MONTRÉAL – Mario Pouliot vous prévient tout de suite, ne vous fiez pas aux chiffres.

L’entraîneur-chef du Titan d’Acadie-Bathurst en convient, un différentiel de moins-40 – le pire de la LHJMQ – ça fait peur. Mais il serait plus que malhonnête que de résumer à cette sombre statistique la contribution du jeune défenseur Guillaume Brisebois aux rares succès des siens cette saison.

 « Tout le monde s’arrête à ses plus et ses moins, mais c’est trompeur », insistait Pouliot lors d’un récent entretien avec le RDS.ca.

Pilier défensif d’une formation qui a conclu le calendrier régulier au tout dernier échelon du classement général, Brisebois s’est mesuré la saison durant à ce que l’équipe adverse a de mieux à offrir. Match après match, présence après présence...

« Je n’ai pas les meilleures statistiques, mais je fais de mon mieux », estime humblement l’arrière de 17 ans de 6 pieds 2 pouces et 175 livres.

Il faut dire que la marge d’erreur de ce dernier était bien mince. Avec seulement 158 buts au compteur, le Titan a offert le pire bilan offensif du circuit Courteau et a déjoué le gardien adverse à peine un peu plus de deux fois (2,32) par rencontre.

« On a de la misère à compléter nos jeux et on n’est pas très menaçant, ce qui met beaucoup de pression sur nos gardiens et nos défenseurs », concède Pouliot, qui en était à une première saison complète derrière le banc du Titan.

« Il n’est donc certainement pas responsable de tous les moins qui figurent à son dossier, ajoute Pouliot. Ici, on accorde plus d’importance à une charte de responsabilités qu’on a mise au point et qui tient compte du différentiel, mais aussi des chances de marquer, des mises en échec, des tirs bloqués et des revirements. Ça donne une meilleure idée de son rendement et il se débrouille très bien. »

Cette efficacité, Pouliot n’est visiblement pas le seul à l’apprécier. Dans sa plus récente publication, la Centrale de recrutement de la LNH classait Brisebois au 30e rang des meilleurs espoirs nord-américains en vue du prochain repêchage de la grande ligue.

« C’est juste une liste et l’opinion d’un certain groupe de gens. Il y a plein de listes qui sortent. Je peux me classer 30e sur une et me retrouver 60e ou 90e sur une autre. Qui sait, peut-être que je n’apparais même pas sur d’autres. Je n’y pense pas, je ne fais que jouer au hockey tout en essayant de m’améliorer. Il arrivera ce qui arrivera », tempère Brisebois, qui a amassé 4 buts et 24 passes à sa deuxième campagne dans le circuit.

Si ce dernier refuse de se laisser emporter par les pronostics, Pouliot, lui, s’y risque davantage.

« J’ai déjà vu de bons défenseurs avec un différentiel très négatif être repêchés et connaître de belles carrières professionnelles », rappelle-t-il avant d’énumérer les attributs de son quart-arrière.

« Aussi efficace défensivement qu’offensivement, Guillaume excelle en sortie de zone. Il sait repérer les ouvertures et sa vitesse lui permet souvent de battre la première pression appliquée par l’attaque adverse. C’est une qualité que tout entraîneur recherche chez un défenseur. »

L’apport de Brisebois ne se limite toutefois pas aux 25 minutes en moyenne qu’il  a passé sur la patinoire à patrouiller la ligne bleue du Titan. À 17 ans et 86 jours, Brisebois est en effet devenu le plus jeune capitaine de l’histoire du Titan l’automne dernier.

« C’est un gars très sérieux et très mature pour son âge. Il prend soin de tout le monde et c’est autour de lui qu’on veut mouler l’identité de notre équipe. On s’est engagé dans un virage jeunesse après les Fêtes afin de rebondir. C’était la décision à prendre et on veut notre capitaine avec nous tout au long de ce processus », explique Pouliot.

À la recherche de dynamos

Le portrait n’est donc pas que noir pour le Titan, et ce même s’il n’a signé que 17 victoires, martèle Brisebois

« Cette saison n’a pas été que négative, au contraire. On est de jeunes joueurs et on a travaillé dur toute l’année. On n’a pas lâché et on est en train de se développer une identité pour l’année prochaine. »

« Honnêtement, on est fier du chemin qu’on a parcouru même si au classement, ça ne paraît pas. Ce n’est pas le juste reflet des choses. On sait très bien où on pourrait se classer si tout était tombé en place comme on aurait voulu », renchérit Pouliot, dont l’équipe a encaissé 15 défaites avec un écart d’un seul but.

Plus de buts, voilà justement ce dont aura besoin le Titan l’an prochain pour gagner quelques rangs au classement.

« On est à deux ou trois très bons joueurs offensifs et un solide défenseur capable d’appuyer nos jeunes de se retrouver dans le milieu du peloton, croit Pouliot. Quand je regarde une équipe comme Halifax, (Nikolaj) Ehlers et (Timo) Meier, qui sont des dynamos de premier plan, traînent leur équipe et font fonctionner l’attaque à cinq malgré les départs de Fucale, Murphy et Lussier, notamment. »

« J’entrevois l’avenir avec beaucoup de positivisme, ajoute Brisebois. On va être solide devant le filet, alors que  défenseurs et nos attaquants vont pas mal tous revenir. »

Et après avoir parfait son apprentissage à la dure, Brisebois sera encore là pour leur montrer la voie, signale Pouliot.

« Passer à travers de la situation qu’il vit présentement ici fera de lui un défenseur avec une bonne force de caractère. Il a déjà vécu énormément de situations au fil des deux dernières saisons. »

Le Titan ne peut que faire mieux.