MONTRÉAL - Xavier Parent n'a pas su comment réagir lorsqu'il a appris qu'il avait été échangé par les Mooseheads de Halifax, mais il a vite retrouvé ses sens au moment de connaître sa nouvelle destination.

Quelques mois après être passé à une victoire de soulever la coupe Memorial, Parent était chez lui à se préparer pour la prochaine saison lorsque son directeur général, Cam Russell, lui a annoncé qu'il était échangé pour la première fois de sa carrière, en août.

« Je ne savais pas comment prendre ça, je tremblais. Je suis ensuite monté voir ma mère, nous avons célébré et c'est à ce moment que j'ai appelé Samuel (Poulin) pour lui dire que j'étais échangé au Phoenix de Sherbrooke », s'est remémoré Parent quand il a appris qu'il allait endosser le même uniforme que son bon ami.

C'est que Parent n'arrive pas vraiment à Sherbrooke en terrain inconnu. Lui et Poulin ont joué ensemble dès leurs premiers pas au hockey mineur et le directeur général du Phoenix, Jocelyn Thibault, qui est aussi le parrain de Poulin, était bien placé pour le savoir.

Aux prises avec une situation particulière après que le défenseur Cameron Whynot, le choix de première ronde du Phoenix au dernier repêchage de la LHJMQ, eut refusé de joindre les rangs de son équipe, Thibault a dû chercher des solutions. Parmi les formations où Whynot voulait jouer, il y avait les Mooseheads et c'est à ce moment que le directeur général a vu une belle occasion de transiger pour un joueur qu'il connaît bien et qui cadre dans sa philosophie.

« Je connais Xavier depuis la catégorie novice et je trouve que c'est un aspect important quand tu repêches des joueurs ou que tu les acquières. Il n'était pas sur le marché, mais parfois, le 'timing' est parfait pour les deux équipes et je crois que c'est une bonne transaction des deux côtés, a fait valoir Thibault. J'avais l'impression que Xavier s'insérait bien dans notre dynamique d'équipe et qu'il ajoutait du talent et de la profondeur. »

En portant les couleurs du Phoenix, Poulin n'est pas le seul joueur que Parent retrouve. L'attaquant de 18 ans fait aussi à nouveau équipe avec les jumeaux Julien et Vincent Anctil ainsi qu'avec Alexandre Joncas. Les cinq joueurs ont grandi dans le hockey mineur à Blainville et ils ont gardé contact au fil des saisons, même avant de partager le même vestiaire à Sherbrooke.

« Nous nous entraînions ensemble pendant l'été alors nous nous croisions souvent. Il y a toujours eu une forte amitié entre nous parce que nous avons joué dans la même équipe pendant plusieurs années au hockey mineur. Tes coéquipiers deviennent tes frères et c'est plaisant de vivre ça avec eux comme quand nous étions plus jeunes. Je voulais arriver là-bas en donnant le bon exemple parce que j'avais peur de briser leur chimie, mais ils m'ont tous accueilli à bras ouverts et ça facilite la transition », a noté Parent.

Un des moments les plus marquants de leur jeune carrière s'est avéré leur victoire en finale dans la catégorie AAA du prestigieux Tournoi international de hockey pee-wee de Québec, en 2014, alors qu'ils portaient les couleurs de l'Armada de Blainville-Boisbriand. Après avoir eu besoin des tirs de barrage pour éliminer le Belle Tire de Detroit à leur deuxième match, les joueurs de l'Armada ont trouvé leur rythme pour vaincre les représentants des Gaulois d'Antoine-Girouard en finale.

« C'est un moment dont tu te souviens toute ta vie. De gagner ce tournoi devant 10 000 personnes quand tu as 12 ou 13 ans, c'est incroyable. Notre groupe était vraiment tissé serré, a affirmé Poulin. C'est plaisant de voir que plusieurs joueurs de cette équipe pee-wee ont réussi à se rendre dans la LHJMQ et je suis heureux de pouvoir encore jouer avec certains d'entre eux. »

L'entraîneur-chef Kevin Brodeur a été un témoin privilégié du développement des cinq joueurs du Phoenix ainsi que de celui de Christophe Farmer, Simon Lavigne, Stéphane Huard fils et Brooklyn Kalmikov, qui faisaient partie de cette équipe de l'Armada et qui jouent maintenant dans le circuit Courteau.

Brodeur a dirigé Poulin, Parent et compagnie pendant quelques années au hockey mineur et il était derrière le banc lors de la victoire en finale à Québec. Il est le dernier surpris de voir ses anciens joueurs avoir du succès aux quatre coins de la LHJMQ, notamment parce qu'ils étaient déjà très sérieux et matures à un jeune âge.

« C'est ma paie de voir ces jeunes-là réussir parce qu'ils ont fait tellement de sacrifices et ils avaient tellement une belle attitude, a déclaré Brodeur, qui est maintenant entraîneur des Diabolos de l'école secondaire Lucille-Teasdale. À l'époque, j'avais décidé d'annuler un entraînement pour que les joueurs aillent ramasser des bonbons pour l'Halloween, mais Samuel était venu me voir pour me demander s'il pouvait aller lancer des rondelles à l'aréna plutôt.

« Même s'ils étaient meilleurs que les autres, Xavier et Samuel ont toujours encouragé leurs coéquipiers, ils étaient toujours souriants et prêts à travailler. Je pense que ça va avoir un gros impact sur le Phoenix d'avoir les cinq joueurs ensemble en famille. »

Le Phoenix semble vouloir lui donner raison même si la saison de la LHJMQ n'est vieille que d'environ un mois. L'équipe de Sherbrooke s'est propulsée au sommet du classement général et elle ne semble pas sur le point de ralentir.