Initiations : Québec dit non à poursuivre les consultations
MONTRÉAL - Une prolongation des consultations portant sur les violences commises dans le hockey junior et possiblement dans d'autres sports a été écartée par les membres du gouvernement Legault siégeant sur la commission parlementaire.
Le député de Québec solidaire Vincent Marissal, l'instigateur de ce mandat d'initiative, avait demandé de poursuivre les travaux au terme des premiers témoignages entendus, mercredi, dont celui du commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ).
L'élu de Rosemont souhaitait creuser davantage la question des bizutages en invitant notamment d'anciens joueurs.
La ministre responsable du Sport, Isabelle Charest, croit que les parlementaires ont de l'« information pertinente » pour « améliorer les choses ».
« On a pu entendre les différentes organisations à savoir qu'est-ce qu'ils ont mis en place suite à des événements. (...) Est-ce que d'entendre tout ce qui s'est passé, puis toutes les différentes initiations, va faire en sorte qu'on mettra en place des choses plus spécifiques? Je ne suis pas certaine », a-t-elle affirmé en mêlée de presse, jeudi matin.
M. Marissal croit que les cinq groupes ayant comparu devant la commission parlementaire sont loin d'être suffisants.
« On a plus de questions que de réponses. Je pensais qu'on s'était entendu avec la CAQ pour commencer un travail, pas le bâcler. Puis malheureusement, c'est ce qu'on fait. Je pensais qu'on s'embarquait pour au moins trois périodes. Ils ont fermé la patinoire après la période d'échauffement », a-t-il déploré aux journalistes.
La veille, le commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau, a promis devant les députés l'application dès la saison prochaine d'un « code du vestiaire » afin d'éviter les initiations dégradantes et de briser la culture du silence au sein de ses 18 équipes.
Les audiences devant la Commission de la culture et de l'éducation découlent des révélations la semaine dernière concernant des initiations violentes dans le milieu du hockey junior, incluant des violences sexuelles, des actes de discrimination et d'autres formes d'abus.
Selon ce qui a été entendu en Cour supérieure de l'Ontario, de jeunes joueurs ont été torturés, séquestrés de force, rasés, dénudés, drogués, intoxiqués, agressés physiquement et sexuellement et forcés de boire de l'urine, notamment.
M. Courteau a assuré en commission parlementaire qu'après vérification, aucune de ses équipes n'a été impliquée dans les faits évoqués dans le jugement et mis en lumière par Radio-Canada.
La LHJMQ a également mentionné n'avoir reçu aucune plainte officielle en lien avec des initiations.
M. Marissal a dit avoir des victimes désirant parler publiquement. Sur sa liste de témoins, figurent aussi des psychologues du sport, des juristes ayant travaillé sur le processus de traitement des plaintes ainsi que des responsables de l'Officier des plaintes et de l'organisme Sport'Aide, a-t-il précisé.
Mercredi, des représentants de Hockey Québec et du Réseau du sport étudiant du Québec ont aussi répondu aux questions des députés. Ils ont notamment plaidé pour accorder davantage de moyens à l'Officier des plaintes.
L'Université McGill a également fait part de son expérience après avoir connu des actes de bizutage commis dans certaines de ses équipes sportives en 2005 et 2017.
Fabrice Labeau, premier vice-principal exécutif adjoint, études et vie étudiante de McGill, a expliqué que l'institution montréalaise indique maintenant clairement dans sa politique ce qu'elle considère comme des activités encouragées et celles prohibées avec une liste d'exemples.
Le président de la Ligue canadienne de hockey, Dan MacKenzie, a, de son côté, annoncé la mise sur pied à compter de la saison prochaine d'une formation obligatoire sur le respect et les mauvais comportements pour les joueurs des ligues dans son giron, soit celles de l'Ontario et de l'Ouest ainsi que la LHJMQ.