Une saison spéciale à Baie-Comeau
En début de saison, la plupart des observateurs plaçaient le Drakkar de Baie-Comeau au sommet de la section Est de la LHJMQ.
Après tout, le Drakkar misait sur un bon noyau. Avec Québec en reconstruction, Chicoutimi et Rimouski encore avec des alignements un peu jeunes, il fallait établir le Drakkar comme favori.
Toutefois, qui aurait pu prédire que l'équipe de la Côte-Nord serait déjà officiellement qualifiée pour les séries au début du mois de février? Qui aurait pu prédire que Baie-Comeau serait la première équipe de toute la LCH à atteindre le plateau des 40 victoires?
Au rythme où vont les choses, le navire nord-côtier vogue vers la meilleure saison de son histoire et vers un 3e Trophée Jean-Rougeau, emblème du Championnat de la saison régulière.
« J'ai senti dès le camp d'entraînement que les gars avaient faim », mentionne l'architecte de cette équipe, Jean-François Grégoire, qui cumule les doubles fonctions de directeur général et entraîneur-chef.
« Quand nous avons eu notre séquence de victoires à partir de la mi-octobre, je me suis dit que ce groupe avait peut-être quelque chose de spécial et qu'on pourrait peut-être réaliser de belles choses », poursuit Grégoire rencontré au terme de la séance d'entraînement matinale, mercredi matin, à Baie-Comeau.
Entre le 20 octobre et le 16 décembre, le Drakkar a gagné 22 de ses 23 matchs. Le seul revers est survenu à Drummondville au compte de 5-4 dans un match ou l'équipe avait manqué de discipline.
Ce qui est étonnant dans le cas du Drakkar, c'est qu'en début de saison, on ne misait que sur un seul joueur appartenant à une équipe de la LNH soit Justin Gill, réclamé en 5e ronde par les Islanders de New York en juin dernier.
Habituellement, les équipes de premier plan au hockey junior comptent sur 5 à 7 joueurs réclamés dans la LNH. Depuis les fêtes, Baie-Comeau en aligne un 2e avec l'acquisition du défenseur Angus Booth des Cataractes.
« Je pense que cela démontre bien la qualité de notre équipe et notre belle profondeur! » affirme Gill, acquis du Phoenix de Sherbrooke lors de l'entre-saison. Gill, qui compte 70 points à sa fiche ce qui le place au 3e rang de la colonne des pointeurs du circuit, affirme que l'édition actuelle du Drakkar se compare avantageusement à celle du Phoenix l'an dernier, qui a obtenu 50 victoires en 68 matchs.
La venue des frères Jules et Raoul Boilard et la mise sous contrat de Julien Paillé sont aussi des facteurs qui expliquent l'excellente saison que le Drakkar connaît actuellement.
Le Drakkar avait enregistré la meilleure saison de son histoire en 2002-2003 avec une récolte de 108 points, mais s'était incliné en sept matchs lors de l'étape des demi-finales. En 2013 et en 2014, le Drakkar a atteint la grande finale du circuit, mais a perdu lors des deux occasions contre Halifax et Val-d'Or.
Les succès du Drakkar sont tels que les foules plus nombreuses sont de retour au Centre Henry-Leonard. Depuis le début de la saison, 2356 spectateurs en moyenne assistent aux matchs. Voilà des chiffres qu'on n'a pas vus depuis 10 ans sur la Côte-Nord. L'équipe est dominante à domicile avec un dossier de 19-2-2 en 23 matchs. De plus, elle est 1re en défensive, 2e en attaque et accorde en moyenne moins de 25 lancers par match.
Comme tout n'est pas parfait, le Drakkar devra se débrouiller sans les services de son vétéran défenseur de 20 ans, Émile Chouinard.
Il y a deux semaines, ce dernier a été diagnostiqué avec un lymphome de Hodgkin (un cancer du système lymphatique). Il ratera un premier match ce soir et tous les joueurs du Drakkar porteront un auto-collant avec le numéro 15 sur leurs casques protecteurs en soutien à leur coéquipier.
« Je ne sais pas trop comment cela va se passer pour l'équipe. Ce qui aide en ce moment, c'est qu'Émile est très positif face à la situation, alors les gars sont encouragés eux aussi. Si tout se passe bien et que l'on fait un bon bout de chemin en séries, peut-être qu'Émile pourra revenir au jeu. Cela pourrait encore plus motiver nos gars », conclut Grégoire, qui doit composer avec ce genre de situation pour la première fois de sa carrière d'entraîneur.
Le Drakkar affronte ce soir les Wildcats de Moncton, l'équipe contre laquelle il s'est incliné en sept matchs en première ronde des séries en avril dernier sur une des décisions les plus controversées des dernières années dans la LHJMQ. Baie-Comeau semblait avoir marqué le but gagnant en prolongation lors du 7e match, mais l'arbitre Mario Maillet n'avait pas accordé le but sur la patinoire. Par la suite, il a été décidé que la reprise vidéo n'était pas concluante. Quelques minutes plus tard, Moncton inscrivait le but gagnant prolongeant à 9 ans la séquence d'années sans accéder au 2e tour des séries pour le Drakkar.
Il y a fort à parier que cette séquence va vraisemblablement prendre fin en avril prochain.