MONTRÉAL - « Dans les deux derniers jours, je n’ai pas dormi », laisse tomber Trevor Georgie lorsqu’on finit par le joindre, quelques heures après la fermeture de la fenêtre hivernale pour effectuer des transactions dans la LHJMQ.

Le président et directeur général des Sea Dogs de Saint John a frappé fort jeudi matin. Il a conclu cinq échanges impliquant un total de 13 joueurs et 24 choix au repêchage. Deux nouveaux gardiens, un joueur de 20 ans qui évoluait jusque-là dans la Ligue américaine et deux attaquants produisant à un rythme supérieur à un point par match ont notamment joint les rangs de l’équipe qui accueillera le prochain tournoi de la coupe Memorial.

« Quand nos matchs ont été annulés jusqu’à la mi-janvier, il n’y avait plus de bénéfices à annoncer des échanges plus tôt. Mais dans les 48 ou 24 dernières heures, ça a été boum, boum, boum, boum », soupirait le DG.

Les secousses en provenance du Nouveau-Brunswick ont animé un marché qui semblait jusque-là ralenti par l’incertitude provoquée par l’état actuel de la pandémie de COVID-19. Alors que plusieurs de ses homologues ont semblé prôner la prudence plutôt que de risquer de perdre des atouts importants dans une cause vaine, Georgie est resté fidèle à son plan initial et a poussé tous ses jetons au centre de la table.

« [Les risques liées à la COVID] étaient certainement dans les conversations, mais en même temps, on reçoit la Coupe pour la première fois dans l’histoire de la franchise. Depuis 2018, on bâtit avec le repêchage des [joueurs nés en] 2000. On avait même commencé avec l’échange de Joe Veleno. En décembre 2017, on a commencé une reconstruction en visant précisément ce moment-là. C’est sûr qu’il y a de l’incertitude. Présentement, on ne peut pas prévoir ce qui va se passer dans six mois, ou encore même dans six jours! Mais avec mon assistant Anthony Stella et notre propriétaire, on s’est dit qu’on allait donner au groupe la meilleure opportunité de gagner. On ne voulait pas avoir de regrets. »

Coincés au 11e rang du classement général après 30 matchs, les Sea Dogs avaient besoin d’un électrochoc. Avant Noël, Georgie avait déjà rafistolé sa brigade défensive en accueillant le retour du défenseur russe Yan Kuznetsov d’un séjour chez les pros et en transigeant avec les Tigres de Victoriaville pour le vétéran Vincent Sévigny.

Jeudi, il a de nouveau pigé chez les champions en titre en faisant l’acquisition du gardien Nikolas Hurtubise. Celui-ci hérite du filet jusque-là occupé par Jonathan Lemieux, qui a été envoyé aux Wildcats de Moncton dans une autre transaction. Le départ du cerbère de 20 ans a libéré une place pour le joueur de centre Philippe Daoust, qui reviendra dans la LHJMQ après avoir disputé 15 matchs avec les Senators de Belleville dans la Ligue américaine.

« C’est un casse-tête qu’on a dû mettre ensemble et dans les 24 dernières heures, le casse-tête s’est mis à changer de forme, justifie Georgie. Avec Hurtubise, tu ne peux pas inventer les expériences qu’il a eues en séries. Tu dois les vivre et on est très content de l’avoir avec nous. »

En mettant aussi la main sur le gardien Thomas Couture, les Sea Dogs ont assuré leurs arrières pendant que la blessure du Suisse Noah Patenaude tarde à guérir.

À l’attaque, les Sea Dogs ont greffé le franc-tireur Marshall Lessard (Val-d’Or), le fabricant de jeu Raivis Kristians Ansons (Baie-Comeau) et les joueurs de soutien Connor Trenholm (Cap-Breton) et Nicholas Blagden (Moncton).

« Pour moi, il n’y a pas de joueur clé aujourd’hui et il n’y aura pas de joueur clé au moins de juin, lance Georgie. Pour nous, c’est le casse-tête qui vient de se compléter. Mais dans un casse-tête, ça prend tous les morceaux. »

Il reviendra maintenant à l’entraîneur-chef Gordie Dwyer de former, dans des délais serrés, un tout cohérent et productif avec tous ces nouveaux visages. Dans une équipe qui tardait déjà à répondre aux attentes, la tâche pour s’avérer plus compliquée qu’elle en a l’air en surface, mais son patron dit ne pas avoir d’inquiétude à ce sujet.

« Il y a trois facteurs qui ont motivé nos décisions, explique Georgie. Le premier c’est qu’on voulait aller chercher des gars de caractère. On ne voulait pas faire un ajout uniquement pour ce qu’un gars pouvait nous apporter sur la glace. »

« On cherchait aussi des joueurs complémentaires à ceux qui formaient déjà notre noyau. On avait beaucoup de finesse. Les gars qu’on a ajoutés sont des joueurs d’impact, mais qui peuvent remplir des rôles différents », poursuit l’architecte des Sea Dogs.

« Finalement, on voulait davantage de profondeur. Quand on est allés à Windsor en 2017, j’ai cru que c’est l’une des choses qui nous a coulés. On s’était dit que si on avait la chance de retourner à la Coupe, on ne voulait pas en manquer. »