MONTRÉAL – Le Phoenix compte sur lui, ses adversaires le redoutent, les recruteurs l’épient et les caméras capteront sous peu ses faits et gestes. Non, Jérémy Roy ne vit pas une saison comme les autres.

C’est parce qu’il n’est pas un joueur comme les autres.

« À 16 ans, il a réalisé des choses que bien des joueurs de 19-20 ans n’ont pas été capables d’accomplir. »

Judes Vallée, l’entraîneur-chef du Phoenix de Sherbrooke, peut en témoigner, Roy est un rare spécimen.

Avec une récolte de 44 points à sa campagne recrue l’an dernier, Roy s’est hissé parmi les meilleurs pointeurs de l’histoire du circuit Courteau chez les défenseurs âgés de 16 ans. Huitième à ce chapitre, il est notamment devancé par Billy Campbell (premier avec 68), Gilbert Delorme (troisième avec 60) et Raymond Bourque (cinquième avec 48).

Mieux encore, seul Campbell a marqué plus de buts (20) que Roy (14). De quoi attirer les éclaireurs de la LNH au Palais des Sports Léopold-Drolet, alors que Roy se profile comme un choix de premier tour au prochain repêchage.

« Les projecteurs sont sur lui », convient Vallée, tout en notant au passage que son défenseur étoile fera l’objet d’un docu-réalité au fil de la saison.

Si les habilités de Roy sur la patinoire font donc de lui un joueur hors du commun, sa lucidité n’est cependant pas différente de plusieurs de ses prédécesseurs et confrères.

« Ce n’est pas cette émission qui va faire de moi un choix de première ronde », signale l’arrière de 17 ans.

C’est plutôt en guidant le Phoenix vers le milieu du peloton cette saison que Roy compte entretenir sa réputation.

« Il s’agit pour moi de poursuivre ma route dans le chemin que j’ai commencé à tracer la saison dernière. Je ne me mettais pas beaucoup de pression alors et je n’ai pas l’intention de le faire cette année parce que c’est mon année de repêchage », insiste le choix de premier tour du Phoenix, quatrième au total, en 2013.

Jérémy Roy et Anthony DuclairApprendre à la dure

Au-delà des points glanés ici et là au fil d’une campagne aussi décevante qu’ardue pour le Phoenix, Roy a surtout pu se mesurer à l’élite dès ses premières présences sur les patinoires de la LHJMQ.

 « On l’a opposé aux meilleurs trios adverses. C’est sûr qu’il a encore des choses à travailler, mais c’est de loin notre défenseur le plus complet », observe Vallée, dont l’équipe a remporté ses deux premiers matchs le week-end dernier.

Meneur d’une brigade défensive qui a alloué un total de 300 buts la saison dernière, Roy a néanmoins tenu tête aux meilleurs attaquants du circuit québécois, et ce même si son différentiel de moins-29 en 64 rencontres pourrait suggérer l’inverse.

 « Jouer contre les Drouin, Grigorenko, Duclair et Mantha de cette ligue-là, des gars de 18 à 20 ans qui évolueront un jour dans la LNH ou chez les professionnels, m’a grandement aidé sur le plan de la confiance. Si tu es capable de les arrêter, tu es capable de freiner n’importe quel autre joueur. »

Fort de cette assurance, Roy promet donc de se dresser à nouveau à la ligne bleue du Phoenix. Jonathan Drouin, Mikhail Grigorenko et Anthony Mantha ne terrorisent peut-être plus les défenses du circuit, ce ne sont toutefois pas les défis qui manqueront.

« Il est comme le bon vin. Plus il vieillira, meilleur il sera. Je suis convaincu qu’il va nous en donner autant que l’an passé, bien que parfois la deuxième année est plus difficile avec toutes les distractions liées au repêchage de la LNH », anticipe Vallée sans trop s’inquiéter pour son protégé.

« C’est un gagnant doté d’une attitude incroyable. Il est fait pour jouer au hockey. »