QUÉBEC – L’Océanic de Rimouski a beau être champion du circuit Courteau, la fierté du Bas-Saint-Laurent a ses défauts.

Ils ne sont pas nombreux, certes, mais l’un d’entre eux est particulièrement persistant et difficile à chasser pour la troupe de Serge Beausoleil. En route vers la Coupe Memorial, elle a en effet souvent dû être rappelée à l’ordre par la compétition avant de saisir l’urgence de la situation.

Il y a d’abord eu les mises en garde lancées par les Tigres, les Olympiques et les Foreurs lors des trois premiers tours éliminatoires des séries, avant que les Remparts ne poussent l’Océanic jusqu’en prolongation lors du septième match de leur finale.

Puis, il y a eu le match de samedi...

Un revers de 4-3 qu’ils préfèrent oublier contre les Generals d’Oshawa et qui les confronte à la réalité. Une défaite ce soir contre les Rockets de Kelowna et les représentants québécois s’encombreront d’un gênant dossier de 0-2 dans le tournoi.

« C’est partie intégrante de notre identité. On aime être mis au défi et on aime être dans des situations cruciales. On en a une », note l’entraîneur-chef Beausoleil.

En cas de victoire, l’Océanic s’assurerait à tout le moins de disputer le match de bris d’égalité de jeudi. Un gain ne ferait pas seulement l’affaire des Rimouskois, mais aussi des Generals, qui seraient alors propulsés directement en finale, peu importe l’issue de leur troisième et dernier duel de la ronde préliminaire.

« C’est le match le plus important de notre saison », juge l’attaquant Frédérik Gauthier dans une formule consacrée.

« À Guindon de prendre le filet, à lui de le garder »

Une situation familière

Il ne s’agira toutefois pas du premier match sans lendemain pour les joueurs de l’Océanic, qui n’ont pas à ressasser longtemps leurs souvenirs pour se rappeler la marche à suivre.

Tirant de l’arrière 3-2 dans la série et accusant un déficit de 4-1 dans le match no 6 face aux Remparts, les hommes de Beausoleil ont d’abord complété la remontée avec à peine une minute et une seconde à faire au dernier tiers, avant d’être sauvés en première période de prolongation par Jan Kostalek.

Le lendemain, c’était au tour de Michaël Joly de trancher en deuxième période de prolongation, permettant du coup à son capitaine Alexis Loiseau d’aller prendre possession de la coupe du Président.

« Ce n’est pas qu’on veut mal faire, mais nos débuts de séries ont été plus difficiles, et contre les Remparts, nos débuts de matchs ont aussi été plus difficiles. Mais on a fini par gagner. On a prouvé qu’on a du caractère, et on va le faire encore demain (lundi) soir », assure le géant Samuel Morin.

Il serait difficile d’en douter. Malgré la domination presque complète des Generals samedi, l’Océanic a comblé deux autres déficits, dont un de deux buts, avant de s’avouer vaincu.

La détermination ce n’est toutefois pas suffisant face à l’élite du pays. L’exécution doit aussi être au rendez-vous.

« Nous avons créé trop de revirements »

« J’ai regardé une par une chacune des fois où on a donné la rondelle et il y en a eu 50. Chez les pros, c’est entre 10 et 15 par match. (Dans la série) contre les Remparts, il y a eu un match où on en a alloué 19, ce qui est excellent pour du hockey junior, mais 50, c’est énorme et anormal, surtout qu’on insiste là-dessus », dénonce Beausoleil.

« Ce n’est pas très compliqué, ils (les Generals) ont travaillé plus fort et mieux géré la rondelle que nous, ce qui ne pardonne pas à ce niveau, convient Loiseau. Avec 50 revirements, on ne se donne pas de chances de gagner. »

Si Loiseau n’a rien à se reprocher sur le plan individuel, marquant notamment le dernier d’une longue série de buts opportuns dont lui seul a eu le secret cette saison et en séries, Beausoleil ne peut en dire autant de certains autres attaquants.

« Nos attaquants prolifiques qui sont complètement absents en ce moment, on ne leur demande pas de compter des buts, mais simplement de provoquer des chances de marquer et créer quelque chose de positif quand ils sont sur la patinoire. [...] Si tu es invisible pendant tout un match ou qu’on te voit seulement quand tu donnes la rondelle à l’adversaire, ça ne marche pas. Il faut lever notre jeu d’un cran », exige l’entraîneur-chef.

« Il faut jouer simple »

Un œil sur Draisaitl

Le patron de l’Océanic aura en effet besoin de la contribution de tout son monde face à une équipe qui promet d’être tout aussi affamée.

Vaincus par les Remparts lors du tout premier match de la compétition vendredi dernier, les Rockets (0-1) sont eux aussi à la recherche de leur premier triomphe depuis qu’ils ont débarqué à Québec.

« C’est un club qui nous ressemble, analyse Beausoleil. Avec beaucoup de deuxièmes vagues d’attaque, de même que des défenseurs qui se portent à l’attaque et qui bougent bien la rondelle, ils sont très offensifs. Leur exécution n’était peut-être pas à point (face aux Remparts) avec le décalage et le manque de synchronisme dû au fait qu’il n’avait pas joués depuis un bon bout de temps, mais ce sera un bon match. »

L’Océanic devra notamment avoir à l’œil Leon Draisaitl, un joueur de centre qui a disputé 37 matchs avec les Oilers d’Edmonton en début de saison avant d’être rétrogradé dans les rangs juniors.

Limité à un but par les Remparts, qui l’ont notamment entraîné au cachot pendant 10 minutes en début de troisième période, l’Allemand a néanmoins été menaçant tout au long de la soirée.

« Est-ce qu’il retourne au banc parfois? Il doit jouer autour de 30 minutes par match », s’interroge Beausoleil, pleinement conscient du danger.

C’est pourquoi il risque de lui mettre Gauthier dans les pattes. Le genre de mission dont l’espoir des Maple Leafs Toronto s’acquitte généralement bien.

Le fardeau de freiner une attaque explosive qui mise de plus sur l’espoir de premier tour Nick Merkley et le protégé des Sharks de San Jose Rourke Chartier reposera également sur les épaules du gardien Louis-Philip Guindon. Ce dernier a été préféré à son collègue Philippe Desrosiers, chancelant face aux Generals.