BOISBRIAND - « Tout a commencé au repêchage.»

Ignoré par les 30 clubs de la LNH en juin dernier, Étienne Marcoux n’était pas au bout de ses peines.

N’eût été d’une détermination et d’un positivisme à rude épreuve, c’est en effet des estrades plutôt que devant le filet que le gardien de l’Armada de Blainville-Boisbriand regarderait le premier match de la série face au Titan d’Acadie-Bathurst, ce soir, au Centre d’excellence Sports Rousseau.

« Tout m’est arrivé en même temps. Ç’a été une année de fou », observe Marcoux, en entrevue au RDS.ca.

À peine de retour au camp d’entraînement de l’Armada et déterminé à s’imposer « comme le meilleur gardien du circuit », le portier de 19 ans a d’abord subi une dislocation de l’épaule droite lors d’un match préparatoire face aux Foreurs de Val-d’Or.

Sur la touche pendant environ un mois, Marcoux n’a pas tardé à encaisser un autre malheureux coup du destin.

Après des participations au camp de développement du Canadien et des Flyers de Philadelphie, le gardien avait suffisamment impressionné ces derniers pour mériter une invitation au camp des recrues. Victime collatérale du lock-out dans la LNH, Marcoux n’a jamais eu l’occasion de faire sa valise pour la Pennsylvanie.

Et la malchance était encore loin d’en avoir fini avec Marcoux.

Dans une rencontre face au Drakkar de Baie-Comeau le 31 octobre, le gardien a subi une autre dislocation de l’épaule, la gauche cette fois. À l’écart de la patinoire pour un autre mois, le porte-couleurs de l’Armada a dû faire une croix sur une participation au camp de sélection d’Équipe Canada Junior.

« Ce coup-là est celui qui a fait le plus mal. J’étais découragé et j’ai songé à ce moment à me faire opérer, ce qui aurait signifié la fin de ma saison. Après en avoir discuté avec l’équipe, mes parents et mon agent, j’ai décidé de patienter jusqu’à la fin de la saison. »

Une sage décision. Semé d’embûches, la dernière saison a néanmoins permis à Marcoux de dominer tous les autres gardiens du circuit au chapitre de la moyenne de buts alloués par match (2,14) et du taux d’efficacité (.913). Le joueur originaire de Terrebonne est de plus le seul portier de la LHJMQ à avoir concédé moins de 100 buts (87).

« Le positif dans tout ça, c’est que ces obstacles rencontrés l’un après l’autre m’ont forcé à me former une carapace. Quand j’embarque sur la glace, j’oublie tout ça et j’arrête les rondelles », note Marcoux.

« On a terminé la saison avec l’une des meilleures défensives du circuit et c’est en bonne partie grâce à lui. Oui, il y a d’excellents défenseurs devant Étienne, mais à chaque match, il a réalisé deux ou trois arrêts clés qui nous ont permis de demeurer dans la rencontre ou encore de l’emporter », signale l’entraîneur-chef de l’Armada, Jean-François Houle.

Son deuxième titre de division en autant de campagnes, l’Armada le doit donc en grande partie à Marcoux.

« Sans Étienne, on n’aurait pas conclu la saison avec une aussi bonne fiche. Dans beaucoup de matchs serrés,  il nous a sauvés d’une défaite », rappelle son capitaine et coéquipier de longue date, Xavier Ouellet.

Reste à voir maintenant sur ces performances, et surtout cette volonté de fer, sauront ouvrir les portes des rangs professionnels à Marcoux, qui est encore éligible au prochain repêchage de la LNH.

« Étienne n’a jamais vraiment été reconnu à sa juste valeur en plus d’être sous-estimé. Malgré tout, il est toujours demeuré positif, ce qui a été sa plus grande qualité au cours des dernières années », opine Ouellet.

S’il se soucie d’abord des succès de l’Armada à quelques heures du début des séries, Marcoux espère néanmoins que la dernière année et les matchs à venir sauront convaincre un ou des recruteurs.

« Ça fait trois fois que je me blesse à l’épaule et que je reviens. Ça prouve à toutes les équipes qui pourraient s’intéresser à moi que je suis un vrai et que ce ne sont pas ces malchances qui vont me freiner. »

Un ajout de poids

Outre Marcoux, l’Armada s’en remettra également à Stefan Matteau Jr au cours des présentes séries. Après avoir disputé 17 rencontres avec les Devils du  New Jersey, l’attaquant a été rétrogradé à son équipe junior dimanche dernier.

Stefan Matteau

Certes déçu pour son imposant joueur de 6 pieds 2 pouces et 215 livres, Houle ne se plaindra pas du retour inattendu de Matteau à Boisbriand.

« S’il a une bonne attitude et qu’il a la tête aux séries, il pourra vraiment nous aider et avoir un impact encore plus gros que lors de son premier passage avec nous », analyse l’entraîneur-chef.

Ce retour de Matteau, auteur d’un but et deux mentions d’aide lors de son séjour avec les Devils, ne sera pas que profitable à l’Armada, estime Houle.

« Quand tu as 18 ans et que tu ne joues que cinq à huit minutes par match dans la LNH, revenir dans le junior est peut-être une bonne avenue pour poursuivre son développement. À cet âge, il faut jouer beaucoup. C’est d’autant plus vrai pour Matteau, qui  n’a pas disputé beaucoup de matchs au cours des trois ou quatre dernières années. »

Parole de Jean-François Houle, c’est toutefois un Stefan Matteau Jr différent que les partisans de l’Armada auront l’occasion de voir évoluer.

« Je ne l’ai vu pratiquer qu’une seule fois depuis son retour avec nous, mais je trouve déjà qu’au niveau de ses lancers, il dégaine plus rapidement. Ses passes étaient déjà raides, mais elles le sont encore plus. C’est tout à fait normal. Quand tu joues professionnel, tu n’as pas le choix d’effectuer tes passes à une vitesse incroyable. »

Un bagage d’expérience qui pourrait valoir son pesant d’or au fil des prochaines semaines.

Gare au Titan!

Mais avant de se projeter trop loin devant, l’Armada devra d’abord écarter le Titan de sa route. Une formalité, diront certains en constatant l’écart de 31 points séparant les deux équipes au classement général, mais pas les membres de l’Armada.

« Il ne faut pas prendre le Titan à la légère. Cette équipe est talentueuse et capable de marquer sa part de buts », souligne Marcoux.

Ce dernier, tout comme la brigade défensive de l’Armada, gardera notamment un œil averti sur l’attaquant Zach O’Brien, auteur de 47 buts et 45 mentions d’aide cette saison.

« Ça fait deux ans qu’il est dans le top 10 des meilleurs marqueurs du circuit », insiste Marcoux

« Depuis l’arrivée de Danny Dupont derrière le banc du Titan, l’éthique de travail de cette équipe est irréprochable », renchérit Houle.

Étant donné la distance séparant les deux formations, les deux premiers duels de ce duel de premier tour seront présentés à Boisbriand. La série se transportera ensuite au domicile du Titan, où seront disputés les trois affrontements suivants. Si nécessaire, la série se conclura sur la patinoire de l’Armada à l’occasion des matchs 6 et 7.

« Pour plusieurs d’entre nous, c’est notre dernière chance de faire un bon bout de chemin en séries. On n’a pas l’intention de manquer notre coup », prévient Ouellet.