QUÉBEC – La plaie n’est plus aussi vive, mais elle n’a pas encore cicatrisé.

Trois jours après avoir échappé la coupe du Président aux mains de l’Océanic de Rimouski en deuxième période de prolongation du match no 7 de la finale du circuit Courteau, les Remparts de Québec ont repris l’entraînement jeudi matin, à l’aube de leur premier match de la Coupe Memorial.

Tourner la page sur un revers aussi cruel n’est guère une tâche facile, mais avec aussi peu de temps à sa disposition, la troupe de Philippe Boucher n’a pas eu le choix. Les sacs d’équipement venaient à peine d’être chargés à bord de l’autobus les ramenant à Québec que déjà, les joueurs des Remparts devaient chasser ce douloureux souvenir de leur mémoire.

Un message que l’entraîneur-chef a aussitôt pris le soin de signaler à ses vétérans assis à l’arrière du véhicule.

« Au cours d’un trajet de trois ou quatre heures en autobus, on n’a souvent pas le choix, il faut aller aux toilettes », a d’abord rigolé avant de reprendre son sérieux.

« C’est l’un des plus beaux tournois avec le Championnat du monde de hockey. Ce n’est pas le temps de s’apitoyer sur notre sort. […] On veut qu’ils passent à autre chose. On compte sur un groupe de joueurs relax et confiants. Ça ne donnerait rien qu’on leur reparle des si, des ça ou des buts manqués. »

Les joueurs des Remparts savent en effet très bien ce qu’ils ont bien et mal fait au fil de leur lutte au coude à coude avec l’Océanic. Inutile d’y consacrer du temps, d’autant plus que les Rockets de Kelowna, champions de la Ligue junior de l’Ouest (WHL), les attendent vendredi soir sur la patinoire du Colisée pour le premier match du tournoi.

« Je ne dirais pas qu’on n’en fait plus des cauchemars la nuit, il y a des jours où c’est difficile à avaler. Mais il faut vite passer à autre chose », insiste le vétéran Jérôme Verrier, se faisant l’écho de son entraîneur et de ses coéquipiers.

« Ça n’arrive pas souvent qu’on obtienne une deuxième chance comme celle-là », renchérit Zachary Fucale, qui pourrait devenir le troisième gardien de l’histoire depuis l’ajout d’une équipe hôte en 1983 à soulever la coupe Memorial deux fois.

Pour espérer répéter l’exploit de Mark Fitzpatrick (1987-1988) et Rod Branch (1994-1995), Fucale et ses coéquipiers devront d’abord amorcer la compétition en force face à une formation à la fois reposée et pratiquement inconnue.

Le repos ou le momentum?

Lorsque la mise en jeu initiale de cette rencontre sera effectuée, les Rockets auront pu profiter de huit jours complets de repos depuis qu’ils ont passé le balai sur leur finale face aux Wheat Kings de Brandon, le 13 mai dernier.

Si Kelowna aura donc jouit de plus d’une semaine pour disséquer le succès de leurs futurs adversaires à la Coupe Memorial, le personnel d’entraîneurs des Remparts n’a pas eu ce luxe.

« On regarde des bandes vidéo depuis deux jours, confie le général des Diables Rouges. On connaît leurs gros canons, c’est normal, mais on va essayer de déceler leurs tendances, surtout sur les unités spéciales. Pour le reste, il suffit de solidifier ce qui a fait notre succès cette année, plutôt que de se concentrer seulement sur l’autre équipe »

Boucher se soucie donc peu de la période de repos supplémentaire dont ses futurs rivaux ont pu bénéficier.

« Qu’ils aient gagné en quatre ou en sept, ça ne change pas grand-chose. Est-ce qu’une équipe reposée qui affronte une équipe encore sur l’adrénaline a l’avantage? Nous le saurons demain. »

Avantage ou pas, la fatigue ne sera pas une excuse, promet Verrier.

« Les Rockets sont arrêtés depuis longtemps, alors que nous on est encore dans le bain. On est encore chaud et prêt à repartir. […] S’il y a des gars qui sont fatigués, c’est qu’ils ne vont pas chercher suffisamment de motivation. Être à la Coupe Memorial devant tes partisans, ça amène tellement d’énergie qu’on devrait être capable de passer à travers tout le match. »

Tant mieux, car face à un club qui compte notamment sur l’attaquant allemand Leon Draisailt, troisième choix des Oilers d’Edmonton au dernier repêchage, de même que les défenseurs étoiles Josh Morrissey et Madison Bowey, la défensive des Remparts sera assurément mise à rude épreuve.

« Ils misent sur d’excellents joueurs, mais on se doit de garder le même style de jeu qu’à l’habitude. On va demeurer rapide et physique », souligne Verrier.

Des conseils judicieux

Dans l’espoir de saisir cette deuxième chance qui s’offre à lui et son équipe, l’entraîneur-chef et directeur général des Remparts pourra compter au cours du tournoi sur le savoir de son ancien coéquipier Éric Veilleux, qui a remporté la Coupe Memorial en 2012 à la barre des Cataractes de Shawinigan.

L’ancien patron des Remparts Patrick Roy est aussi dans les parages pour s’offrir en support à son successeur.

Le capitaine des Remparts Kurt Etchegary et l’attaquant Guillaume Gauthier n’ont pas chaussé les patins lors de la séance d’entraînement matinale, mais ils seront tout de même à leur poste vendredi face aux Rockets.

« Il fallait s’attendre à ça après une finale qui s’est terminée en prolongation lors du match no 7. Les gars se sont donnés, mais tout le monde devrait être au rendez-vous », a assuré Boucher.