Depuis le repêchage de juin 2009, Louis Leblanc a été un sujet de débats chez les partisans du Club de hockey canadien. Le natif de Pointe-Claire a dû passer à travers une tempête médiatique typique à la jungle du hockey montréalais. Après son transfert à Anaheim, beaucoup d’amateurs ont jeté la serviette dans le cas de Leblanc. Le principal intéressé, lui, ne baisse pas les bras.

« Chaque été, je me suis préparé pour le camp d’entraînement de la LNH. J’ai toujours cru dans mes chances d’y jouer. Après avoir signé avec les Islanders, je suis allé au camp dans le but de prouver que je suis encore capable de jouer au hockey. Je n’ai pas pu jouer pendant deux semaines à cause d’une fracture. J’avais reçu une rondelle en plein visage. »

Lubomir Rendar)À son retour au jeu, Louis est renvoyé dans la Ligue américaine. Le club-école des Islanders s’est donc retrouvé avec un vétéran en trop.

« Nous étions huit et seulement sept d’entre nous pouvaient jouer. C’était problématique. J’ai toutefois reçu une offre du Slovan de Bratislava de la KHL. Le type qu’on ne peut pas refuser. Les Islanders ont accepté de me libérer et je suis parti en Slovaquie. »

Fondé en 1921, le Slovan en est à sa quatrième saison au sein de la KHL. Il est une véritable institution en Europe. Berceau des frères Stastny, le club a été sacré huit fois champion de Slovaquie et une fois champion de Tchécoslovaquie. Le club a une riche histoire, mais il doit encore faire ses classes dans les ligues majeures.

« J’ai dû attendre un mois avant de recevoir un visa. Ça a retardé mon retour au jeu. L’entraîneur, Milos Riga, ne parlait pas anglais. En trois mois, on s’est parlé une fois. Un coéquipier a servi d’interprète. Ce n’était donc pas facile. »

Louis a entamé sa courte carrière dans la KHL à Minsk le 26 octobre dernier. Il a joué trois matchs avant d’être retiré de la formation. L’ancien du Canadien avoue que s’adapter à la glace de dimension olympique n’a pas été facile.

Louis Leblanc« On est toujours loin du filet et des autres joueurs. On ne prend donc pas le même type de tirs. Le travail sur le bord des bandes se fait différemment. On doit patiner beaucoup plus et on ne lance presque jamais la rondelle dans le fond du territoire adverse. Je n’ai malheureusement pas eu beaucoup de temps pour m’habituer au système de jeu de l’équipe. Trois matchs, ce n’est pas assez. »

Délaissé dans les estrades, Louis cherchera un moyen d’accélérer son retour au jeu. Le Slovan optera pour une rétrogradation dans son club-école du Championnat slovaque. Au  MsHK Zilina, le Québécois retrouvera ses sens.

« Là-bas, ça a bien été. J’ai joué quatre matchs et j’ai marqué quelques buts. Ça m’a fait du bien de jouer. À mon retour dans la KHL, je jouais mieux. Je n’ai pas récolté de point, mais j’étais plus à l’aise sur la glace. J’ai tout de même été renvoyé dans les gradins et je me suis retrouvé avec les joueurs de réserve en compagnie de Francis Paré. Nous avons vite compris qu’on risquait de ne plus jouer de l’année, car le club s’est mis à gagner sans nous. »

L’option suisse

Louis LeblancDéterminé à jouer au hockey cette année, Louis donne pour mandat à son agent de lui trouver un autre club. Ses vœux seront exaucés. Il sera recruté par le Hc Lausanne.

« Lausanne cherchait un cinquième joueur importé. L’un des leurs s’était blessé. Mon agent leur a donc proposé mes services. La rupture de contrat avec le Slovan s’est faite dans les règles. Nous avons trouvé une entente pour le versement des derniers paiements et je suis parti pour la Suisse. »

La première ligue suisse n’est pas aussi forte que la KHL, mais les joueurs s’y plaisent. Il y a peu de voyagement et le système est bien structuré. Louis Leblanc en témoigne.

« En Suisse, je suis moins dépaysé. Lausanne est une ville francophone et l’entraîneur-chef parle en anglais. Même si je n’ai pas joué tous les matchs depuis mon arrivée ici, je sens que je fais partie des plans de l’équipe. Le calibre de la ligue est bon. Ce n’est pas celui de la KHL et de ses supervedettes russes, mais il y a tout de même quelques anciens de la LNH. J’ai aussi la chance de jouer avec Cristobal Huet. On se parle souvent de Montréal. »

Aucune rancune envers le Canadien

Le passage de Louis Leblanc au sein du CH n’a pas été de tout repos. Sa sélection au premier tour du repêchage de 2009 l’a lancé sous les projecteurs. Le joueur de centre de 25 ans vit tout de même en paix avec ce chapitre de sa carrière.

« La pression est forte à Montréal. On arrive sur notre milieu de travail et cinquante journalistes nous attendent sur place. Lorsque tu es sur la glace, tu es entouré de 21 000 personnes avec une opinion sur toi! Ces choses-là n’arrivent qu’aux joueurs des Yankees ou des gros clubs de soccer européens. Ça peut créer certains problèmes, mais je ne crois pas avoir été affecté outre mesure par cela. J’estime être resté terre à terre par rapport à ça. Au bout du compte, on a un travail à faire. Lorsqu’on est sur la glace, ça se passe entre coéquipiers et entraîneurs. La routine demeure la même qu’ailleurs dans le monde du hockey. »

Louis LeblancRepêché sous l’ère Gainey, Louis n’a joué qu’une saison après l’embauche de Marc Bergevin. L’an dernier, Alexander Avtsin a expliqué que le changement de direction a été la principale cause de son départ et de celui de Leblanc. Ce dernier voit les choses différemment.

« C’est plus compliqué. L’année où Bergevin est entré en poste, il y a aussi eu un lock-out. Nous n’avons pas eu de camp d’entraînement de la LNH. Dans la Ligue américaine, je me suis blessé au troisième match et j’ai manqué six semaines de jeu. Est-ce que les choses se seraient passées différemment si Bob était resté en poste? On ne le saura jamais et ça ne sert à rien de spéculer là-dessus. »

En fait, Leblanc n’a aucune rancune envers le Canadien. Il ne regrette aucunement son passage à Montréal.

« Je suis content de mon parcours. C’est un privilège de gagner sa vie en jouant au hockey. J’ai pu voyager et j’ai récolté un montant d’argent non négligeable. Peu de gens vivent comme le font les joueurs du Canadien. »

À 25 ans, Louis parle du Canadien au passé, mais il ne se morfond pas et n’entretient pas de nostalgie. À ses yeux, son avenir passe toujours par le hockey professionnel.

« Je veux continuer à jouer au hockey. Je vais travailler fort pour demeurer avec Lausanne l’an prochain. Je suis aussi ouvert à retourner dans la KHL. C’est une très bonne ligue. Le calibre est plus fort que dans la Ligue américaine. En fait, je veux surtout me trouver une place où je vais avoir un poste à temps plein. J’ai besoin de stabilité pour bien m’adapter au hockey européen. Ça va me permettre de progresser et de peut-être revenir dans la LNH dans le futur. »