Il faut croire que Pierre Gauthier se sent à l'aise avec son équipe après la fin de la période permise pour les échanges dans la LNH. Beaucoup de directeurs généraux doivent aussi se sentir à l'aise avec leur formation alors que d'autres espéraient sans doute en faire plus. Mais dans le hockey moderne, il faut composer avec le plafond salarial et pour danser, il faut être deux.

De nos jours, il y a moins d'échanges pour le plaisir de faire une transaction. Chaque mouvement de personnel doit faire en sorte que les deux équipes y trouvent leur compte. Gauthier l'a dit, ses transactions, il les a conclues avant la date limite des échanges et par nécessité, car si le Canadien savait par exemple qu'Andrei Markov ou Josh Gorges étaient en mesure de revenir avant la fin de la saison, il aurait peut-être été disposé à payer plus cher pour mettre la main sur un élément qui lui manque. En raison des blessures, Pierre a été contraint de bouger plus tôt dans la saison.

Paul Mara et Brent Sopel, deux récentes acquisitions du Canadien, sont deux défenseurs expérimentés qui apportent de la profondeur pendant que James Wisniewski comble l'aspect offensif perdu avec la blessure de Markov. En matière de défensive, tout le monde se rend de plus en plus compte des limites de Wisniewski.

En attaque, Pierre Gauthier n'est probablement pas à l'aise avec les joueurs sous la main. La bonne nouvelle dans les dernières semaines a été le retour au jeu de Michael Cammalleri.

Des joueurs comme David Desharnais, Benoit Pouliot, Andrei Kostitsynm, Mathieu Darche et Tom Pyatt auront certainement des rôles plus déterminants d'ici la fin de la saison. Moi, ce qui me fait peur, c'est qu'il n'y a pas un joueur qui est capable de faire tourner un match à lui seul avec un jeu offensif. Mais généralement, ce type de joueur, tu les embauches durant la saison morte ou tu les repêches.

Un peu tout le monde espérait que le Canadien devienne plus gros. Ça dépend toujours de la philosophie de la haute direction. Dans l'Ouest, les équipes ont peut-être tendance à aller chercher des gros joueurs alors que dans l'Est, les clubs sont moins portés sur ce genre de joueur. L'an dernier, le Canadien a connu beaucoup de succès en séries avec une équipe qui n'était pas physiquement imposante, mais qui patinait bien et qui faisait un bel échec avant. Les joueurs arrivaient à mettre beaucoup de pression sur les défenseurs et le jeu de puissance faisait le reste du travail. C'est peut-être le genre d'équipe qu'aime le D.G. du Canadien?

Certains doutent peut-être que Desharnais puisse connaître les mêmes succès en séries qu'en saison régulière. Moi, je n'ai aucun doute. Au fil des ans, David a prouvé à tous les niveaux qu'il pouvait tirer son épingle du jeu dans toutes les situations. Il a déjà démontré qu'il n'avait pas froid aux yeux et qu'il pouvait se servir de son corps pour protéger la rondelle ou pour bien jouer défensivement. C'est un gars extrêmement intelligent qui a une très bonne vision du jeu. Il n'y a rien de ce que j'ai vu de lui dans la LHJMQ, dans la ECHL et dans la LAH, qui me fait dire qu'il a peur de jouer en séries éliminatoires. Je ne vois pas pourquoi ce serait différent avec le Canadien.

Il est difficile de prévoir ce que pourra faire le Canadien lors des prochaines séries éliminatoires. Si vous posez la question, une majorité d'observateurs vous dira que l'équipe peut faire son bout de chemin en séries. Le but est d'atteindre les séries. Après, tout peut arriver. Le Canadien est en bonne position au classement. Il doit maintenant retrouver la constance ainsi que l'équilibre entre la défensive et l'attaque pour avoir du succès. En séries, on ne sait jamais. Le Canadien a un gardien de premier plan, qui peut voler des matchs à lui seul.

C'est vrai que certains rivaux d'association comme Boston, Philadelphie ainsi que Washington ont amélioré leur équipe au cours des dernières semaines, mais je crois que si le Canadien avait été en santé, il aurait été plus en mesure d'aller chercher le joueur recherché. Pour l'instant, Gauthier a comblé les trous et il a fait du bon travail.

*propos recueillis par Robert Latendresse