Sidney Crosby ne me laisse pas de choix. Forts du retour au jeu de leur capitaine, les Penguins de Pittsburgh feront la loi dans l'Est cette saison.

Si le prodige aura besoin d'une certaine période d'adaptation, sa présence sur la patinoire ne tardera pas à se faire sentir et avoir ses effets sur l'équipe.

Avec la puissance offensive dont elle jouit et l'expérience acquise au fil des quatre ou cinq dernières campagnes, la troupe de Dan Bylsma saura rapidement s'adapter et s'illustrer. Une donnée à ne pas négliger dans un calendrier écourté à 48 matchs seulement.

Je m'attends à de grosses choses de la part de Crosby, mais c'est tout aussi vrai pour Evgeny Malkin, qui a étalé tout son talent la saison dernière en l'absence du 87. De nouveau jumelé à James Neal sur le même trio, le joueur russe fera lui aussi craindre le pire aux équipes adverses.

Si les Penguins s'imposent à mon avis comme l'équipe à battre dans l'Est, c'est également en raison de leur profondeur. Oui, l'équipe s'est départie du joueur de centre Jordan Staal, mais avec la façon dont Brandon Sutter joue présentement, ce départ ne devrait pas s'avérer catastrophique pour les Penguins.

Depuis le début de camp d'entraînement, on entend beaucoup de bien de Sutter, acquis dans la transaction qui a envoyé Staal avec les Hurricanes de la Caroline. Une fois de plus, les Penguins devraient donc miser sur l'un des meilleurs troisièmes trios du circuit Bettman.

Il ne faut également pas oublier Marc-André Fleury. Secondé cette saison par Tomas Vokoun, le gardien québécois aura beaucoup moins de pression sur les épaules. Il n'aura pas à sauver ses coéquipiers chaque soir.

Pour toutes ces raisons, les Penguins risquent donc de s'installer au sommet dans l'Est et d'y rester, ce qui n'empêchera toutefois pas d'autres équipes de leur chauffer les fesses. À commencer par les Bruins de Boston.

Une distraction de moins

Les hommes de Claude Julien sont mûrs pour une autre excellente campagne. Les Bruins ont peut-être connu des hauts et des bas l'an dernier, mais pour une raison qui m'échappe encore, j'ai le sentiment qu'ils sauront se racheter cette année.

Les distractions, pour ne pas dire Tim Thomas, sont parties. Toute la controverse entourant le gardien, qui a notamment refusé de se présenter à la Maison-Blanche pour la traditionnelle rencontre de l'équipe championne avec le président Barack Obama, a fait mal à l'organisation.

Les Bruins ont maintenant tourné la page sur cet épisode malheureux. Après avoir agi à titre de second à Thomas pendant quelques saisons, Tuukka Rask est tout à fait prêt à assumer les fonctions de gardien numéro un de l'équipe. Il a bien fait en l'absence de Thomas dans le passé et avec l'équipe qui jouera devant lui chaque soir, il ne peut que bien paraître.

Intimidants et redoutables, Zdeno Chara et Dennis Seidenberg seront à nouveau les remparts de la défensive bostonaise. Pour complémenter cette hermétique défensive, les Bruins misent sur une attaque diversifiée et productive. Polyvalents, les attaquants des Bruins sont à la fois capables de marquer et de brasser à l'occasion.

Bref une équipe redoutable à ne pas négliger. Tout comme les Rangers de New York d'ailleurs.

Des Rangers sans Prust

De nombreux analystes voient les Rangers de New York dans leur soupe et leur concèdent le premier rang du classement général et même la coupe Stanley.

Ce sera sans doute l'une des puissances dans l'Est cette saison, mais je ne suis pas prêt à m'avancer de la sorte. Je ne crois pas que les Rangers ont tout à leur disposition pour écarter les Penguins du sommet.

