QUÉBEC - Comme Jean Béliveau avant lui, Guy Lafleur a animé plusieurs mémorables soirées de hockey au Colisée de Québec avant de connaître une illustre carrière dans l'uniforme du Canadien. La saison de rêve des Remparts en or en 1970-1971 restera gravée comme une des plus prolifiques de hockeyeurs dans l'histoire de 66 ans du vieil édifice de Limoilou.

Vendredi, 44 ans plus tard, Lafleur et 15 de ses coéquipiers de l'époque ont pu se remémorer de joyeux souvenirs, dans le cadre du tournoi de la Coupe Memorial, qui est le dernier événement de hockey à prendre place au Colisée Pepsi.

De l'entraîneur Maurice Filion à André Savard, en passant par les Michel Brière et Paul Dion, ils étaient tous heureux de se retrouver après tant d'années. Pierre Roy ne passait pas inaperçu en portant le veston de couleur bourgogne d'antan de l'équipe. Plusieurs d'entre eux ne s'étaient pas revus depuis une quarantaine d'années!

« Il y en a que je n'ai pas reconnus, a lancé Maurice Filion. C'étaient des petits gars gros comme des poux quand je les ai dirigés. Après toutes ces années, ils ont pris un peu de poids. »

Le temps a passé, mais à voir la complicité qu'ils affichaient c'était comme s'ils ne s'étaient jamais perdus de vue.

« On s'est rappelé nos petites anecdotes. On n'en a pas appris de nouvelles. Nos secrets, on les garde pour nous », s'est amusé Filion, droit comme un chène à l'âge de 83 ans.

En 1970-1971, les Remparts ont conservé une fiche de 54-7-1 avant de retrouver en finale canadienne les Black Hawks de St.Catherines, qui avaient Marcel Dionne dans leurs rangs.

Les Remparts ont pris les devants 3-2 dans la série quatre de sept avant que les Black Hawks ne déclarent forfait. C'est que le quatrième match de la série au Colisée s'était terminée en queue de poisson, et les Black Hawks ne voulaient plus revenir jouer à Québec.

« Nous étions très confiants contre eux parce que nous avions les éléments pour rivaliser avec eux, même sur le plan de la robustesse. Nous les aurions battus même s'ils avaient continué la série », a estimé Lafleur, qui avait connu une saison de 130 buts et de 209 points en 62 matchs.

Les Remparts ont par la suite lancé un défi aux champions de l'Ouest, les Oil Kings d'Edmonton, dans une série deux de trois qui s'est déroulée à Québec. Les Remparts ont aisément signé deux victoires.

« Ça travaillait tout le temps, tout le monde travaillait, a souligné Filion. C'est ce qui faisait notre force. Nous avions également beaucoup de talent. On ne peut pas gagner la Coupe Memorial sans joueurs de talent. »

Aucune nostalgie

Lafleur n'est pas du tout chagriné face à l'éventuelle démolition du Colisée, qui cédera le pas au moderne Centre Vidéotron en septembre.

« À un moment donné, il faut tourner la page, a-t-il mentionné. Le problème avec ces gros édifices, ce sont les coûts excessifs d'entretien. En arrivant ici tantôt, j'ai vu le nouveau Colisée. De passer devant, c'est impressionnant. Celui-là fait tellement pic-pic à côté, c'est mieux de le détruire. Il va être recyclé en stationnement, je crois bien. »

Interrogé à savoir si le nouvel amphithéâtre pourrait réaccueillir sous peu une équipe de la LNH, le Démon blond a répondu avec son franc parler habituel.

« Je ne sais pas pourquoi vous vous inquiétez, moi je ne suis pas inquiet. Je suis certain qu'il va en avoir une équipe (de la LNH). Je n'ai pas de scoop là-dessus, mais je suis convaincu. Ils n'ont pas construit cet amphithéâtre-là pour rien, pas pour des spectacles en tout cas. Tant mieux s'il y a des spectacles. Mais je suis persuadé qu'il y une équipe qui s'en vient, et dans un avenir très très rapproché. »