MONTRÉAL – Au retour de ses vétérans l’automne dernier, Marc-André Dumont a mis cartes sur table.

Pas de cachettes, pas d’ambivalence.  

Avec la règle des trois joueurs de 20 ans en vigueur, chacun de ses quatre protégés appartenant à cette catégorie allait à l’occasion devoir passer son tour.

« Je ne leur ai rien caché. Je leur ai tout dit. Je n’arrivais pas le matin en disant : "Ah oui, en passant, tu ne joues pas ce soir" », insiste Dumont, le directeur général et entraîneur-chef des Screaming Eagles du Cap-Breton.

Le temps que le carrousel ne prenne fin, personne n’allait donc y échapper. Pas même celui qui est aujourd’hui le meilleur buteur de la LHJMQ.

Giovanni Fiore avait beau débarquer du camp d’entraînement du Canadien et être le meilleur atout offensif de son équipe après Pierre-Luc Dubois, il n’a pas tardé à être sacrifié.

Après deux rencontres à peine, il était le malheureux élu.

« C’était vraiment difficile, admet l’ailier gauche. Tu reviens d’un camp de la LNH et tu te retrouves dans les estrades. »

« Ce n’était pas notre objectif de faire une rotation, admet Dumont, qui pensait trouver preneur sur le marché des transactions un peu plus tôt. Ce n’est pas évident de dire à un gars de 20 ans, qui en est à sa dernière saison dans le junior, qu’il ne jouera pas le prochain match. »

Dès la rencontre suivante, Fiore était réintégré dans la formation, amassant un but et une passe. Le lendemain, il ajoutait deux autres buts à sa fiche, si bien qu’au terme de ses quatre premiers matchs de la saison dans la LHJMQ, Fiore avait déjà huit points au compteur.

Aussi bonne soit-elle, cette production ne le mettait toutefois pas à l’abri d’une autre soirée dans les gradins. Le 23 octobre, alors que son club rendait visite aux Voltigeurs de Drummondville, c’est le sort qui attendait le Lavallois.

« J’étais chez nous et ma famille était là. Ça faisait encore plus mal. Mais en même temps, ce n’était pas la fin du monde », observe-t-il avec recul.

« Ça m’a ramené un peu à ce que c’est que d’être un joueur de 16 ans, ajoute Fiore. Parfois, tu es laissé de côté et tu dois travailler encore plus fort à l’entraînement. Il fallait que je lutte pour mon poste. »

Fiore n’a jamais plus été laissé de côté.

Dumont a finalement échangé le défenseur Duncan MacIntyre aux Wildcats de Moncton au début novembre, ce qui lui offre depuis la liberté d’employer Fiore, Olivier Leblanc et Massimo Carozza à tous les matchs.

Jouer pour un contrat

En uniforme chaque soir, Fiore profite maintenant pleinement de l’opportunité qui s’offre à lui d’impressionner les éclaireurs de la LNH qui l’ont à l’œil.

Un premier joueur a atteint le plateau des 40 buts

Avec 40 buts et 27 passes en 45 rencontres, il s’assure en tout cas de ne pas passer inaperçu. Si le plateau des 50 est à sa portée avec encore 16 matchs au calendrier des Screaming Eagles et qu’il aimerait l’atteindre, Fiore n’en fait pas une maladie non plus. Ce qu’il désire plus que tout, c’est un contrat.

Seul joueur avec le statut d’invité au camp des recrues du Canadien à obtenir par la suite une invitation au camp principal, Fiore a certes déjà laissé une impression favorable dans le show, mais il lui faut en faire plus.

« Son avenir dépend de sa fin de saison et de ses séries éliminatoires. Plus on avance, plus il y a de l’adversité. Quelle sorte de joueur sera-t-il face à cette adversité? Il a l’occasion de se donner des choix quant au défi qu’il relèvera l’année prochaine. Il n’y a aucun doute dans ma tête qu’il va jouer professionnel », prédit Dumont avant d’approfondir sa pensée.

« Je pense qu’il peut s’établir dans la Ligue américaine et y faire sa marque avant d’obtenir la chance de cogner à la porte de la LNH. Sa courbe de progression va vers le haut et son plafond n’est pas atteint. Il est meilleur aujourd’hui qu’il l’était il y a un mois, mais son avenir dépend du présent. Et le présent c’est maintenant. »