MONTRÉAL - « C’est comme si des sirènes tentaient de nous envoûter pour qu’on s’écrase contre un récif... »

À quelques heures du début de la série de premier tour contre l’Armada de Blainville-Boisbriand, n’allez pas dire à Serge Beausoleil que son équipe fait figure de favorite. Que les experts ou son vis-à-vis le prétendent importe guère pour le pilote de l’Océanic de Rimouski.

Et ce n’est pas parce qu’il a attaché l’ensemble de son équipage à un mât pour résister au chant maléfique. Il n’en a pas besoin.

« Ici, des prédictions on appelle ça des sirènes. On respecte notre adversaire au plus haut point, il peut mettre un terme à notre saison à tout moment. On sait très bien que c’est un club de caractère, et ce, même s’ils peuvent sembler amochés », insiste Beausoleil.

L’Océanic sera en effet confronté à une formation privée de quelques-uns de ses éléments clés. Dès ce soir à l’occasion du match no 1, l’Armada se présentera sur la patinoire du Colisée de Rimouski sans ses deux meilleurs pointeurs en saison régulière, Christopher Clapperton et Danick Martel, de même qu’Emil Aronsson, en raison de blessures.

Purgeant le deuxième match d’une suspension de cinq rencontres, l’attaquant Ryan Tesink ne sera également pas en uniforme pour l’Armada pour les quatre premiers duels de cette série disputée selon un format 2-3-2.

« Ce n’est pas cela qui va nous faire déroger de notre préparation à l’aube de ce premier match, d’autant plus que le format ne nous avantage pas. […] L'Armada est dotée d'une très belle profondeur, alors ces absences n’auront peu ou pas d’impact », observe Beausoleil.

L’Océanic en a en effet eu la preuve au fil de la campagne en remportant deux des quatre matchs disputés contre l’Armada.

« L’Armada, c’est une équipe qui se tient beaucoup et qui fait preuve d’un superbe esprit d’équipe », fait d’abord remarquer l’attaquant de l’Océanic Frédérik Gauthier.

« Contre eux, il n’y a jamais rien d’assuré. Que tu mènes 1-0 ou 2-1, ce n’est jamais fini. Ils sont toujours là et travaillent sans relâche », enchaîne le choix de premier tour des Maple Leafs de Toronto (21e au total) au dernier repêchage de la LNH.

Les hommes de Jean-François Houle l’ont encore prouvé en éliminant de coriaces Wildcats de Moncton au terme de six rencontres âprement disputées. Quatre de ces six duels se sont soldés par une marge d’un seul but. Sur le plan de la résilience et de la détermination, l’Armada n’a pas à se prouver.

« C’est une équipe très bien dirigée par Jean-François (Houle) et Joël (Bouchard). Année après année, cette organisation amène des équipes compétitives sur la patinoire. Il s’agit d’un modèle dans notre circuit en termes de constance et de performance », estime Beausoleil, dont l’équipe a conclu la saison au quatrième échelon du classement général, deux petits points derrière les champions du calendrier régulier, le Drakkar de Baie-Comeau.

Deux ans plus tard...

Bien que l’Océanic ait remporté 20 de ses 21 dernières rencontres, le club du Bas-Saint-Laurent demeure évidemment sur ses gardes.

« Contre l’Armada, c’est une rivalité de tous les instants depuis notre affrontement de 2012 en séries », rappelle Beausoleil.

Cette année-là, lors du deuxième tour éliminatoire, les Rimouskois avaient eu le meilleur en sept rencontres sur l’Armada. L’Océanic avait d’abord forcé la tenue d’un match ultime avant d’enlever ce dernier après avoir échappé une avance de quatre buts.Daniel Walcott et Frédérik Gauthier L’alignement de l’Océanic a passablement changé depuis, mais reste qu’il avait alors fait les frais de l’éthique de travail qui forgeait et forge toujours l’identité de l’Armada.

« L’intensité, la vitesse, l’exécution et la robustesse seront au rendez-vous, garantit Gauthier. C’est sûr qu’on s’attend à une forte opposition. »

La trappe, pas vraiment

Pour stopper un adversaire qui promet de ne jamais lâcher prise, l’Océanic se devra donc d’être tout aussi tenace, spécialement en défense.

Contre les Saguenéens de Chicoutimi, qu’il a éliminés en quatre rencontres en première ronde, l’Océanic n’a pas alloué le moindre but à cinq contre cinq. Les quatre buts des Sags dans cette série – tous inscrits lors des deux premiers matchs – ont été marqués sur le jeu de puissance.

« En défense, c’est vraiment une dynamique où tout le monde est impliqué.  Nous ne sommes pas des adeptes de la trappe. On préfère y aller offensivement. En possession de rondelle, on exige des choix de jeu responsables », décortique Beausoleil.

« Tout le monde est prêt à se sacrifier, valide Gauthier. C’est sans compter qu’on a toute une présence devant le filet avec Philipe Desrosiers (gardien), qui est vraiment solide. »

Si les statistiques et les circonstances tendent à favoriser l’Océanic, ces derniers estiment néanmoins avoir encore tout à prouver. Éliminé dès le premier tour l’an dernier par les Olympiques de Gatineau, qui concédaient pourtant 28 points au classement, l’Océanic n’a rien oublié.

« Avoir tout à prouver, c’est de se remettre au travail à chaque instant. C’est ce qui nous caractérise », signale Beausoleil.

Reste maintenant à voir qui s’échouera. L’Océanic ou l’Armada?