Avant de devenir une carrière, le hockey n’était qu’un jeu pour moi. Comme il se doit de l’être. Une passion, en fait, c’est plus juste. Il y a 26 ans déjà, je vivais un moment déterminant pour la suite de mon parcours, comme le vivront 250 jeunes lors des 36 prochaines heures, le repêchage de la LHJMQ.

Les adolescents d’aujourd’hui le vivront bien différemment, pandémie oblige. C’est triste pour ce groupe et leurs familles, car le repêchage de la LHJMQ demeure, en temps ordinaires, un événement haut en couleur et en émotions.

Je ne savais pas à quoi m’attendre en juin 1994 lorsque mes parents sont passés me prendre en voiture à Trois-Rivières pour continuer la route à travers le Parc des Laurentides (pour une première de plusieurs fois) alors que les assises se tenaient à Chicoutimi. J’évoluais pour l’équipe d’expansion des Estacades dans le Midget AAA parce qu’on m’avait retranché quelques mois auparavant pour une deuxième année consécutive de mon organisation locale du Montréal-Bourassa.

Assis au parterre du Centre Georges-Vézina, j’ai patienté jusque tard en quatrième ronde pour entendre mon nom prononcé par les Saguenéens, 52e joueur au total, sixième gardien de l’encan. Lorsque je parle de moment déterminant, c’est qu’il s’agissait là d’une plateforme pour le reste de mon histoire au hockey.

Marc DenisD’un gardien retranché Midget AAA en septembre 1993 à un choix de premier tour dans la LNH en juillet 1995. Un tourbillon. Lors de ces 22 mois complètement fous, garder la tête froide et une concentration de tous les instants n’est pas évident. Mais c’est l’élément le plus important de tout le processus.

Beaucoup de jeunes athlètes s’en feront énormément avec leur rang de sélection ce week-end. Et je les comprends. La génération actuelle est informée et, à l’ère de l’instantanéité, consciente que l’actualité se propage telle une traînée de poudre. C’est aussi un groupe axé sur la performance et les statistiques. Une livre de plus, une fraction de seconde de moins, un rang plus haut.

Le seul conseil que je peux prodiguer aux aspirants est d’en profiter au maximum. De partager la joie ou la déception avec vos proches et tourner la page rapidement. Le plus vite possible que vous soyez comblé du résultat ou déçu de la tournure des événements.

C’est un moment unique que vous vivrez. Toutefois, n’oubliez jamais que si une porte s’ouvre, ce n’est que pour cheminer jusqu’à la prochaine. Et au pied de cette nouvelle porte, vous ne serez pas seul et elle risque d’être barrée. Qu’allez-vous faire demain pour vous assurer que c’est vous qui en avez la clé?