Les Tigres de Victoriaville fêtent leurs 30 ans cette année. La formation des Bois-Francs est une des rares, encore active, à pouvoir compter dans son histoire un premier choix au total de la Ligue nationale de hockey : Alexandre Daigle.

C’est justement en grande partie en raison de ce haut fait d’armes que l’équipe procédera au retrait du chandail numéro 91 que Daigle a porté à Victo lors des saisons 1991-1992 et 1992-1993 ainsi que lors de quelques matchs à l’automne de 1994 à l’occasion du conflit de travail dans la LNH. La nouvelle du retrait du chandail de Daigle sera confirmée demain par l’organisation victoriavilloise et la cérémonie devrait avoir lieu en février prochain.

Depuis 27 ans, j’ai la chance de couvrir les activités de la LHJMQ et, outre Sidney Crosby avec l’Océanic de Rimouski, Daigle est le seul joueur depuis toutes ces années à la couverture du circuit qui avait le don de faire accourir les foules partout où les Tigres se produisaient.  Le numéro 91 avait été le premier choix de l’équipe des Bois-Francs en mai 1991 après avoir connu une saison de 50 buts en 42 matchs avec les Régents de Laval-Laurentides-Lanaudière de la Ligue Midget AAA à l’âge de 15 ans.

Encore à ce jour il est un des joueurs, parmi ceux que j’ai pu suivre à RDS, avec la meilleure accélération sur patins. De la ligne bleue au filet il était spectaculaire et terrorisait les gardiens adverses. À ses deux saisons dans le circuit Courteau, le joueur originaire de Laval, aujourd’hui âgé de 41 ans, a connu des campagnes de 110 et 137 points avec les Tigres avant de devenir le premier choix de la séance de sélection de 1993 avec les Sénateurs d’Ottawa. À sa première campagne dans la LNH, à l’âge de 18 ans, avec une équipe de bas de classement, Daigle a récolté 51 points en disputant la totalité des 84 matchs des « Sens ».

Alexandre DaigleEn raison du lock-out du circuit Bettman en 1994-1995 Daigle est revenu dans la LHJMQ le temps de disputer 18 matchs récoltant 34 points.  Son retour dans la LHJMQ avait été hyper-médiatisé et avait fait parler des Tigres de Victoriaville partout sur la planète hockey. Il était retourné à Ottawa au début du mois de janvier à la conclusion du conflit de travail. Daigle s’est aussi distingué au niveau international en gagnant deux médailles d’or au Championnat mondial de hockey junior de 1993 et de 1995. En 1994, les Sénateurs avaient refusé de prêter ses services à l’équipe nationale, sans quoi il serait devenu le premier Canadien à gagner trois médailles d’or a cette prestigieuse compétition.

Certes les plus « pisse-vinaigre » diront qu’il n’a pas connu la carrière escomptée, que certaines de ses déclarations controversées l’ont placé dans l’embarras, mais un fait demeure : Daigle a tout de même disputé 616 matchs dans la LNH récoltant 327 points en ne jouant pratiquement jamais pour des équipes de haut de classement. Daigle a aussi disputé quatre saisons en Suisse avant d’accrocher ses patins au terme de la campagne 2009-2010.

Celui qui aussi joué pour le Lightning, les Flyers, les Rangers, les Penguins et le Wild manquait peut-être un peu de maturité à l’époque de son passage à Victoriaville et son contrat de 12 millions de dollars américains pour cinq ans, signé dès son arrivée dans la LNH à 18 ans, a aussi contribué à lui mettre une pression énorme sur les épaules, une pression que le jeune Daigle n’était peut-être pas prêt à assumer à l’époque.

Mais, à mon humble avis, Alexandre Daigle fait partie des joueurs qui ont marqué la LHJMQ au cours de sa riche histoire de 48 ans. Il a été choisi la recrue par excellence au hockey junior canadien en 1992 et voté aussi le meilleur espoir professionnel de la LCH en 1993. Dans l’histoire de la LHJMQ, neuf joueurs furent sélectionnés au tout premier rang de l’encan de la LNH et le numéro 91 des Tigres de Victoriaville en fait partie. Il ne fait aucun doute dans mon esprit qu’Alexandre Daigle mérite l’honneur qui lui sera rendu par son équipe junior au début de l’année 2017.