S'il y a un homme qui est heureux de revenir travailler au Québec, c'est bien Martin Raymond.

Le Québécois, qui est le nouvel entraîneur-chef des Voltigeurs de Drummondville dans la LHJMQ, voulait plus que jamais retrouver tous les membres de sa famille.

« Je me suis rendu compte à mi-chemin des séries à Syracuse qu'il était temps que je revienne au Québec pour être plus près de ma famille », indique celui qui était hors de la Belle Province depuis quatre ans. « J'étais prêt à ne pas avoir d'emploi. Plus la saison s'étirait, plus je réalisais que mes enfants et ma femme avaient besoin de moi près d'eux », évoque celui qui a été entraîneur adjoint avec les Bulldogs de Hamilton, le Lightning de Tampa Bay et le Crunch de Syracuse durant cette période.

La dernière année de Raymond dans la Ligue nationale et dans la Ligue américaine a été difficile et il ne s'en cache pas. Sa femme et le plus jeune de ses deux fils ont déménagé avec lui en Floride pendant le dernier lock-out. C'était la première fois qu'il habitait avec ceux-ci depuis son départ de Montréal pour joindre l'équipe d'entraîneurs de Guy Boucher à Hamilton, en 2009. Le plus vieux de ses deux garçons était demeuré dans la métropole pour jouer au niveau collégial AAA avec le Cégep Saint-Laurent. 

« Quand j'ai été muté à Syracuse (à la suite du congédiement de Boucher), mon plus vieux était à Montréal et ma femme et mon plus jeune sont restés à Tampa. C'était devenu dur pour mon épouse et moi. La famille était séparée à trois endroits différents de l'Amérique du Nord », convient celui qui a piloté les Redmen de McGill pendant 14 ans.

Une période remplie d'émotions

Le congédiement de Guy Boucher n'a pas été une situation facile à vivre pour le groupe d'entraîneurs qui étaient ensemble depuis près de quatre ans. « C'était dur émotivement. Mais ça fait partie du métier et nous comprenions la situation. Nous savions pourquoi le directeur général, Steve Yzerman, a fait ce changement, explique-t-il. La LNH est une ligue de résultats. Si tu n'atteins pas les objectifs, tu dois t'attendre à ce qu'il y ait des actions qui soient prises. »

« On a hâte que ça commence »
« On a hâte que ça commence »

Néanmoins, Raymond n'en veut aucunement au Lightning et il assure qu'il a toujours été très bien traité. Lorsque Yzerman a pris la décision de limoger Boucher, il avait même le choix de rester à Tampa Bay sans être derrière le banc de la formation ou d'accepter le poste d'adjoint avec le club-école de la formation. Après une conversation avec sa famille, le natif de Pierrefonds a pris la décision d'aller rejoindre le Crunch de Syracuse.

« Bien que ce n'était pas l'idéal du côté familial, c'était une opportunité de travailler avec l'entraîneur-chef, Rob Zettler, que je connaissais déjà. L'équipe avait la chance d'aller loin en séries et elle ne m'a pas fait mentir », estime-t-il.

Le Crunch s'est rendu jusqu'en finale de la Coupe Calder, mais s'est incliné en six matchs face aux Griffins de Grand Rapids. Raymond a tout de même appris énormément lors de son deuxième séjour dans la Ligue américaine.

« J'ai eu la chance d'épauler Rob qui a neuf ans d'expérience comme adjoint dans la LNH et qui a joué 15 ans dans la grande ligue. J'ai pu voir comment il fonctionnait, la façon dont il approchait ses matchs et la manière qu'il développait ses relations avec les joueurs », relate celui qui a aussi participé à un séminaire pour les entraîneurs durant le plus récent repêchage.

Étudier ses options

Dès son arrivée à Syracuse, Raymond a communiqué avec la direction de Tampa Bay pour savoir à quoi s'en tenir pour la prochaine saison étant donné que son contrat venait à échéance. L'organisation lui a alors dit de ne pas se fermer de portes et il a alors commencé à contacter des formations du circuit Courteau. 

« La passion est toujours là »
« La passion est toujours là »

« J'ai signifié aux équipes de la LHJMQ que j'étais disponible à la fin de la saison. J'ai eu des conversations téléphoniques avec d'autres équipes que les Voltigeurs, mais jamais d'entrevue face à face, affirme l'homme âgé de 46 ans. Drummondville était mon premier choix parce que je connais le directeur général, Dominic Ricard, et l'organisation. J'ai confiance dans la direction que prend l'équipe depuis plusieurs années et mon domicile est à une heure de route. »

Boucher, qui a été à la barre des Voltigeurs de 2006 à 2009, a également pesé dans la balance tant du côté de son bon ami que de l'organisation.

Raymond en sera à une première expérience dans la LHJMQ et son bagage de père pourrait bien lui servir puisque ses garçons sont âgés de 16 et 18 ans, tout comme plusieurs joueurs qui évolueront sous ses ordres. « J'espère que le fait que j'ai des jeunes de cet âge va m'aider à connecter avec mes joueurs. L'objectif est toujours que ceux-ci saisissent la vision qu'on a comme entraîneur », fait-il remarquer en ajoutant qu'il aura des devoirs à faire pour apprendre à connaître tous ses joueurs.

Ayant joué dans les rangs universitaires, Raymond désire être un exemple pour ces jeunes adultes. « J'ai joué au hockey au même âge qu'eux et j'ai ensuite continué à l'université et par la suite en Europe. Je souhaite les inspirer à pouvoir poursuivre à l'école puisque peu de hockeyeurs réussissent à vivre de ce sport », insiste-t-il.

Il convient tout de même que les programmes mis en place par l'organisation des Voltigeurs et de la LHJMQ sont de très bons incitatifs. Il ajoute aussi que Drummondville place beaucoup de joueurs au niveau universitaire.

Un homme humble

Martin Raymond a connu les joies et les peines d'évoluer comme entraîneur dans la LNH. Il en retient que c'est « un milieu très compétitif » et que « la ligne est fine entre connaître du succès et avoir des difficultés ».

« J'ai eu une expérience extraordinaire. J'ai travaillé à temps plein dans la LNH et j'ai été entraîneur avec et contre d'autres de haut calibre. J'ai coaché des joueurs qui sont les meilleurs au monde. J'ai été gâté à Tampa avec Vincent Lecavalier, Martin St-Louis et Steven Stamkos. Ç'a été un privilège de travailler avec tout ce monde sur une base quotidienne », révèle Raymond.

Il se souviendra de son passage dans la Ligue nationale comme un moment positif de sa carrière malgré la conclusion de son séjour avec le Lightning. Le côté compétitif de ce circuit professionnel en fait que des milliers de gens peuvent en vivre selon lui.

« C'est correct que le hockey soit une business. C'est de cette manière qu'on peut en faire un gagne-pain. Il y a du bon monde dans ce sport. Il faut être capable de séparer les actions des gens dans leurs obligations professionnelles de leur caractère en tant que personne », conclut-il.