BOISBRIAND – Puissance, puissance, puissance...

Mario Durocher n’a pas à se creuser la tête bien longtemps pour trouver le juste mot définissant le mieux Julien Gauthier.

L’entraîneur-chef des Foreurs de Val-d’Or n’a pas tort. Son jeune protégé de 6 pi 4 po et 224 livres a tous les traits d’un attaquant de puissance en devenir. La carrure, le coup de patin, le flair offensif et l’instinct du marqueur.

Les statistiques? Ça va venir.

« Tout le monde me dit : "Oui, mais ta production, ta production...". Je ne pense pas que c’est inquiétant. Vraiment pas », insistait récemment Gauthier lors d’un entretien avec le RDS.ca

Huit buts et une mention d’aide en 14 rencontres, c’est en effet loin d’être alarmant. Membre d’une attaque aussi redoutable que celle des Foreurs, Gauthier finira bien par accélérer la cadence avant longtemps. C’est du moins ce qu’il anticipe.

« Ce ne sont pas les chances qui manquent et ce n’est pas comme si je n’essayais pas [...] C’était comme ça en début de saison l’an passé et après un certain temps, ç’a commencé à rentrer à coup de deux ou trois points. Pas de danger, je ne suis pas inquiet », martèle celui qui a conclu la dernière campagne avec 38 buts et 35 passes.

Cette éclosion, à sa deuxième saison dans la LHJMQ, a bien sûr éveillé l’intérêt des éclaireurs de la LNH. Si bien que Gauthier est l’un des deux seuls joueurs de la LHJMQ – l’autre étant Pierre-Luc Dubois des Screaming Eagles – à avoir obtenu la cote A de la part de la Centrale de recrutement de la LNH, qui le classe ainsi comme un choix de premier tour potentiel au prochain repêchage sur sa liste préliminaire.

« C’est le fun d’avoir une pression positive comme celle-là, observe Gauthier. C’est censé te motiver et non pas te stresser ou te déranger sur la patinoire. »

Mais comme pour bon nombre d’espoirs remplis comme lui de promesses, Gauthier est humain et la réalité n’est pas toujours aussi simple.

« Il vit une grosse année et il faut que je lui enlève de la pression parce qu’on le veuille ou non, il s’en met », nuance Durocher, qui ne doute toutefois pas des capacités de Gauthier à briller sous les projecteurs.

« Il se doit de jouer une game complète et d’utiliser tout son monde. Il est un petit peu dans la phase où les points sont importants et où il joue un peu individuellement, mais il lui suffit de continuer à jouer comme il l’a toujours fait », estime le pilote.

C’est justement ce qui lui a permis de tomber dans l’œil des dirigeants d’Hockey Canada, qui ont jugé bon l’inviter à leur dernier camp de développement, en août dernier, à Calgary.

La combinaison parfaite

Aux côtés de 39 autres candidats en audition, Gauthier était alors le plus lourd de tous à 212 livres. Mais à 17 ans à ce moment, il était aussi le moins vieux.

« Tout le monde le savait que j’étais le plus jeune, mais ça ne change rien sur la patinoire. Il y avait beaucoup de petits joueurs rapides, mais peu avec de gros gabarits », signale Gauthier, qui était aussi le plus grand sur la glace (6 pi 4 po), à égalité avec Lawson Crouse.

À l’instar de Crouse, qui était avec Connor McDavid l’un des deux seuls membres d’Équipe Canada Junior (ÉCJ) l’an dernier éligibles au repêchage de la LNH, Gauthier a le physique de l’emploi pour combler un besoin spécifique au sein de la sélection nationale lors du prochain Mondial junior.

« On a des habiletés, on a de la vitesse, mais Julien amène beaucoup de choses que nous n’avons pas et même s’il est un joueur plus jeune, il a amassé beaucoup de points cette année à Val-d’Or », justifiait cet été le dépisteur en chef du programme d’excellence de Hockey Canada, Ryan Jankowski.

Sur le radar d’ÉCJ, Gauthier obtiendra une autre occasion de se démarquer les 17 et 19 novembre prochains, alors qu’il prendra part aux deux derniers matchs du Défi Canada-Russie à titre de représentant de la LHJMQ.

Dans l’espoir d’ajouter un peu plus de poids à sa candidature, Gauthier ne pourra cependant se contenter de jouer du coude ou de laisser libre cours à ses instincts offensifs. Pour endosser l’Unifolié, il faut plus que ça.

« La seule chose que tout le monde doit comprendre, pour en avoir déjà fait partie, c’est que tu ne peux pas prendre un joueur à risque », rappelle Durocher, qui a dirigé ÉCJ et décroché la médaille d’argent en 2004.

Julien Gauthier

« Il faut être fiable dans les deux sens de la patinoire et avoir cette maturité, poursuit Durocher. C’est pour cette raison que pour la plupart du temps, c’est un tournoi qui implique des joueurs de 19 ans. Les gars arrivent prêts et savent qu’ils ne joueront pas pour eux, mais pour le gilet. C’est pour ça que les anglophones sont parfois un peu en avance sur les francophones. »

« Si Julien joue bien défensivement et qu’il sort la rondelle de sa zone, c’est sûr qu’il a les attributs offensifs pour contribuer aux succès d’Équipe Canada Junior », enchaîne Durocher.

Comme mononc Denis?

Qu’il soit ou non parmi les élus qui passeront la période des Fêtes à Helsinki en Finlande, terre d’accueil du prochain Mondial junior, Gauthier a certes le potentiel pour être à tout le moins considéré.

« Je pense avoir fait bonne impression là-bas (à Calgary). J’ai joué la game que je devais jouer et le personnel d’entraîneurs s’était dit impressionné, mais qu’il y avait quand même des choses à améliorer, ce qui est normal », observe Gauthier.

Le colosse ne tarde pas à identifier son jeu défensif comme aspect de son jeu à peaufiner. Avec un physique aussi imposant, Gauthier se doit aussi d‘en faire usage à bon escient.

« Ma mission première c’est surtout d’appliquer de bonnes mises en échec, de lancer au but et de converger vers le filet, c’est-à-dire contourner les défenseurs et créer quelque chose offensivement. »

« Tout doit se faire avec puissance, renchérit Durocher. Ses replis défensifs, son positionnement dans notre territoire, ses sorties de zone… Il est conscient de tout cela. »

Assurément plus soucieux de cette facette de son jeu, Gauthier n’aura cependant jamais les aptitudes défensives de son oncle Denis, un arrière qui a multiplié les retentissantes mises en échec au fil d’une carrière de 11 campagnes dans la LNH.

 « Il frappait fort! On partage au moins la même intensité. »