BOISBRIAND, Qc – À son arrivée à Boisbriand, Pierre-Luc Dubois a été investi d’une mission élémentaire.

Ce n’était pas de mener l’Armada aux grands honneurs.

Ce n’était pas de remplir le filet ou les gradins non plus.

En fait, c’était beaucoup plus simple.

« Joël m’a juste dit d’avoir du fun. »

« Je pense que j’ai passé trois minutes à lui parler du système (de jeu depuis son arrivée) », confirmait l’entraîneur-chef et directeur général de l’Armada, Joël Bouchard, le week-end dernier, alors que son joueur étoile s’apprêtait à endosser l’uniforme noir et blanc pour une huitième fois.

« Mon but, c’est de le turner loose, de le laisser jouer au hockey », ajoutait-il.

Pour jouer au hockey, Dubois joue au hockey.

Dubois fait plaisir à ses nouveaux partisans!

Depuis qu’il a officiellement été troqué des Screaming Eagles à l’Armada au lendemain du Mondial junior, l’attaquant de 18 ans a déjà inscrit 9 buts et amassé 6 passes en huit rencontres, n’étant blanchi de la feuille de pointage qu’à une seule reprise. Une contribution qui a grandement aidé l’Armada à remporter six des huit matchs auxquels Dubois a pris part.

« Je suis vraiment tombé à une bonne place, dans une bonne équipe avec de bons joueurs et un bon personnel d’entraîneurs. Je ne pourrais pas être plus heureux pour le moment », jure le joyau des Blue Jackets de Columbus.

Il y a trois semaines, Dubois aurait sans doute hésité à se dire aussi joyeux.

Échapper l’or en tirs de barrage au Championnat du monde de hockey junior, ça fait mal. Encore aujourd’hui.

« Ce n’est pas facile à accepter », souligne Dubois, l’un des deux seuls attaquants canadiens, avec Dillon Dube, à avoir conclu le tournoi avec aucun but à sa fiche.

« C’est un gars qui joue habituellement au centre, mais il a été placé à gauche, signale Bouchard, qui était l’un des membres du personnel de direction d’Équipe Canada junior.

« Il a quand même connu de très bons matchs, tempère Bouchard. Il a eu beaucoup de chances de marquer, mais ce n’est pas rentré. Je pense que sa confiance en était un peu affectée pendant le tournoi, et avec raison. Ce n’était pas une position naturelle pour lui, mais il l’a bien fait dans le sacrifice de l’équipe. »

Plusieurs se rappelleront sans doute de la passe de Matthew Barzal, à travers le demi-cercle du gardien américain, que Dubois n’a pu rediriger dans le filet pour briser l’égalité en finale à quelques minutes de la prolongation.

« Le hockey, c’est un jeu de détails. C’est plate, mais ça arrive », raisonne Dubois, qui a depuis retrouvé sa place au centre, et incidemment, toute sa confiance.

Pierre-Luc Dubois« Let’s go, on repart »

« Tout de suite après la défaite (survenue un jeudi), on jouait le samedi. Joël m’a alors demandé comment je me sentais et je voulais jouer. Après avoir perdu en fusillade, je me disais "Let’s go, on repart". Je voulais gagner des games et ne pas prendre trop de temps off à ne rien faire. »

Malgré toutes ses bonnes intentions, à la demande de son nouveau patron, Dubois a d’abord soufflé un peu et profité d’une soirée de congé bien méritée alors que l’Armada livrait bataille aux Saguenéens de Chicoutimi.

« Le monde pense que c’est facile ce qu’il a vécu dans la dernière année, mais ce n’est pas si simple que ça, fait remarquer Bouchard. C’est beaucoup de demandes à gauche à droite, c’est beaucoup d’attentes, c’est beaucoup de pression, c’est beaucoup de questionnement, c’est beaucoup de beaucoup de beaucoup... Ici, je veux qu’il soit chez eux. C’est son équipe, c’est sa maison. Il est ici pour jouer au hockey, et à date, c’est ça qu’il fait. »

Aussi enchanteresse fût-elle, avec notamment sa sélection-surprise au troisième rang du dernier repêchage de la LNH, la dernière année n’a en effet pas été de tout repos pour ce jeune professionnel en devenir.

Après un premier camp d’entraînement modeste, Dubois a entre autres dû encaisser le choc de son retranchement par les Blue Jackets.

« Ça faisait deux mois que j’étais là, ce n’est pas l’affaire la plus facile que j’ai vécue. C’était nouveau pour moi de me faire couper », admet Dubois, qui n’a amassé que 6 buts et 12 passes en 20 rencontres avec les Screaming Eagles avant son départ pour le camp de sélection d’Équipe Canada junior.

« Ça m’a pris un p’tit bout de temps pour me réajuster à tout quand je suis revenu au Cap-Breton. Ce sont des choses qui arrivent dans la vie. Il n’y a pas un chemin meilleur que les autres pour réaliser son rêve de jouer dans la LNH. Je n’ai que 18 ans. [...] Je ne suis pas pressé et je vais travailler fort. En ce moment, je suis ici avec l’Armada et c’est sur ça que je me concentre. »

D’ici peu – si ce n’est pas déjà fait – Dubois maîtrisera donc toutes les subtilités du système de jeu de l’Armada. Entre-temps, dans le doute, il pourra toujours s’en remettre à ses réflexes.

« Je manque parfois mon coup sur des mises en jeu ou sur des jeux truqués que les gars sortent, alors je me contente d’aller au net (rires). Mais ça s’en vient. »