Glen Sather ne mâche plus son éternel cigare quand on lui demande de comparer le boulot d'un directeur général à New York ou encore celui d'un directeur général à Edmonton. « A New York, on n'attend pas… on veut des résultats immédiats, la patience n'appartient pas au public sportif de cette ville. »

Et, Glen Sather qui avait l'habitude de colmater les brèches à Edmonton en se servant tout d'abord de son flair, de son expertise, et également de son sens de la persuasion gagnant avec lui un public patient, tolérant et respectueux d'un concession qui l'a fait vibrer pendant plusieurs années, à New York, c'est le contraire.

« Ecoute, tu dois produire tout de suite, tu ne peux pas attendre, tu dois dresser un plan d'entreprise qui ne doit comporter aucun échancier. La date butoir est toujours aujourd'hui. New York étant New York, il faut composer avec les attentes des amateurs. » Lorsqu'il s'est pointé le nez sur l'Ile de Manhattan pour relancer une concession qui n'allait nulle part, on se posait une question : « Comment Sather se comportera-t-il maintenant qu'il a un chèque en blanc? Comment réagira-t-il dans un marché aussi exigeant? Saura-t-il faire les bons placements? Saura-t-il investir intelligemment tout l'argent dont dispose le réseau MSG? »

Le cahot

La première saison, on doit le reconnaître, a été plutôt cahoteux pour Sather qui possède une solide réputation, plusieurs estiment qu'il est le meilleur de sa catégorie, une affirmation soulèvnt constamment un débât sur l'identité des hommes les plus influents de la ligue, je pense évidemment à la position de commande d'une entreprise de hockey.

Lou Lamoriello est le meilleur, pense un certain groupe.

D'autres estiment que Pierre Lacroix n'a pas d'adversaire sérieux.
Bobby Clarke a ses favoris.

Craig Patrick revendique quelques hauts faits d'arme…

Sather a sa cour. C'est un homme de hockey qui exprime ses idées, il prend beaucoup de place au niveau des règlements, quand il veut faire passer une suggestion, il a ses alliés. Il possède une forte personnalité, certains lui reprochent son arrogance, d'autres soutiennent qu'il est un bon acteur.

Cependant, on ne pourra jamais lui enlever son sens du devoir. Et ce qui rend le personnage encore plus intéressant, c'est qu'il est un téméraire. Il aime prendre des risques, il adore défier parfois la logique. A New York, il n'a maintenant plus le choix, il doit risque le tout pour le tout, parce que dans les gradins du Madison Square Garden, ça gronde.

« Eh, ce gars-là devait nous donner une équipe avec du caractère, avec de l'étoffe, il devait nous donner une formation qui a du cran. »

Des Rangers decevants

Or, les Rangers sont bien loin des attentes des amateurs. Ils ne forment pas une équipe de caractère, ils n'ont pas l'étoffe du gagnant. Ils sont gâtés par la gloire et la fortune et oublient trop souvent de retourner l'ascenseur. Or, Sather doit tout changer. Il doit métamorphoser l'atmosphère, il doit remettre les choses dans leur juste perspective. Il doit faire des Rangers une formation qui a les mêmes qualités que les Yankees, que les Mets. Des joueurs qui ont les poches pleines mais qui se battent à chaque année pour le titre.

« Sauf que tu ne peux pas atteindre tous ses objectifs en un ou deux ans, raconte Sather. Disons que tu peux le faire si tu hérites d'une équipe avec des ressources intéressantes au niveau des jeunes joueurs, au niveau des choix de repêchage. Mais, quand je suis arrivé, il n'y avait aucun joueur vraiment talentueux dans les ligues mineures. Manny Malhotra était le joueur répertorié no. 1 chez les jeunes Rangers. Un grand et bon joueur mais c'était insuffisant. Il a fallu liquider des vétérans, des joueurs qui ne semblaient pas intéressés à embarquer dans mon plan d'entreprise. Il faut maintenant continuer dans cette direction. »

A défaut de choix de repêchage et de jeunes joueurs prometteurs - à l'exception de Jamie Lundmark qui tarde à éclore - il ira piger chez le voisin. On l'entend d'ailleurs s'amener avec ses gros sabots et son carnet de chèque.

Il ne le dira jamais, mais dans l'entourage des Rangers, on sait très bien l'arrivée de Pavel Bure va calmer les esprits même si les Rangers ne participent pas aux séries éliminatoires. Ca va permettre aux dirigeants de l'équipe de mieux attaquer la prochaine campagne d'abonnements saisonniers. L'acquisition de Tom Poti se veut aussi une décision importante et Sather croit dur comme fer que le jeune défenseur va éventuellement succéder à Brian Leetch.

Holik et Guerin dans la mire

Mais c'est au cours de l'entre-saison, avec une équipe améliorée, que Sather compte réaliser d'autres coups fumants. Les noms de Robert Holik et de Bill Guerin alimentent les conversations, deux joueurs qui ajouteraient du piquant à l'attaque des Rangers déjà améliorée par Bure.

Il regardera aussi du côté de son ex-gardien, Curtis Joseph.

A Edmonton, l'arrivée de l'été le forçait souvent à faire une vente de garage afin de ne pas plonger les Oilers dans une situation inquiétante. Il cherchait à compléter des marchés afin d'obtenir des joueurs à petits salaires.

A New York, c'est le contraire. L'argent n'a pas de limite…

Faut-il savoir comment l'investir?

Jusqu'ici, les résultats n'ont pas été concluants. Il n'y a maintenant plus de marge d'erreur pour Sather. Il le sait, et il écrase souvent son cigare en serrant les dents devant les performances pas très reluisantes de ses millionnaires!