La séance de sélection de la LHJMQ aura lieu les 5 et 6 juin prochain en réalité virtuelle et diffusée, COVID-19 oblige, sur YouTube.  Comme chaque année, observateurs et représentants des médias s’affairent à dresser les portraits de ceux qui devraient être les premiers choix de cette cuvée. 

Certes, le défenseur Tristan Luneau a de bonnes chances de devenir un brillant joueur au hockey professionnel, mais d’autres joueurs qui seront réclamés beaucoup plus tard au cours des 14 rondes de ce repêchage pourront mêler les cartes et passer du statut de « négligés » au statut de « convoités ».

Un retour en arrière nous permet de constater que certains joueurs, dont on n’a jamais parlé le jour de leur séance de sélection dans la LHJMQ, sont devenus de très bons joueurs de hockey dans la LNH.

Séance de sélection de 2010

Le 2 juin 2010 au Centre Marcel-Dionne de Drummondville la fébrilité de la séance de sélection met en vedette les défenseurs Michael Matheson et Dillon Fournier des Lions du Lac St-Louis, les attaquants Luca Ciampini des Grenadiers de Châteauguay et Charles Hudon des Vikings de Saint-Eustache et le gardien de but François Tremblay des Élites de Jonquière. Ces cinq excellents espoirs sont réclamés respectivement 27e, 1er, 2e, 6e et 4e

Il faut dire que Matheson avait clairement exprimé son désir d’aller du côté américain. Toutefois, 10 ans plus tard, lorsqu’on consulte la liste des 212 joueurs réclamés ce samedi de juin, c’est beaucoup vers les pages 4, 5 et 6 du cahier qu’on retrouve des sélections intéressantes. 

D’abord en 5e ronde les Foreurs de Val-d’Or avaient choisi un grand ailier de 6 pieds et 154 livres du Collège Français Midget Espoir : Anthony Mantha. Val-d'Or avait sélectionné avant lui le gardien Tremblay de même que Julien Leduc et Félix Chamberland. 

Pourtant, en 2013, lors de la séance de sélection de la LNH, Mantha est devenu un choix de première ronde. Il a connu deux saisons de 50 buts dans la LHJMQ et il a été choisi joueur par excellence au hockey junior canadien en 2013-2014. Si on refaisait la séance de 2010, Mantha serait choisi au 1er rang sans conteste. Pourtant personne n’avait parlé de lui dans les prévisions pré-sélection.

Vous serez peut-être surpris d’apprendre qu’en 2010, parmi les 212 espoirs réclamés à Drummondville, c’est celui qui a été choisi au 98e rang qui compte aujourd’hui le plus de matchs disputés dans la LNH. Réclamé en 6e ronde par le Junior de Montréal, Cédric Paquette, originaire de Gaspé et ayant évolué pour les Albatros du Collège Notre-Dame de la Ligue Midget AAA, devance tous les joueurs de cette cuvée. Avouons tous que le 2 Juin 2010 personne ou à peu près ne s’était soucié de cette sélection pas plus d’ailleurs de celle des Screaming Eagles du Cap-Breton en 4e ronde, William Carrier, qui est aujourd’hui un attaquant régulier des Golden Knights de Vegas.   

D’autres exemples en 2013

En 2013 la séance de sélection des joueurs midget a lieu au Centre Georges-Vezina à Chicoutimi. Nicolas Roy et Anthony Beauvillier sont les deux premiers joueurs réclamés, mais sachez qu’il a fallu attendre le 22e échelon pour entendre le nom de Thomas Chabot, qui pourtant, deux ans plus tard, est devenu un choix de 1re ronde des Sénateurs d’Ottawa lors de l’encan de 2015 de la LNH. 

Thomas Chabot

Toujours lors de cette même cuvée de 2013 à Chicoutimi d’autres joueurs qui avaient passés plus inaperçus parmi les 253 joueurs réclamés sont aujourd'hui des noms connus, c’est le cas de Mathieu Joseph qui a dû patienter au 51e rang avant de devenir la propriété des Sea Dogs de Saint John. Philippe Myers a quant à lui est réclamé au 58e rang par les Huskies de Rouyn-Noranda, il est maintenant un arrière régulier des Flyers de Philadelphie même s’il n’a jamais été réclamé lors de l’encan de la LNH.

Enfin, que dire de la judicieuse sélection de Samuel Blais par les Tigres de Victoriaville en 8e ronde au 129e rang.  lais n’était certes pas imposant physiquement à cette époque mais il a fait son chemin jusqu’à la LNH avec les Blues de St. Louis avec lesquels il a soulevé la Coupe Stanley en juin 2019.  

Un dernier exemple en 2015

Personne n’a fait grand état non plus, en 2015, du choix de 6e ronde des Eagles du Cap-Breton Drake Batherson. Avec 54 points en 44 matchs avec les Sénateurs de Belleville de la Ligue Américaine en 2019-2020, l’attaquant de la Nouvelle-Écosse était sur le point de s’établir à Ottawa avec l’équipe qui l’a réclamé plus tard qu’il n’aurait dû l’être en 4e ronde en 2017 après qu’il ait été complètement ignoré à sa première année d‘admissibilité en 2016.

Mon collègue à la diffusion des matchs du Rocket de Laval à RDS et ancien joueur de la LNH Bruno Gervais mentionne souvent que la journée du repêchage est la journée la plus « surévaluée » du hockey. Si c’est vrai dans la LNH, ce l’est probablement encore plus dans la LHJMQ. Peu importe le rang de sélection les meilleurs auront la chance d’arriver à leurs fins peu importe le chemin sinueux qu’Il leur faudra prendre pour y arriver...