BOISBRIAND - Pour Jérémy Roy, la dernière saison se voulait un nouveau départ. Une rampe de lancement vers les professionnels.

Elle l’a plutôt propulsé dans la loge 202 du Centre d’excellence Sports Rousseau.

Ce soir, comme c’est le cas depuis octobre dernier, c’est de là que le défenseur de 19 ans observera ses coéquipiers de l’Armada de Blainville-Boisbriand tenter de réduire l’écart dans la série finale de la LHJMQ, menée 2-0 par les Sea Dogs de Saint John.

« C’est plate, mais c’est mieux que de ne pas venir pantoute. J’aimerais 100 mille fois mieux être sur la glace, mais c’est mieux que de ne rien faire et rester chez nous à regarder [le match] sur l’ordi », confiait récemment l’espoir des Sharks de San Jose.

N’eût été une grave blessure au genou gauche, c’est dans un rôle de premier plan qu’il aiderait les siens à livrer bataille aux Sea Dogs. C’est en prévision d’un moment comme celui-ci que l’Armada avait fait son acquisition du Phoenix de Sherbrooke pendant la saison morte.

Le général de cette défense, ce devait être lui.

« C’était un nouveau départ pour moi. J’avais l’occasion de juste recommencer, apprivoiser une nouvelle équipe et un nouveau système, rappelle Roy. C’est sûr que j’espérais avoir une grosse année pour prouver que ce n’était pas parce que j’avais été blessé l’année d’avant que je n’étais pas capable de jouer à un haut niveau. »

Au fil de ses 10 premiers matchs du calendrier, c’est ce qu’il a fait. Deux déchirures ligamentaires au genou gauche subies le 22 octobre dernier dans un match face aux Screaming Eagles ont toutefois freiné abruptement ses aspirations.

Si la rupture de son ligament collatéral interne ne nécessitait pas de chirurgie pour être soignée, la déchirure de son ligament croisé antérieur l’exigeait cependant. Ce n’est par contre que deux mois plus tard que Roy a pu prendre place sur la table d’opération.

« Les médecins voulaient attendre que le ligament collatéral interne commence à guérir avant de m’opérer. Théoriquement, il guérit tout seul, mais ils ne voulaient pas prendre la chance qu’il ne guérisse pas et que je doive être opéré une deuxième fois après avoir récupéré de la première opération. »

La chirurgie a finalement eu lieu le 19 décembre. Pronostic : six mois à l’écart, et surtout, une saison à l’eau.

« Les deux premières semaines ont vraiment été difficiles, jusqu’à ce que je réalise que je ne pouvais pas faire plus que ma réhabilitation », confie Roy, qui récupère peu à peu ses capacités.

« Je viens de recommencer à jogger, mais je ne peux pas encore faire de sprints ou de mouvements latéraux [...] Le fait de pouvoir en faire plus, c’est le fun. Ç’a été long pendant trois mois d’y aller qu’à pas de bébés », se réjouit Roy, qui avait été limité à 46 et 45 matchs lors des deux saisons précédentes.

« C’est un long cheminement que de revenir d’une blessure comme celle-là, mais il le sait », assure le directeur général et entraîneur-chef de l’Armada, Joël Bouchard. « Il faut qu’il soit égoïste et qu’il s’occupe de lui, sans être une distraction pour l’équipe. »

Rentré chez lui sur la Rive-Sud de Montréal pour y poursuivre sa convalescence, Roy n’a pas pour autant déserté le domicile de l’Armada. En plus d’assister à chacun des matchs de son équipe, le choix de deuxième ronde des Sharks en 2015 a enchaîné les aller-retour pour ses séances de physiothérapie.

« Je m’arrangeais pour avoir mes rendez-vous un peu avant ou un peu après la pratique de l’équipe. En restant dans l’entourage, je gardais la même routine pour ne pas virer fou à ne rien faire. »

Jérémy RoyUne autre saison junior?

À moins d’un recul dans sa guérison, Roy devrait renouer avec la patinoire en juin prochain et aura donc quelques mois à sa disposition pour retrouver la forme en vue de la prochaine campagne. Reste à voir maintenant où le jeune arrière aura l’opportunité de revenir en force.

« Je pense qu’à long terme, cette blessure n’aura pas d’impact. À court terme, j’ai perdu une saison. Est-ce que je vais revenir à un niveau où ça paraîtra, ou serai-je à 100 %? On va voir en temps et lieu », note-t-il avec lucidité.

« Mon objectif, c’est de jouer dans la Ligue américaine, mais si je reviens junior, je vais mettre les bouchées doubles pour remonter le plus vite possible, ajoute Roy. Je ne serai pas fâché si c’est parce que je me suis blessé que je reviens. »

Une éventualité que Bouchard n’est pas prêt à écarter non plus.

« Quand il va revenir, il va avoir le couteau entre les dents parce que ça va lui avoir beaucoup manqué. On va être là pour l’encadrer et le guider tout au long de l’été. Les portes sont toutes ouvertes pour lui. Il va avoir 20 ans. Une carrière professionnelle, c’est long. »