MONTRÉAL – Pour une équipe de la LHJMQ, repêcher un joueur européen c’est souvent comme passer une commande en ligne. On ne sait trop quand et dans quel état la marchandise sera livrée. Si elle l’est, évidemment...

En sélectionnant Dennis Yan au huitième échelon du dernier Repêchage européen de la LCH, les Cataractes de Shawinigan espéraient sans doute éviter à un autre fiasco à la Patrik Koys, le « Crosby » slovaque.

 « On avait reçu de bons rapports sur lui (Yan), mais tant et aussi longtemps que tu n’as pas vu le joueur, le repêchage européen reste une boîte à surprises », rappelle l’entraîneur-chef des Cats Martin Bernard.

Yan réservait en effet toute une surprise à sa nouvelle équipe.

Dès son premier match hors-concours dans la LHJMQ, face aux Tigres de Victoriaville le 21 août, l’attaquant américain aux origines russes enfilait deux buts, en plus d’amasser trois mentions d’aide. Ça promettait.

Cinq mois plus tard, Yan ne récolte peut-être pas cinq points par match, mais il garde le tempo. Membre de la première unité offensive des Cataractes, l’athlète de 17 ans montre un dossier de 22 buts et 23 passes en 42 rencontres.

« Arriver à 17 ans dans cette ligue et produire de la sorte en dit beaucoup sur ses capacités », observe Bernard.

« Je pense être un joueur offensif doté de bonnes habiletés. J’aime rendre meilleurs les joueurs autour de moi », résume timidement Yan.

Des propos que son entraîneur-chef s’empresse de confirmer et d’approfondir.

«C’est un joueur avec énormément d’habiletés individuelles, de vitesse et un lancer des poignets de la LNH, recense Bernard. […] Il est allé chercher de gros buts pour nous cette saison et il contribue directement aux succès de notre première vague de jeu de puissance. Il fait la différence chaque fois qu’il chausse les patins. »

Des qualités que les recruteurs du circuit Bettman ont visiblement remarquées. Yan occupe en effet le 35e rang des meilleurs espoirs nord-américains dans la dernière mise à jour de la Centrale de recrutement de la LNH.

« Ce n’est qu’une liste publiée au mois de janvier. Le repêchage, c’est un juin. J’ai encore beaucoup de chemin à parcourir chaque jour afin de devenir un meilleur joueur », tempère Yan.

N’empêche, l’intérêt est bien présent pour l’ailier gauche de 6 pieds 1 pouce et 188 livres qui compare son style de jeu à celui d’Evgeni Malkin.

« Qu’il soit classé au 35e échelon est juste à mon avis, estime Bernard. Il fait déjà partie des joueurs élite de notre ligue à son âge. Ce classement est révélateur de ce qu’il a accompli jusqu’à maintenant cette saison. »

Aux côtés d’Anthony Beauvillier, Samuel Girard et Alexis D’Aoust, Yan fait partie du noyau autour duquel les Cataractes bâtissent. Déjà, avec le support des vétérans Marvin Cüpper, Christophe Lalonde et Olivier Caouette, notamment, cette jeune relève joue un premier rôle dans la relance des Cataractes, qui pointent actuellement au neuvième rang du classement général après avoir conclu la saison précédente au 16e échelon.

« Ils sont jeunes et talentueux, mais ils font le travail », louange Bernard.

Dennis YanAméricain ou Russe?

Pour l’heure, Yan s’est donc confortablement établi à Shawinigan dans l’attente du prochain arrêt sur son itinéraire déjà bien chargé.

Né à Portland en 1997 de parents d’origines russes établis aux États-Unis par obligations professionnelles, Yan déménage à Moscou au tournant des années 2000, où il a fait ses débuts dans le hockey mineur.

Puis, à l’âge de 14 ans, Yan et sa famille refont leurs valises pour Detroit afin que le paternel puisse y poursuivre la conduite de ses affaires.  Sous la recommandation de son agent, Yan dispute d’abord une première saison Midget AAA à Sarnia, en Ontario.

Yan a alors l’occasion de se produire dans le même aréna qu’Alex Galchenyuk et Nail Yakupov et de rencontrer ces deux compatriotes, alors portes-couleurs du Sting de Sarnia dans la Ligue de l’Ontario.

« Je crois avoir assisté à chacun de leurs matchs joués là-bas durant mon séjour. Ils m’ont donné le goût de jouer dans la LCH », se souvient-il. Le circuit junior canadien n’était toutefois pas la prochaine direction pour Yan, qui possède la double citoyenneté américaine et russe.

Au terme de cette seule année à Sarnia, Yan quitte pour Detroit, où il complète son stage Midget AAA avant d’évoluer l’an dernier au sein du programme de développement américain des moins de 17 ans, à Ann Arbour au Michigan.

Yan y amasse 28 points en 48 rencontres et représente ensuite les États-Unis au tournoi Ivan Hlinka. Quatrième meilleur pointeur de la compétition, Yan quitte avec la médaille d’argent au cou.

Vient ensuite l’heure du choix. Le programme de développement américain ou la LCH?

« C’était mon rêve de jouer dans la LCH quand j’avais 13-14 ans. Les Cataractes m’ont repêché et je suis plus qu’heureux de me retrouver à Shawinigan », insiste Yan.

Jouissant du support quotidien de sa mère, qui l’a accompagné en Mauricie, Yan s’acclimate donc bien à son nouvel environnement, mais surtout, il livre la marchandise.