Vous devriez voir ces bunkers adjacents à tous les vestiaires des équipes de la LNH. Dotés d'équipement audio-vidéo à la fine pointe de la technologie, des entraîneurs-techniciens y sont enfermés plusieurs heures par jour pour enregistrer les matchs des futurs adversaires et décortiquer, dans le moindre détail, les stratégies ennemies.

Les autres membres du personnel hockey y accéderont aussi pour tenter de peaufiner un patron quasi scientifique ou déceler la faille dans l'armure du gardien qui les affrontera le lendemain. Tous les intervenants tombent dans le panneau à l'occasion, moi le premier. La ligne est mince entre la bonne observation et la « suranalyse ». Certains ne jurent que par le respect des assignations et du plan de match. La banalisation de ce complexe exercice a un nom : le système.

Les dirigeants, dépisteurs, instructeurs et même parfois les athlètes s'y réfugient. On dira du système qu'il est bon lorsque bien exécuté seulement. La réalité veut que cette affirmation soit vraie pour tous les systèmes, suffit d'y croire. Un groupe qui a la foi en une façon de faire unique, est capable de déplacer des montagnes, l'histoire sportive est remplie d'exemples probants.

S'il est impératif que les compétiteurs « achètent » le plan de match, il y a toujours place de nos jours pour une facette dorénavant trop souvent négligée. Je m'explique. En fait, non, c'est vous qui me l'avez démontré depuis mon dernier billet, avant le temps des fêtes.

À Noël, au Saguenay, vous me l'avez relevé en me faisant part de votre déception quant au début de saison difficile du Canadien. En Floride, vous me l'avez rappelé en me demandant quand le réveil était pour sonner chez le Tricolore. Au tournant de l'année, vous m'avez convaincu en étant tour à tour consternés puis transportés par notre équipe nationale junior qui s'est inclinée face à la Russie dans un match qui est déjà une pièce d'anthologie.

Depuis, au Centre Bell, vous me l'avez prouvé en réagissant de façon survoltée à un Eller pardonné lorsqu'il vous a salué pour l'avoir choisi première étoile face aux Jets. Samedi, vous me l'avez confirmé en me communiquant à quel point vous avez été touchés, non pas par la victoire du CH, mais par le fait que l'on vous est montré ne serait-ce que quelques secondes Florence, cette petite de douze ans, happée par un autobus il y trois mois tenant sa promesse de marcher pour venir voir Carey.

Le thème est clair pour moi, ce qui fait tourner la « planète sport », ce qui attise vos passions ce sont les émotions, l'intensité. Et vous êtes en plein dans le mille. Pourquoi alors redouter les équipes acculées au pied du mur? Pourquoi le succès des formations qui jouent avec l'énergie du désespoir? Ce que vous craignez c'est de vous en faire plus que les joueurs pour leurs déboires, soyez rassurés. Je l'ai vécu à Tampa. Même généreusement rémunéré, mon talon de chèque de paie n'a jamais été un baume sur la plaie ouverte par un manque de constance et des performances en deçà des attentes. Idem que l'on s'appelle Denis ou Gomez ou Cammalleri. Parce que les émotions ont encore leur place dans notre monde hypertechnologique. Non seulement les athlètes carburent-ils aux sentiments intenses, mais ils y trouvent une adrénaline qui ne se puise nulle part ailleurs et, comme vous, ils veulent vibrer. Et ce sera ainsi pour un bail car je ne connais toujours pas de système de jeu capable de guider l'être humain vers des niveaux qu'il ne pouvait lui-même imaginer.

C'est pourquoi je profite de cette première chronique en 2012 pour vous souhaiter une année qui vous fera grandir; une année forte en émotions!!!