MONTRÉAL – « Le Phoenix renaît de ses cendres... »

Judes Vallée l’admet, le jeu de mots est facile. Mais qu’importe, l’entraîneur-chef en est convaincu. Après deux saisons laborieuses, le Phoenix de Sherbrooke est enfin prêt à rompre avec l’étiquette d’équipe d’expansion qui lui colle à la peau.

« Cette année sera la meilleure des trois selon nous », avance le pilote.

Après s’être faufilé en séries contre toute attente à sa première campagne, le Phoenix est vite revenu sur terre l’automne suivant, concluant la saison au 18e et dernier échelon du classement général.

« Ce fut très difficile, comme prévu », reconnaît Vallée. « On a rivalisé jusqu’aux Fêtes, mais on a fait quelques échanges et laissé partir plusieurs vétérans en retour de jeunes joueurs, ce qui nous a mis dans le trouble. »

C’est ainsi que le Phoenix n’a arraché que trois petites victoires entre son retour du congé des Fêtes et la conclusion du calendrier régulier. De quoi inciter le directeur général Patrick Charboneau à promettre de changer le visage de sa formation.

« Il a tenu parole », assure Vallée, qui écoule la dernière année de son contrat.

Judes ValléeDe tous les joueurs qui ont enfilé l’uniforme du Phoenix à au moins une reprise l’an passé, seul 13 d’entre eux sont en effet de retour.

Intouchables, Daniel Audette et Jérémy Roy sont toujours les locomotives du club, mais à 18 et 17 ans respectivement, ils ne peuvent tout faire seuls.

« Les commandes étaient claires, on devait s’assurer d’avoir plus de leadership, de caractère et d’expérience dans le vestiaire. C’est une ligue de 19-20 ans. Quand tu as une équipe mature, tu as des chances de gagner. Autrement, c’est plus compliqué », rappelle Vallée.

Une nouvelle mentalité

Histoire de quitter le sous-sol de la LHJMQ et de monter au rez-de-chaussée, le Phoenix a donc greffé à son alignement les vétérans Liam O’Brien, Raphaël Lafontaine et Aaron Hoyles, qui occupaient des postes de capitaine ou d’adjoint avec leur équipe respective l’an passé. Si l’impact de ces derniers sera certain sur la patinoire, il aura surtout un effet bénéfique dans le vestiaire, espère Vallée.

« Travailler sur notre culture d’équipe pour l’avenir, c’est ce qu’on voulait faire l’an passé, mais c’était compliqué. Tout vient avec la victoire, mais quand tu ne gagnes pas, tu perds confiance. C’est une roue qui tourne, tout le monde était un peu lésé en fin de saison. Ça devenait moins grave de perdre. »

« C’est sûr qu’il y avait des gars qui l’acceptaient peut-être, confirme le défenseur étoile Jérémy Roy. Bien que ça faisait suer de perdre, c’était moins frustrant qu’en début d’année. Cette année, c’est une nouvelle mentalité que Judes Vallée veut amener. On se doit d’être compétitif et d’avoir toujours la pédale au plancher, et ce peu importe le pointage. »

Si ce changement de philosophie s’opère déjà selon l’entraîneur-chef, il est toutefois encore loin d’être complété.

« On travaille fort là-dessus et je pense même que cela pourrait nous coûter quelques défaites en début de saison. Cette année, on veut bien jouer, mais aussi performer (sic). O’Brien, Hoyles et Lafontaine veulent gagner et ça paraît déjà dans le vestiaire. Le fait qu’on ait connu un bon camp, ça donne le goût à tout le monde », observe Vallée, dont l’équipe a terminé le calendrier préparatoire avec un dossier de quatre victoires et deux revers.

Le Phoenix aura une première occasion d’afficher une combativité renouvelée vendredi soir, alors qu’il lancera sa saison à domicile face aux Remparts de Québec, les hôtes du tournoi de la Coupe Memorial.

De grâce, des buts!

Dans l’espoir de secouer l’ordre établi du circuit Courteau et d’atteindre les objectifs fixés, soit le milieu du classement général, la troupe de Vallée se devra de montrer plus qu’un nouvel état d’esprit. Il faudra aussi marquer des buts. Simple, mais vital.

Jérémy RoyEn comptant 120 buts de moins qu’il en a alloués (300) en 2013-14, le Phoenix a facilité la tâche de ses rivaux.

« On a passé beaucoup trop de temps en zone défensive. On n’avait même plus besoin de travailler cet aspect de notre jeu pendant les pratiques, car on le faisait durant les matchs et ça ne fonctionnait même pas! On perdait nos batailles à un contre un, en plus de manquer de force physique et d’expérience », note Vallée.

Maintenant plus outillé, l’entraîneur-chef peut toutefois espérer mieux cette saison.

« On veut passer plus de temps en territoire offensif et c’est ce qu’on a fait durant les matchs hors-concours, assure-t-il. Cette année, je vais pouvoir jouer avec mes trios et il y aura une meilleure compétition à l’interne. L’an passé, j’avais un bon trio et ça se compliquait par la suite. »

Évoluant cette saison dans une division Ouest moins relevée que par le passé, la progression du Phoenix dans la hiérarchie de la LHJMQ est non seulement probable, elle est indispensable aux yeux de Vallée.

« C’est difficile de prédire le rendement des autres équipes, mais c’est évident qu’on ne peut pas connaître une autre saison comme les deux précédentes. »