MONTRÉAL – Mario Durocher a l’âme en paix.

 

Si son téléphone ne sonne jamais plus, tant pis. Sa carrière d’entraîneur-chef sera terminée et il est prêt à l’accepter. C’est le risque qu’il a décidé de courir il y a un peu plus d’une semaine quand, après mûre réflexion, il a remis sa démission aux Foreurs de Val-d’Or.

 

« Il y a parfois des décisions qui faut qui se prennent et faut vivre avec... »

 

Durocher en était rendu là.

 

« Il y a une seule raison pour laquelle je suis parti de Val-d’Or, et c’est parce qu’il y avait une incompatibilité de travail avec mon directeur gérant (Pascal Daoust). Il n’y a pas d’autres raisons », insiste-t-il toujours.

 

Durocher est depuis rentré chez lui à Fitch Bay en Estrie avec toute la sérénité qui l’honore. C’était le choix à faire, peu importe les conséquences sur la suite de son parcours d’entraîneur, estime-t-il.

 

« C’est une passion pour moi, mais si le destin me dit “regarde, tu en as fait assez”, il n’y a pas de problème là. »

 

Il y aura toujours le bois, son refuge... son plan B.

 

Pour l’instant, c’est ce qui occupe cet ingénieur forestier de métier qui dirige sa propre entreprise.

 

« J’ai mes contrats de foresterie et je vais pouvoir mettre la main à la pâte », se console celui qui a toujours su mener ses deux carrières en simultané avec l’aide d’employés et de sous-traitants. « Ç’a tout le temps été ma sécurité. J’ai pu réaliser les deux sans que ça ait un impact l’un sur l’autre. »

 

Deux occupations si distinctes, mais ô combien complémentaires pour Durocher.

 

« Le hockey, c’est parfois ingrat. C’est une passion et c’est une passion du peuple, mais ça vient avec une pression. Quand je m’en vais dans le bois et que je marche avec un client sur son terrain, c’est la béatitude. »

 

La grosse paix...

 

Cette quiétude ne pourrait toutefois qu'être temporaire pour Durocher. À 54 ans, la passion du coaching brûle toujours, jure-t-il. Suffit d’un appel...

 

« Quand Danny [Flynn, l’entraîneur-chef des Sea Dogs de Saint John] a démissionné l’été passé, je suis devenu le plus vieux de la gang, mais je me sens encore en forme et capable de faire la job. »

 

Comme entraîneur-chef, comme adjoint, peu importe.

 

« Je suis prêt à faire n’importe quoi pour aider un club de hockey, qu’il soit junior majeur ou n’importe quoi [d’autre]. »

 

Avec 500 victoires à sa fiche, un plateau atteint par seulement trois autres pilotes dans l’histoire de la LHJMQ (Richard Martel, Guy Chouinard et Réal Paiement), Durocher serait en droit de patienter jusqu’à ce qu’un poste d’entraîneur-chef lui soit offert, mais ce serait mal le connaître que de penser ainsi.

 

« On parle de mes 500 victoires, mais j’en ai environ 200 autres comme entraîneur adjoint et je pense qu’elles sont aussi importantes. Le chapeau est différent, mais tu es autant utile. », rappelle celui qui a occupé divers postes d’adjoint au fil des années dans le circuit Courteau.

 

Mario DurocherTout ce qu’il espère, c’est coacher à nouveau.

 

« Je suis sûr que ça va me fatiguer le bout des doigts, mais on va y aller étape par étape. Je suis serein », martèle-t-il.

 

D’ici à ce qu’une occasion se présente, Durocher a de quoi meubler son temps.

 

« Je ne suis pas inquiet, il y a tout le temps de quoi à faire. Il y a aussi des vacances au travers de ça. Fait longtemps que je n’ai pas fait ça l’hiver. »

 

Qui sait, il en profitera peut-être pour essayer la pêche sur la glace. Et si jamais ce temps d’arrêt se prolonge, Durocher se promet d’aller à la chasse l'automne prochain, ce qu’il n’a pas fait depuis une éternité.

 

« Je me suis toujours dit que lorsque j’arrêterais le hockey, je pourrais retourner à ces amours-là. Il y a beaucoup de choses à faire dans la vie, tsé... »

 

Non, il n’y a pas que le hockey.

 

« Peut-être que dans deux semaines, le téléphone va sonner. Peut-être qu’il ne sonnera plus et je vais être correct avec ça. »