Moins de popcorn, plus d'action
LHJMQ mercredi, 5 oct. 2016. 09:45 mercredi, 11 déc. 2024. 09:53BOISBRIAND – 17 à 1.
Le bombardement est terminé. Après 20 minutes de jeu, le son de la sirène résonne enfin dans l’enceinte du Centre d’Excellence Sports Rousseau, au plus grand soulagement des Olympiques, mitraillés de toutes parts par l’Armada.
Son équipe a beau mener 1-0 là où ça compte vraiment, Mario Duhamel l’entraîneur-chef peut difficilement être satisfait des siens. Mario Duhamel l’homme, par contre, est sans doute le plus heureux du monde.
C’est qu’il est de retour derrière un banc, et pour l’heure, c’est tout ce qui compte.
« La game, la drive, l’adrénaline... Le banc me manquait beaucoup », confiait-il au RDS.ca vendredi dernier, quelques heures avant ce duel face à l’Armada, finalement remporté 2-1 en tirs de barrage.
Trois ans après avoir quitté les Voltigeurs de Drummondville et le circuit Courteau pour la LNH et l’Avalanche du Colorado, où il occupait un poste d’instructeur vidéo, Duhamel se retrouve à nouveau dans le feu de l’action.
« Après deux ans, il me manquait quelque chose. Je me suis toujours dit que le jour où je mangerais du popcorn durant un match, ce serait parce que j’occupe un rôle dans la gestion d’une équipe. »
Au terme de sa deuxième campagne au service de Patrick Roy, Duhamel a donc remis sa démission, fait ses valises et est rentré à la maison dans l’espoir de renouer avec ses anciennes fonctions.
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Il s’en est d’abord rapproché en se joignant aux Huskies de Rouyn-Noranda. À titre d’adjoint au directeur général Gilles Bouchard l’an dernier, Duhamel a donc fait sa part dans l’aventure du club abitibien jusqu’en finale de la Coupe Memorial.
« J’attendais mon tour, c’était une année de transition qui me permettait de passer plus de temps avec ma famille, en plus de voir la game d’un autre œil. »
Séjournant une semaine par mois à Rouyn-Noranda, Duhamel a ainsi fréquenté le vestiaire des Huskies et pris part à certaines séances d’entraînement de l’équipe, offrant conseils et observations aux joueurs avec la complète bénédiction de Bouchard.
« Gilles m’a donné beaucoup de responsabilités et de latitude. Je me sentais comme un membre à part entière de cette équipe, même si je n’étais pas toujours là. Gagner la coupe (du Président) a fait de cette année une saison magique, mais d’être de retour aujourd’hui derrière un banc, avec tout mon staff, j’ai vraiment du plaisir. »
Et à Gatineau, Duhamel a tout pour s’amuser.
Un riche héritage
En succédant à Benoît Groulx, qui a gradué dans la Ligue américaine avec le club-école du Lightning de Tampa Bay après des années de loyaux services, Duhamel a en effet hérité d’une formation à la fois talentueuse, mature et bien rodée.
« Ça peut être le fun de reconstruire une équipe et de la mettre à sa main, mais avoir l’opportunité d’achever le travail d’un entraîneur qui a fait sa marque, c’est un beau défi, une belle marque de confiance », apprécie Duhamel, qui n’en est pas à sa première expérience du genre.
En 2010, il avait en effet pris la relève de Guy Boucher, parti diriger la filiale du Canadien dans la Ligue américaine après avoir mené les Voltigeurs de Drummondville au premier championnat de leur histoire.
Dès sa première campagne à Drummondville, Duhamel a conclu le calendrier régulier avec 51 gains et conduit l’équipe jusqu’au carré d’as. En quatre saisons avec les Voltigeurs, l’homme aujourd’hui âgé de 41 ans s’est construit un dossier de 162 victoires en 272 rencontres.
« Ma job, c’est de continuer le travail de Benoît (Groulx). Il travaillait à sa manière et je travaille à ma façon. On est tous les deux intenses et on aime les équipes qui travaillent fort. Les jeunes ici y sont déjà habitués, dans les entraînements comme dans les matchs. Il s’agit maintenant pour eux de se familiariser avec un nouveau message, un nouveau langage. On développe encore notre cohésion d’ensemble », observe Duhamel.
Pour l’instant, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Avec une seule victoire en quatre rencontres, l’équipe occupe le dernier rang du classement général et n’a inscrit que quatre buts, la plus faible production du circuit Courteau au moment d’écrire ses lignes.
Mais inutile de s’alarmer.
De retour de camps de la LNH, les attaquants Vitalii Abramov, Alex Dostie et Zack MacEwen, de même que le défenseur Nicolas Meloche et le gardien Mark Grametbauer ont disputé leur première rencontre de la saison que le week-end dernier.
Remis d’une fracture à la jambe subie cet été, l’attaquant Yakov Trenin s’apprête quant à lui à rejoindre l’équipe dans les Maritimes, où les Olympiques disputeront leurs six prochains matchs avant de faire un arrêt à Rimouski sur le chemin du retour.
Tôt au tard, le Jell-O finira bien par figer.
« On n’est pas encore tout à fait défini », convient Duhamel, tout en vantant l’équilibre des forces de sa formation, de l’attaque jusqu’aux gardiens.
Le coach est donc loin de céder à la panique. Il y a trois ans, Duhamel aurait sans doute été plus grognon à l’entraînement en pareilles circonstances, mais pas aujourd’hui.
« Je serai toujours un gars intense et passionné, mais je suis maintenant plus en contrôle de mes émotions. Je m’énerve moins pour un rien. [...] Quand tu côtoies pendant deux ans des joueurs de la LNH, où la notion de respect et de collaboration est tellement importante, ton approche change. Je sais très bien qu’au niveau junior, il y a plus d’éducation à faire, mais ça fait partie du mandat d’entraîneur. »
Duhamel ne s’en plaindra certainement pas. Il a peut-être moins de temps pour grignoter du popcorn, mais il est de retour derrière le banc.
C’est tout ce qui compte.