Ça y’est nous sommes rendus ! Le moment tant attendu pour les amateurs de hockey junior est arrivé alors que vendredi s’amorcera, à Halifax, la 44e finale de la Ligue de hockey junior majeur du Québec entre les Mooseheads et le Drakkar de Baie-Comeau. Ce sera la 14e fois de l’histoire, la première depuis 2009, que les deux meilleures équipes au classement général en viendront aux prises dans l’étape ultime. Les Mooseheads se présentent dans cette finale avec 18 victoires de suite (12 en séries et les 6 derniers matchs de la saison) en fait personne n’a vaincu les Mooseheads en temps réglementaire depuis les Wildcats de Moncton le 8 février, ça fait presque trois mois ! Halifax a donc disputé 29 matchs de suite sans revers en 60 minutes. La dernière fois que les protégés de Dominique Ducharme ont subi un revers au Metro Center (ou auront lieu les deux premiers matchs) remonte au 26 janvier, une défaite de 4–2 face aux Remparts, ils ont donc gagné leurs 16 derniers matchs à la maison. Du côté du Drakkar, il se présente à Halifax avec une fiche de 12–2 en séries n’ayant permis que 23 buts en 14 matchs éliminatoires. Le Drakkar n’a pas perdu devant ses partisans depuis le 5 mars (revers de 2–1 face aux Remparts) on parle donc de 9 victoires de suite à la maison.

Au delà de tous ces chiffres la série Mooseheads/Drakkar s’annonce captivante à plusieurs niveaux. D’abord les deux entraîneurs se connaissent bien et sont d’anciens coéquipiers ayant joué pour les Hawks de Hawkesbury de la Ligue centrale Junior A de l’Ontario en 90–91, les deux étaient alors dirigés par Bob Hartley. Les deux dirigeants se sont aussi brièvement retrouvés avec les Aces de Cornwall dans la Ligue Américaine quelques années plus tard. Ils sont tous les deux des « élèves » de Bob Hartley, d’ailleurs le fils de Bob, Steve, est l’entraîneur-adjoint des Mooseheads et tout ce beau monde à l’habitude de se retrouver, à chaque été, à Hershey pour l’école de hockey de l’entraîneur des Flames. Bob Hartley a souvent épaulé Éric Veilleux dans sa carrière d’entraîneur, comme ce fut le cas l’an dernier a Shawinigan, mais cette année Veilleux ne pourra vraisemblablement pas compter sur l’appui de son mentor en grande finale considérant la présence du fils Hartley chez les Mooseheads.

Mais il y a plus, en juin 2011, le Drakkar a sélectionné Nathan MacKinnon au premier rang de la séance de sélection de la LHJMQ on connait la suite : le jeune surdoué a tourné le dos au Drakkar et le DG Steve Ahern a du se résigner à l’échanger aux Mooseheads. De cette spectaculaire transaction le Drakkar a obtenu les attaquants Carl Gélinas, Francis Turbide ainsi que trois choix de première ronde. Un de ces choix est devenu le défenseur Alexis Vanier (2012) alors qu’un autre choix (2013) a été troqué aux Olympiques pour faire l’acquisition du défenseur Dominic Poulin. C’est donc dire qu’en ce moment le Drakkar aligne quatre joueurs issus de ce troc. Il y a fort à parier comme ce fut le cas à ses deux seules visites en carrière (8 février 2012 et le 1er février 2013) que MacKinnon sera hué à chaque fois qu’il touchera au disque au Centre Henry-Leonard de Baie-Comeau.

En 2009–2010, le Drakkar et les Mooseheads avaient respectivement terminés 17e et 18e au classement général, ce ne fut guère mieux l’année suivante avec des 15e (Halifax) et 17e (Baie-Comeau) positions mais, deux ans plus tard, avec des sélections de repêchages judicieuses et des transactions intéressantes, les deux équipes se retrouvent au sommet comme quoi la roue tourne au hockey junior.

Éric Veilleux tentera de devenir le 4e entraîneur chef du circuit à gagner la Coupe du Président comme « coach » après l’avoir gagné comme joueur : Guy Chouinard, Robert Mongrain et Gerard Gallant ont réussi ce tour de force avant lui. La tâche ne sera pas facile pour le Drakkar qui participe à la première finale de son histoire à sa 16e année d’existence. Les Mooseheads aspirent aussi à la première Coupe du Président de leur histoire après s’être incliné en finale en 2003 et en 2005. Les Mooseheads ont fait leur entrée dans le circuit en 94–95.

En saison régulière les deux protagonistes se sont affrontés en deux occasions et Halifax à signé la victoire lors des deux matchs : le 21 novembre à domicile 6–2 et le 1er février à Baie-Comeau 3–1.

On parle de deux excellentes équipes qui atteignent la finale mais en principe la profondeur des Mooseheads fera la différence. Bien peu d’équipes peuvent se targuer de miser sur des joueurs de 20 ans comme Stefan Fournier et Stephen MacAulay sur un 3e trio et bien peu d’équipes peuvent aussi compter sur trois choix de première ronde potentiels dans la même équipe dont deux (MacKinnon et Drouin qui devrait sortir dans le top-5 du repêchage). Les Mooseheads ressemblent en plusieurs points aux Sea Dogs de 2010–11 qui ont tout raflé. Le Drakkar, qui aime son statut de négligé, va livrer une belle lutte mais devrait s’avouer vaincu et, pour la 4e année de suite, la Coupe du Président demeurera dans les maritimes après des arrêts à Moncton et Saint John…HALIFAX EN SIX