Il reste toutefois que l'ajout de Rick Nash à la formation ajoutera beaucoup de mordant à une attaque qui compte déjà Brad Richards et Marian Gaborik dans leurs rangs.

Si l'arrivée de Nash demeure inestimable pour les Rangers, le départ de l'attaquant Brandon Prust pour Montréal n'est quant à lui pas anodin.

Prust jouait un rôle de première importance dans le vestiaire des Rangers et incarnait en quelque sort l'identité de cette équipe. Loin de moi l'idée de prétendre que le départ de ce joueur de troisième trio métamorphosera les Rangers, mais il avait certainement un impact sur cette formation. Chaque fois que ça n'allait pas bien pour les New-Yorkais l'an dernier, c'est Prust qui allait front, en jetant les gants ou en appliquant une solide mise en échec.

Qui dit Rangers dit Henrik Lundqvist. Protégé par une jeune défensive talentueuse, le gardien des Blue Shirts fait partie de l'élite du circuit à sa position. Il sera donc au cœur du succès des siens cette année.

Vent de fraîcheur à Washington

S'ils ne risquent peut-être pas de menacer l'hégémonie des Penguins, les Capitals de Washington seront eux aussi à surveiller.

Avec l'arrivée d'Adam Oates derrière le banc et le départ d'Alexander Semin, c'est un vent de fraîcheur qui souffle sur Washington.

Le premier à en profiter sera sans doute Alexander Ovechkin. Séparé de son compatriote, qui exerçait peut-être une mauvaise influence sur lui au point de vue de l'attitude, le joueur étoile devrait retrouver ses bonnes vieilles habitudes. Dans un système axé sur la rapidité qui lui convient davantage, il risque de s'illustrer et de faire du bruit, tout comme son équipe d'ailleurs.

Au chapitre des surprises, je serais tenté de mettre un p'tit deux sur le Lightning de Tampa Bay.

L'équipe a procédé à quelques ajustements au cours de la saison morte en faisant notamment l'acquisition de l'attaquant Matt Carle, et du gardien Anders Lindback.

Je suis persuadé que Guy Boucher saura électrifier à nouveau le Lightning. L'an dernier, il leur manquait peut-être des chevaux pour rivaliser avec les autres équipes. Voilà pourquoi je crois que l'équipe parviendra à accéder aux séries, contrairement au Canadien.

Le CH dans la bonne direction

J'ai peut-être prédit que le Canadien conclura le calendrier régulier au 10e échelon, je ne serais par contre pas surpris que l'équipe participe au tournoi printanier. Je suis peut-être dans le champ gauche, mais une chose est certaine, plusieurs incertitudes se dressent toutefois devant le Tricolore.

D'abord, le dossier P.K. Subban. Dans combien de temps ce différent contractuel sera résolu? Avec un calendrier réduit, l'équipe n'a pas de temps à perdre. Si Subban s'absente pendant trois semaines et qu'il a besoin de trois autres semaines pour se remettre à niveau, il aura perdu presque un tiers de la saison.

On n'y échappe pas, un point d'interrogation plane aussi au-dessus de la tête d'Andrei Markov. Sera-t-il en mesure de remettre revenir en force après avoir été ennuyé par une série de blessures au cours des dernières saisons? Je pense que oui, mais je veux le voir.

Avec le retour en santé de Gionta et Plekanec, le Canadien devrait être en mesure de marquer davantage de buts. Reste à savoir qui de Galchenyuk ou de Bourque complètera ce trio.

Si j'aime beaucoup l'identité et la philosophie que Michel Therrien tente d'implanter à cette équipe, il reste encore plusieurs éléments à fignoler au sein de cette organisation. Le Canadien se battra donc jusqu'à la toute fin pour se qualifier pour les séries. Je le souhaite qu'il y parvienne, mais je ne suis pas convaincu.

Faire un bond de sept places au classement n'est pas une mince tâche.

Propos recueillis par Mikaël Filion