Faites le calcul comme vous le voulez, vous arriverez inévitablement au même résultat : le Canadien n'a jamais été aussi près de la 25e coupe Stanley de son histoire.

Allez-y, relisez. Pincez-vous, donnez-vous quelques baffes si vous voulez. Allez prendre une bonne douche froide si ce n'est pas déjà fait.

Vous ne rêvez pas. Vous n'avez pas la berlue.

En battant les Penguins de Pittsburgh 5-2 mercredi soir, Montréal est officiellement entré dans un territoire inexploré depuis 17 ans. Pour la première fois depuis qu'il a été couronné en 1993, le Canadien n'est plus qu'à huit victoires de conquérir de nouveau la coupe Stanley.

Le carrosse ne s'est donc toujours pas transformé en citrouille. En éliminant les champions en titre du précieux trophée, le Tricolore s'est donné la chance de poursuivre un improbable parcours qui avait débuté avec un triomphe tout aussi surprenant contre les puissants Capitals de Washington.

Le prochain partenaire de danse de Cendrillon sera le gagnant de la série entre les Bruins de Boston et les Flyers de Philadelphie, qui se rendra elle aussi à la limite.

Le Canadien est assuré d'amorcer le troisième tour dimanche.

C'est la première fois depuis 1976 que le Canadien sort des séries les champions en titre de la coupe Stanley. Cette année-là, il avait éliminé les Flyers en quatre matchs.

La victoire du Canadien signifie également que le vieil Igloo de Pittsburgh a accueilli son tout dernier match. C'est la première fois dans l'histoire de la LNH qu'un amphithéâtre rend l'âme après avoir été l'hôte du septième match d'une série.

"Nous en parlions justement avant la rencontre et je crois que c'est bien d'avoir écrit cette petite tranche d'histoire. Ce n'est peut-être pas le forum, mais Mario a marqué des gros buts ici", a commenté Michael Cammalleri.

Déterminé à passer à l'histoire, le Canadien s'est forgé une avance de quatre buts dans les 26 premières minutes de la rencontre avant de laisser les Penguins y croire. Chris Kunitz et Jordan Staal ont réduit l'avance des visiteurs de moitié, puis quand Josh Gorges a écopé d'une pénalité dans les dernières secondes de la deuxième période, il n'était pas insensé de craindre le pire.

Mais la troisième période s'est avérée être le résumé parfait du parcours magique des hommes de Jacques Martin.

Elle s'est amorcée avec un arrêt acrobatique de Jaroslav Halak aux dépens de Sidney Crosby et s'est poursuivie avec un autre vol du portier slovaque, cette fois aux dépens d'Evgeni Malkin lors d'une pénalité à Hal Gill.

"C'est incroyable d'avoir gagné ce match, surtout dans leur domicile, s'est exclamé Halak après la rencontre. Les gars ont fait un travail extraordinaire. Nous avons pris une avance de 4-0 et quand ils ont réduit notre avance, nous n'avons pas abandonné. Nous n'avons pas changé notre jeu et ça a rapporté."

Quand le tour du Canadien est venu de profiter d'un jeu de puissance, il n'a pas raté sa chance. Avec exactement dix minutes à faire à la période, Brian Gionta a enfilé son deuxième but du match en déjouant Brent Johnson, qui avait remplacé Marc-André Fleury après le quatrième but du CH.

"Nos gars ont démontré beaucoup de caractère, ils ont montré comment ils pouvaient faire face à l'adversité. Notre leadership a été excellent à travers toute la série. Les joueurs ont vraiment bataillé, ça a été un effort d'équipe", a félicité Jacques Martin.

Le but de Gionta a été préparé par Cammalleri, qui avait rejoint des légendes de l'organisation montréalaise en marquant son 12e des séries en deuxième période. Le meilleur franc-tireur de la LNH depuis le début de la vraie saison a rejoint Maurice Richard (1944), Jean Béliveau (1956) et Guy Lafleur (1975), qui avaient également atteint ce sommet au cours de leur glorieuse carrière.

Cammalleri part maintenant à la poursuite de Frank Mahovlich (14) et Yvan Cournoyer (15).

Montréal a été dominé 18-3 au chapitre des tirs au dernier vingt et a décoché deux fois moins de lancers que les Penguins (39-20) au cours du match, mais avec Halak pour défendre la forteresse, on sait maintenant qu'il est permis de dormir sur ses deux oreilles.

Un véritable coup de vent

Dix secondes. C'est ce qu'il aura fallu pour comprendre que la soirée pourrait être celle du Canadien.

Comme début de match, les Penguins n'auraient pu imaginer un pire scénario et c'est leur capitaine, Sidney Crosby, qui est coupable d'avoir donné le mauvais exemple. Crosby, qui n'a pas connu une série à l'image de son statut, a été envoyé au cachot dès la dixième seconde du match après avoir servi une mise en échec illégale à son infatigable couvreur, Josh Gorges.

C'est presque sans le vouloir que le Canadien a profité de sa chance. Voyant que l'officiel avait signalé une autre pénalité à retardement aux Penguins, PK Subban a dirigé un tir inoffensif vers Fleury, mais Gionta s'est servi de son bâton pour en modifier la trajectoire. Pour la troisième fois de la série, Fleury venait de céder sur le premier tir qu'il recevait.

Souvent désigné comme le bouc-émissaire pour les insuccès des Penguins, Fleury s'est immédiatement ressaisi pour empêcher les visiteurs d'accentuer leur avance. Un rapide déplacement latéral lui a permis de bloquer un tir de Tomas Plekanec sur le jeu de puissance suivant, puis il a fermé la porte à Cammalleri, qui avait reçu une belle passe de Gionta dans l'enclave.

Maxim Lapierre, l'un des héros du sixième match de la série, est passé à un cheveu de marquer un autre but important vers la mi-chemin de l'engagement quand son tir a frappé le poteau à la gauche de Fleury.

Lapierre était toutefois au cœur de l'action quand Dominic Moore est parvenu à doubler l'avance des siens à la 15e minute. Rudoyé par Brooks Orpik dans les cordages, Lapierre était aux premières loges pour voir le tir bas de Moore déjouer Fleury à sa droite.

Le match s'est ensuite joué en l'espace d'une minute et 42 secondes en début de deuxième période. Un genou au sol, Cammalleri a complété avec son aplomb habituel un jeu de passes de Jaroslav Spacek et Plekanec.

Andrei Kostitsyn a ensuite écopé d'une pénalité qui aurait pu freiner l'élan des siens, mais Travis Moen l'a sauvé. Le plombier de la Saskatchewan est passé en coup de vent devant trois adversaires, dont un Sergei Gonchar complètement endormi, et a sorti Fleury du match sur le 13e tir du Canadien.

L'espoir a été ravivé dans l'Igloo quand Kunitz et Staal ont réduit de moitié l'avance du CH, qui a réussi à survivre.