Son numéro 29 retiré à Moncton : « Tout le monde aimait Corey Crawford »
MONTRÉAL – Des masques et des grosses jambières, Frantz Jean en a vu de toutes les couleurs, littéralement. En près de 30 ans de métier, l'entraîneur des gardiens du Lightning de Tampa Bay a épaulé certains des meilleurs cerbères de la Ligue nationale. Mais malgré sa vaste expérience, il doit retourner en arrière jusqu'à ses années dans la LHJMQ pour nommer « l'un des gardiens préférés avec qui j'ai travaillé dans ma carrière ».
Bien sûr, à l'époque où il défendait les filets des Wildcats de Moncton, Corey Crawford n'était pas le gardien junior moyen. Les années qui allaient suivre son passage de quatre saisons dans les Maritimes allaient en fournir la preuve. En dix saisons comme titulaire dans la LNH, le natif de Châteauguay a amassé plus de 300 victoires, a participé deux fois au match des étoiles, a remporté deux fois le trophée Jennings et soulevé deux fois la coupe Stanley.
Sans dire qu'il avait tout vu venir, Frantz Jean ne tarit pas d'éloges envers celui qui sera honoré par l'organisation des Wildcats vendredi soir alors que son numéro 29 sera retiré dans les hauteurs du Centre Avenir.
« Si tu veux que ton fils agisse d'une façon, tu voudrais qu'il agisse comme Corey Crawford », louange son ancien mentor.
« C'était un grand compétiteur sur la glace, un travailleur acharné. Mais sa plus grande qualité, c'est que c'était un gars plein de classe en dehors de la glace. Un individu exceptionnel. Il prenait toujours soin des autres, il avait des bons mots pour tout le monde, toujours prêt à aider, à conseiller quelqu'un qui avait peut-être un peu plus de misère. Tout ça sans jamais dire un mot plus haut que l'autre. »
Crawford est arrivé à Moncton à 16 ans après une étincelante saison avec l'Intrépide de Gatineau au niveau M18 AAA. Les Wildcats avaient été exclus des séries éliminatoires l'année précédente et allaient subir le même sort avec leur prometteuse recrue dans les filets pour environ la moitié de leurs matchs.
« On fondait beaucoup d'espoir en lui, mais il arrivait [au début] d'une reconstruction totale, se souvient Frantz Jean. Ça n'allait pas être facile. Il a commencé tranquillement sa carrière junior, mais déjà là, tu pouvais voir son potentiel. Il y avait eu des épisodes durant la saison où, pour un jeune de son âge, il avait vraiment offert des très belles performances avec une équipe relativement faible. »
Avec l'arrivée de Christian LaRue à la barre de l'équipe, les Wildcats signent 17 victoires de plus l'année suivante. Crawford termine la saison avec une cote d'efficacité de ,916, la deuxième plus élevée parmi les gardiens ayant obtenu un minimum de 2500 minutes de jeu. L'été qui suit, il est repêché au 52e rang de l'encan amateur de la LNH par les Blackhawks de Chicago.
« À l'âge junior, c'était un gars techniquement quasiment parfait, relate son enseignant de l'époque. Il faisait très peu d'erreurs d'exécution dans un match. C'était ça, sa force. Je te dirais qu'avec le temps, à mesure qu'il progressait chez les professionnels, il a développé le côté combativité dans sa game. À sa justesse technique s'est ajoutée son côté compétiteur. C'est ce mélange qui en a fait l'un des bons gardiens de sa génération. »
Au printemps 2004, les Wildcats atteignent la finale des séries de la LHJMQ. « Il nous avait vraiment transportés sur ses épaules », évoque Frantz Jean. Au deuxième tour éliminatoire, le portier réalise des performances de 33 et 36 arrêts dans deux victoires en prolongation qui permettent aux siens d'éliminer le Rocket de l'Île-du-Prince-Édouard en six matchs. En demi-finale, les Cats éliminent l'Océanic de Rimouski en cinq matchs en accordant un total de six buts.
Cette année-là, Crawford a remporté le titre de joueur défensif de l'année dans la LHJMQ. « Mais ce n'était jamais à propos de lui, jamais à propos de ses statistiques », note Jean, qui s'attend à ce que son vieil élève tente de minimiser la portée de l'hommage qui lui sera rendu par son ancienne équipe.
« C'était un gars privé qui ne cherchait pas les projecteurs, un leader beaucoup plus avec ses actions qu'avec ses paroles. Il embarquait sur la glace et il livrait la marchandise, mais ce n'était pas le genre à vouloir que tout le monde le regarde, bien au contraire. Mais dans le vestiaire, c'était un gars très populaire. Tout le monde aimait Corey. »