QUÉBEC – C’en est fait du séjour de Samuel Morin dans la LHJMQ.

« Tout le monde me dit que c’est fini, alors d’après moi, je ne reviendrai pas à 20 ans, même si on ne sait jamais », anticipait-il avec la franchise qui le caractérise, jeudi, après l’élimination de l’Océanic de Rimouski aux mains des Remparts de Québec lors du match de bris d’égalité de la Coupe Memorial.

Le passage du défenseur géant dans le circuit Courteau, c’est quatre saisons, 200 matchs de saison régulière, 46 autres en séries, 114 points, un différentiel final de plus-54 et une conquête de la coupe du Président.

De bien belles statistiques, certes, mais le dernier chapitre de la carrière amateur de Morin ne se résume pas à cela.

« Depuis que je suis jeune, ça n’a pas tout le temps été facile pour moi le hockey, signale-t-il. Il y a eu des blessures et plein d’affaires, mais ça m’a appris la persévérance. »

Spécialement cette année.

À peine débarqué de Philadelphie, où il venait de prendre part au camp des Flyers, Morin a d’abord été expédié à l’hôpital dès son cinquième match de la saison avec l’Océanic le 12 octobre à Québec, résultat d’un lancer frappé de Cody Donaghey encaissé en plein visage.

Diagnostic : fracture de la mâchoire, opération et convalescence de quatre à cinq semaines à Philadelphie.

Puis, une fois remis, Morin a remis le cap sur Rimouski et pris part à sept rencontres avant de recevoir l’appel du pays. Équipe Canada junior avait besoin de lui, mais dans un rôle qui ne lui était pas familier.

Général de l’unité défensive rimouskoise, Morin devait à présent se satisfaire d’un rôle de sixième, voire septième défenseur au sein d’une formation canadienne en quête d’une première médaille d’or en cinq ans au Mondial junior.

« J’avais un différent rôle avec Équipe Canada junior et c’était une forme d’adversité pour moi, reconnaît-il avec recul. Mais je l’ai bien pris et je suis resté positif. J’ai appris beaucoup cette année et ça va m‘aider chez les professionnels. »

Un précieux apprentissage qu’il compte mettre à profit avant longtemps.

Pas un Bobby Orr

Fort des récentes leçons que le hockey lui a récemment servies, le colosse de 6 pieds 7 pouces et 225 livres s’estime à présent suffisamment mature pour l’étape suivante.

« Je vise la LNH l’an prochain, mais la route est encore longue. Je veux m’entraîner comme un fou cet été. Je veux être prêt », lance-t-il sans détour.

Au nombre des derniers joueurs retranchés par les Flyers l’automne dernier, Morin a eu un avant-goût de la Ligue nationale, et il le savoure encore.

« J’ai vu un peu c’était quoi être pro. Je me suis dit "Tabarouette, c’est tellement ça que je veux faire dans la vie". Je ne suis pas tellement loin. J’ai très bien joué au camp à Philadelphie et je pensais même rester, mais ils ont jugé que c’était mieux pour mon développement de retourner dans le junior », raconte le choix de premier tour des Flyers, 11e au total, en 2013.

« C’était difficile de retourner dans le junior après avoir connu un bon camp, enchaîne Morin. Les partisans à Philadelphie pensaient que j’allais être le prochain Bobby Orr! Ron Hextall (directeur général) m’a fait promettre à mon départ de jouer du hockey simple et de ne pas essayer de trop en faire. C’est vrai, il y a eu des matchs où ça marchait moins bien, mais j’ai beaucoup appris de ça. »

Samuel Morin ne sera en effet jamais Bobby Orr, mais au moins, il le sait.

« Ce n’est pas tout le temps facile le hockey. Des fois, les coachs ne t’aiment pas. Parfois, les fans te huent et te crient des mauvaises affaires, comme ici à Québec pendant la Coupe Memorial. Ça m’apprend à rester honnête avec moi-même. »