Dans mes 20 ans de métier, je ne me rappelle pas d'avoir été témoin d'autant d'incidents disgracieux successifs dans la Ligue nationale de hockey.

Depuis le retour de la pause olympique, il y a notamment eu Maxim Lapierre, Alexander Ovechkin, Matt Cooke, Daniel Alfredsson et, plus récemment, James Wisniewski, qui vient d'écoper d'une suspension de huit matchs pour son coup à la tête de Brent Seabrook. C'est rendu qu'à chaque soir, on écoute les nouvelles pour voir qui a livré une mise en échec dangereuse.

C'est comme une épidémie qu'on ne semble pas pouvoir contrôler. Ne reste plus qu'à espérer que les personnes responsables sont habitées de la volonté de changer les choses.

Au cours des dernières années, la LNH a modifié un paquet de règlements pour tenter d'améliorer la qualité de son produit, mais pour des raisons que j'ignore, elle a négligé l'aspect sécurité. Aujourd'hui, c'est clair que le message à cet égard ne passe pas et qu'il faudra attacher beaucoup d'importance à ce sujet chaud.

Le fait que Bill Guerin et Mark Recchi aient ouvertement dénoncé la situation la semaine dernière n'a certainement pas nui. Déjà, on a annoncé que des mesures particulières seront mises en place pour les séries éliminatoires. C'est bien, mais malheureusement, je trouve que c'est un peu trop tard.

Qui pointer du doigt pour le dérapage auquel on assiste présentement? Évidemment, les premières critiques sont dirigées, avec raison, vers les dirigeants du circuit, qui pourraient certainement régler une partie du problème en imposant des sanctions plus sévères pour les coups à la tête et autres tentatives de blessure.

Mais il y a d'autres coupables. De un, l'Association des joueurs est inexistante présentement. C'est une union qui n'a aucune identité parce qu'elle n'a pas de chef. Et les médias, qui diffusent en boucle les images de violence en provenance des quatre coins de la Ligue, doivent également accepter une certaine partie du blâme.

Ceci étant dit, c'est bien beau parler de la violence au hockey, mais comment la prévenir? C'est ça la question la plus importante, dans le fond. À court terme, il est évident que l'imposition de sentences plus sévères pour les joueurs fautifs représenterait le meilleur moyen de dissuasion et c'est pour ça que la LNH encaisse autant de critiques.

Mais j'aimerais voir les ligues junior aller de l'avant avec leurs propres pistes de solutions. Présentement, on passe notre temps à analyser les conséquences alors que moi, je crois qu'il serait peut-être bon de faire de l'enseignement. Et il ne faut pas seulement viser les jeunes joueurs, mais aussi les entraîneurs et les arbitres

C'est facile de blâmer la Ligue nationale pour ce qui arrive actuellement à l'intérieur de ses cadres, mais je crois que c'est toute une société qui a un examen de conscience à faire à ce sujet.

Martin doit mettre la barre haute

Le rythme et le momentum que le Canadien s'est bâti au cours des derniers matchs le forcent automatiquement à changer ses objectifs. Ainsi, cette équipe qui se battait il y a quelques semaines pour une participation en séries éliminatoires vise désormais le premier rang de sa division et le top 3 de son association.

À cette période de l'année, on entend souvent les joueurs jurer qu'ils ne regardent pas le classement et qu'ils ne lisent pas les journaux. Mais je vous le dis, c'est faux! Avec l'information qui est disponible sur les ordinateurs et les téléphones, je vous garantis que tout le monde lit et tout le monde écoute ce qui se dit. Et même si vous tentez de l'ignorer, vous pouvez être certain qu'une dizaine de vos amis vont vous appeler pour vous dire ce qui se passe!

Comme tout le monde, donc, Jacques Martin est bien conscient de toutes les possibilités auxquelles fait face sa formation d'ici la fin de la saison régulière. Une fois que la participation aux séries sera confirmée, la position du Canadien au classement décidera évidemment de la qualité de son adversaire. Mais dans la tête de l'entraîneur, une seule chose importe. Tu veux que ton équipe entrer en séries avec le vent dans les voiles, alors qu'elle joue son meilleur hockey possible.

Tu n'as donc pas le choix de placer la barre le plus haut possible. Pas question de tenter de décider de ta position finale au classement dans le but d'affronter une équipe plutôt qu'une autre. À chaque jour, tu entres dans la chambre en demandant le maximum de tout le monde. Entraînement, joute, entraînement, joute. Tu dois lancer le message, non seulement à tes partisans mais aussi à tes joueurs, que les demi-mesures ne seront pas acceptée.

Et il ne faut jamais quitter des yeux le but ultime, celui que partagent les 30 équipes de la LNH lors de la première journée du camp d'entraînement : la coupe Stanley. Pour certaines équipes, cet objectif n'est nullement atteignable, à moins d'un miracle. Mais pour le Canadien, de la façon dont il joue aujourd'hui, je pense que rien n'est impossible. Souvenez-vous de 1993...

Il faudra de grandes performances et aussi beaucoup de chance, mais c'est permis de rêver.

Aujourd'hui, si quelqu'un me demande de prédire où le Canadien terminera-t-il la saison au classement de l'Association Est, je dirais au cinquième rang, avec le deuxième échelon de sa division.

Le retour de Plekanec est vital pour le Canadien

La nouvelle à l'effet que les négociations entre le Canadien et l'agent de Tomas Plekanec aient été rompues cette semaine ne réjouira peut-être pas les partisans du Canadien qui veulent revoir le petit attaquant tchèque la saison prochaine, mais je ne crois qu'il faille trop s'en faire avec ça.

Évidemment, il y a divergence d'opinion entre les deux partis, sinon une nouvelle entente aurait déjà été annoncée. Mais d'un autre côté, on sent une ouverture d'esprit mutuelle à poursuivre les pourparlers. Peut-être que les demandes du clan Plekanec étaient trop élevées au goût du CH. Peut-être aussi que le joueur de centre veut se servir des séries éliminatoires pour embellir son dossier.

Pierre Gauthier a de l'expérience, il a vu neiger et sait comment procéder dans un dossier de la sorte. Même chose pour ses adjoints. Et Rick Curran, le représentant de Plekanec, est un agent silencieux qui ne négociera pas dans les journaux. Alors j'ai l'impression que tout se fera de façon très professionnelle.

Personnellement, je crois qu'il est vital, pour le Canadien, de compter sur les services de Tomas Plekanec la saison prochaine. Après Jaroslav Halak et Andrei Markov, il représente à mes yeux le joueur le plus important de cette équipe.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.