MONTRÉAL – Tous les petits frères aiment vaincre leur grand frère, mais ça n’arrive pas si souvent. Encore une fois, c’est le plus vieux qui a eu le dessus, vendredi dernier, lorsque les Voltigeurs de Drummondville du capitaine Nicolas Guay ont éliminé le Phoenix de Sherbrooke du prometteur Patrick Guay.
 
Au terme de ce match fou qui s’est conclu en deuxième prolongation, les deux frères n’ont pas été envahis par les mêmes émotions, mais ils conservent tout un souvenir d’avoir eu le privilège de s’affronter lors des séries de la LHJMQ.
 
Certes, ils avaient déjà eu l’occasion de croiser le fer durant la saison régulière, sauf que ça ne se compare en rien à un affrontement éliminatoire.
 
« C’est sûr que c’est quelque chose. Il a compté des gros buts et tout ça, c’est le fun de le voir aller. On est des gars de séries, on aime quand les moments sont gros et on le voit », a confié Nicolas Guay, avant le match qui a provoqué l’élimination du Phoenix.

Samuel Poulin, le leader et capitaine du Phoenix, a également vécu une expérience familiale fascinante en étant le coéquipier de son frère la saison dernière. Il sait bien que cette occasion est spéciale pour son jeune partenaire.
 
« C’est sûr que oui, ça ne lui est jamais arrivé. Avant, il avait sûrement juste joué contre son frère sur la glace dehors ou bien au mini-hockey », a confié Poulin en rigolant.
 
Si leur relation est excellente, les deux frères ne se parlaient pas aussi souvent durant cette confrontation.
 
« C’est vrai qu’on se parle un peu moins, mais ça fait partie des séries et c’est seulement pour un petit deux semaines qu’on est des adversaires et qu’il y a une petite distance. Il veut gagner autant que moi. Ça ressemble à quelques textos comme ‘Beau but ou bien joué’. Il reste que c’est mon petit frère et c’est du hockey », a témoigné le capitaine des Voltigeurs.
 
Cédric Desruisseaux, l’un des bons amis de Guay au sein des Voltigeurs, a pu confirmer que la relation est plus distante que durant la saison régulière.Patrick Guay
 
« Depuis le début des séries, il ne parle pas souvent de son frère de l’autre côté. Il parle du Phoenix et non de Guay de l’autre bord. Sur la glace aussi, il ne laisse pas paraître que c’est son frère et c’est la même chose pour les autres joueurs de notre équipe. Même si c’est sa job de grand frère, je présume qu’il ne lui a pas donné beaucoup de conseils depuis deux semaines », a noté Desruisseaux en souriant.
 
Il faut dire que Patrick ne semble pas avoir besoin de tant de conseils. Son année recrue a été convaincante et il s’est même retrouvé au centre du premier trio à la suite de la perte de Félix Robert en première période du cinquième match.
 
D’ailleurs, avec l’intelligence sportive qu’il possède, Patrick a appris beaucoup uniquement en observant son grand frère. Il n’a pas eu besoin de le bombarder de questions.
 
« Ça n’a pas été facile pour lui à ses débuts à Chicoutimi. Il m’a montré qu’il ne fallait pas lâcher et ça se passe bien maintenant à Drummond. Il a été un bel exemple de persévérance et de détermination », a-t-il précisé.
 
Cette approche est fidèle à personnalité plus réservée quoique ça pourrait changer puisque Patrick n’est âgé que de 16 ans. La recette fonctionne tout de même très bien pour lui avec 18 buts et 18 aides en 54 parties régulières ainsi que 4 buts et 1 aide en 10 matchs éliminatoires.
 
« Je trouve qu’il s’est très bien débrouillé et je ne suis pas surpris non plus. C’est un petit joueur très intelligent et très rapide avec de bonnes mains. Si je compare à mon année de 16 ans, je me dis wow ! », a réagi Nicolas.
 
N’oubliez surtout pas leur sœur, Alexie
 
Vous croyez que leurs parents sont déjà comblés au niveau sportif ? Détrompez-vous ! Pendant que les deux frères s’illustrent sur des patinoires de la LHJMQ, leur sœur, Alexie, constitue l’un des beaux espoirs au hockey féminin.
 
Elle a déjà représenté le Canada à quelques reprises incluant une médaille d’or au Championnat mondial U18 où elle a été élue la meilleure défenseure du tournoi. À l’automne, Alexie (en bas à gauche sur la photo) fera son entrée dans le prestigieux programme universitaire de Boston College.
 
L’affrontement entre ses deux frères a été tout sauf reposant. On peut utiliser les mots excitation, stress, émerveillement et bien d’autres.
 
« J’étais vraiment déchirée, ç’aurait été le fun qu’ils s’affrontent en finale. J’aurais voulu que les deux puissent gagner », a admis Alexie qui a joué quelques années dans les mêmes équipes que Patrick puisqu’il était souvent surclassé.
 
Elle est particulièrement passée par toute la gamme des émotions quand le but de son grand frère a été le deuxième à être refusé en prolongation.Alexie Guay et l'équipe canadienne.
 
« Sur le coup, j’étais super contente, j’ai sauté de joie. En plus, j’ai regardé et mon petit frère n’était pas sur la glace donc c’était parfait. J’ai fini par en rire. Comme Nicolas et ses amis disaient après le match, ils étaient fâchés après le premier, mais c’est devenu un peu drôle après le deuxième », a expliqué celle qui excelle plutôt à la défense.
 
Elle a vécu un autre moment fort à partir de l’instant que son petit frère a été promu au centre du premier trio avec Poulin et Alex-Olivier Voyer.
 
« Il a passé bien du temps cette saison sur ce trio. Pat apprend beaucoup de ces deux joueurs. Alex est aussi un ami proche de mes frères et de moi, il est un modèle pour Pat. Ça faisait que j’avais pratiquement toujours un frère sur la glace », a lancé en riant l’ancienne du Collège Stanstead et la North American Hockey Academy de Stowe au Vermont.
 
Ses frères ont attiré l’attention durant cette série, mais Alexie risque de connaître la plus grande carrière internationale. Après avoir brillé avec l’équipe canadienne U18, elle fera le saut avec celle U22 et sa progression à Boston College devrait ensuite la mener au sein de la formation olympique.
 
« Elle n’arrête jamais ! C’est cool de la voir aller avec Team Canada, Team Québec et elle s’en va avec Boston College. Des fois, ça devient difficile de la suivre dans tout ce qu’elle fait. Je me souviens qu’elle s’en allait à un tournoi en Russie et je ne le savais même pas tellement qu’elle part souvent. Elle vit ça comme un rêve elle aussi, elle est très enjouée, elle aime s’amuser », a conclu Nicolas avec la même fierté que Patrick affichait en parlant d’elle.