éléments de ce dossier avant d'effectuer des changements - si nous décidons d'effectuer des changements. Je ne crois pas qu'il y ait un désir d'abolir les bagarres au hockey... mais je pense que nous allons devoir nous pencher, comme je l'ai mentionné aux gouverneurs, sur les règles entourant le déclenchement des bagarres."

La position de Bettman sur ce sujet est plus pondérée qu'elle ne l'a jamais été dans le passé, mais elle colle à l'état d'esprit qui semble régner parmi l'ensemble des décideurs.

Même Brian Burke, l'un des plus grands défenseurs des bagarres au hockey, croit que des changements seront apportés.

"Nous allons probablement devoir évaluer ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas", a confié le directeur général des Maple Leafs de Toronto.

Ce n'est qu'en mars, lors de la prochaine réunion des directeurs généraux de la LNH, que le sujet sera de nouveau débattu. D'ici là, la LNH recueillera des données afin de déterminer s'il existe des tendances négatives associées aux bagarres, et qui peuvent être modifiées grâce à un changement dans les règlements.

"Je crois que la plupart de nos amateurs apprécient cet aspect du jeu", a affirmé Bettman.

Malgré cela, l'idée de réglementer les bagarres fait de plus en plus d'adeptes. Déjà en mars 2007, Colin Campbell, le préfet de discipline de la LNH, avait fait les manchettes en ne faisant que suggérer que le temps était peut-être venu de "se questionner" sur la pertinence des bagarres au hockey.

Dorénavant, on risque de faire bien plus que seulement "se questionner".

"Les dossiers importants, ceux qui inquiètent les gens, méritent toujours que l'on s'y attarde", a rappelé le commissaire, tout en notant qu'un changement dans les règlements nécessitait un vote majoritaire et que ce "sujet qui ne faisait pas l'unanimité".

Il semble par ailleurs qu'une majorité de joueurs soit favorable au maintien des bagarres.

"Je crois que ça aide à maintenir un contrôle sur certains types de gestes", soutient Jarome Iginla.

"Vous êtes beaucoup plus responsable de vos actions, et en sachant que vous courez le risque de devoir vous battre, vous serez moins portés à donner des coups salauds et des coups de bâton", a précisé le capitaine des Flames de Calgary.

Ce mouvement pour un changement dans la réglementation des bagarres a pris naissance après le récent décès de Don Sanderson, un joueur d'une ligue senior en Ontario, à la suite d'une bagarre. Le dossier est revenu à l'avant-plan vendredi soir lorsque Garrett Klotz, des Phantoms de Philadelphie de la Ligue américaine, a été victime de convulsions à la suite d'un violent combat avec Kevin Westgarth, des Monarchs de Manchester.

Transporté hors de la glace sur une civière, Klotz a obtenu son congé de l'hôpital samedi matin et ne devrait pas subir de conséquences de cette bagarre, qui est survenu dès le début de la rencontre.

La Ligue de hockey junior de l'Ontario a déjà pris des mesures pour réglementer les bagarres cette saison en obligeant les joueurs à garder leurs casques pendant les bagarres.