QUÉBEC - Le 1er août prochain, ça fera exactement 40 ans qu'un adolescent de 17 ans de Trois-Rivières vivait ses premiers pas dans l'entourage de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. De statisticien des Draveurs à commissaire du circuit, en passant par les fonctions de directeur général avec les Remparts de Québec, Gilles Courteau n'a rien perdu de sa passion et de son amour pour la ligue, et il a encore beaucoup de temps et d'énergie à lui consacrer.

Rencontré dans le somptueux décor d'une salle de conférence du prestigieux Château Frontenac, alors que la ville de Québec et son historique Colisée battent au rythme du tournoi de la Coupe Memorial, Courteau dit encore se sentir d'attaque pour affronter les défis qui l'occupent déjà et tous ceux qui pourraient surgir.

« Je suis encore extrêmement passionné par le travail que je fais, assure-t-il. Il y a toujours autant de défis, et ce n'est pas un emploi routinier. J'ai toujours dit que le matin où le crayon serait trop pesant, ce sera terminé. Je n'aurai besoin de personne pour me dire qu'un changement est nécessaire. Le bureau des gouverneurs pourrait en décider autrement, mais au moment où l'on se parle j'ai encore beaucoup à donner. Je me couche avec des idées, et je me lève avec des idées. »

L'un des plus importants dossiers sur son bureau est sans doute celui entourant l'achat des Remparts par Québecor. Cette transaction, annoncée à la fin de novembre, a suscité beaucoup de réactions compte tenu du fait que l'empire médiatique est déjà l'actionnaire majoritaire de l'Armada de Blainville-Boisbriand. Six mois plus tard, le portrait est le même et Courteau n'avance aucun échéancier.

« Le mandat que j'ai est de revenir avec une proposition aux gouverneurs. Il n'y a pas de délai. Je vais m'assurer de faire ça comme il faut. Je ne veux pas traîner ça en longueur, mais je ne veux pas précipiter ma décision non plus », souligne-t-il.

Dans un contexte où Québec rêve de voir une équipe de la Ligue nationale de hockey meubler le Centre Vidéotron, un jour pas trop lointain, Courteau veut s'assurer qu'une formation du circuit Bettman puisse cohabiter avec les Remparts. Il donne en exemple ce qui se fait en Alberta et voit d'un très bon oeil Québecor à la tête des deux organisations.

« Dans l'Ouest, Calgary est propriétaire du club junior, Edmonton est propriétaire du club junior. Tu ne peux pas compétitionner contre un club de la LNH, mais un club junior a une raison d'être. Les Remparts connaissent beaucoup de succès depuis 19 ans dans notre ligue et tu ne peux pas mettre ça de côté. Mais il est nécesssaire de s'assurer d'implanter quelque chose de solide. »

Équipes plus ambitieuses

Au moment où il a accédé à la présidence de la LHJMQ le 13 février 1986, « dans des circonstances particulières et par accident », avoue-t-il, Courteau s'était fixé des objectifs couvrant trois grands thèmes : l'encadrement scolaire, la qualité du spectacle, et une couverture médiatique... favorable.

« À l'époque, les bagarres générales faisaient les manchettes, et il fallait des éléments positifs, des éléments nouveaux. Je voulais qu'on mette les joueurs en évidence. C'était ça, mon objectif. Il ne fallait pas que les amateurs de hockey viennent dans les arénas seulement parce que ça se battait », raconte-t-il.

Sur le plan scolaire, Courteau est conscient qu'il existe encore des critiques selon lesquelles les études et le hockey junior majeur ne peuvent aller de pair. À cela, il répond que son circuit a mis sur pied un programme de bourses d'études dont il est fier, en plus d'instaurer des règlements pour limiter les transactions impliquant des joueurs-étudiants et faciliter la réussite scolaire.

Et Courteau considère que sa ligue a fait des pas de géants en matière de crédibilité sur la glace. À partir du jour où il est devenu commissaire, il a dû patienter dix ans avant de célébrer une victoire à la Coupe Memorial, gracieuseté des Prédateurs de Granby, en 1996. Depuis, sa ligue a ramené le trophée en six autres occasions et participé à sept finales.

« Entre 1986 et 1996, le club du Québec était souvent le premier éliminé. À partir du mercredi, on n'était plus là. Et je réagissais très mal. Dans le temps, d'aller à la Coupe Memorial, c'était comme un bonbon. Tu venais de gagner le championnat de la ligue et tu avais atteint le summum. Il fallait changer la mentalité de nos gens. Depuis 1996, l'objectif lors de la première mise en jeu en septembre, est de gagner la Coupe Memorial. »