Section Repêchage 2020

Alexis Lafrenière : l'ascension d'un exceptionnel

Les meilleurs patineurs nord-américains | Les meilleurs patineurs internationaux
Les meilleurs gardiens nord-américains | Les meilleurs gardiens internationaux

 

MONTRÉAL – Partez à la recherche de quelqu’un qui serait prêt à vous dire du mal de Xavier Simoneau et on risquerait de ne plus vous revoir avant la prochaine éclipse solaire.

« C’est un gars qui est aimé de tout le monde », a découvert William Dufour après avoir été échangé aux Voltigeurs de Drummondville en décembre dernier.

Ses coéquipiers le suivraient aveuglément. Ses patrons le cloneraient s’ils le pouvaient. Et aussi indispensable peut-il s’avérer sur la patinoire, c’est peut-être à l’extérieur des murs de l’aréna que son impact se fait le plus sentir. Depuis la conclusion de la saison de la LHJMQ, Simoneau s’est retrouvé parmi les finalistes au trophée Michel-Brière, remis au joueur le plus utile du circuit, en plus de remporter le titre de Joueur humanitaire de l’année - au Québec et dans tout le circuit junior canadien - pour ses nombreuses implications dans sa communauté.

« Honnêtement, il n’y en a plus des tonnes comme lui, s’épate son entraîneur Steve Hartley. Des gars qui sont aussi rassembleurs, qui mènent par l’exemple, qui font toutes les bonnes choses, qui ont à cœur tous leurs coéquipiers. Pour moi, c’est un des meilleurs leaders que j’ai vus dans mes huit années dans le junior majeur. C’est vraiment une personne exceptionnelle. »

Quand les Voltigeurs ont subi le départ d’un important contingent de vétérans à l’été 2019, Hartley n’a pas hésité à donner à Simoneau le « C » qui avait été cousu pendant deux saisons sur le chandail de Nicolas Guay.

« On ne s’en était jamais caché. Depuis qu’il est arrivé ici à 16 ans, on a toujours pensé qu’éventuellement, Xavier serait le capitaine de cette équipe », affirme le coach.

« Sa passion pour son sport et l’énergie qu’il déploie dans chacun de ses matchs... il fait tout correctement, approuve le directeur général des Voltigeuers, Philippe Boucher. C’est un leader hors-pair pour nous. Quand tu joues avec un gars comme Xavier, que tu le vois se donner sans réserve, c’est vraiment contagieux pour tout le monde dans une équipe. Je pense que c’est sa plus belle qualité. »

« C’est un excellent leader, confirme Dufour. Il avait peut-être juste 18 ans, mais c’est lui qui parlait dans la chambre et tout le monde l’écoutait. C’est rare pour un gars de cet âge-là. Et sur la glace, il travaille extrêmement fort. Il a pris l’équipe en main. C’était vraiment notre joueur clé cette année et selon moi, il était parmi les cinq meilleurs joueurs de la ligue. »

Simoneau, qui ne semble pas trop du genre à s’arrêter pour humer les fleurs qui lui sont envoyées, relie rapidement ses succès à ceux d’un collectif sur qui reposaient bien peu d’attentes cette saison.   

« Honnêtement, j’ai eu une bonne saison au niveau personnel, juge celui qui a terminé au cinquième rang du classement des marqueurs de la LHJMQ avec 89 points en 61 matchs. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. On a perdu beaucoup de gars durant l’été après la grosse saison qu’on avait eue. Je suis arrivé au camp un peu dans l’inconnu, mais aussitôt arrivé, j’ai vu qu’il y avait des gars qui étaient prêts à jouer. »

« On n’est pas fou, enchaîne-t-il. Tout le monde voyait les commentaires, les analyses que le monde faisait sur notre saison, comme quoi on n’allait probablement même pas faire les séries, qu’on n’aurait même pas dix victoires dans toute l’année. Ça nous a donné une énergie de plus. Oui, on a mangé des volées, mais on se relevait toujours en équipe après. Et on en a battu, des grosses équipes. »

Malgré la perte de Guay, Joe Veleno, Maxime Comtois, Nicolas Beaudin et Pierre-Olivier Joseph dans la saison morte, en plus du départ de Dawson Mercer pour Chicoutimi aux Fêtes, les Voltigeurs occupaient le troisième rang du classement de l’Association Ouest avec une fiche de 36-25-2 lorsque la saison a pris fin prématurément.

« Sur la glace, c’est dur de regarder un gars comme lui, qui est aussi compétitif à toutes ses présences, à toutes les pratiques, qui te regarde et qui te dis : "On va gagner, suivez-moi", et de ne pas vouloir travailler toi aussi. Il est en grande partie responsable des succès de notre équipe cette année, la raison pour laquelle on a été en mesure d’en surprendre plusieurs », dit Hartley.

Et la Ligue nationale?

L’an dernier, Simoneau a été ignoré par les 31 équipes de la Ligue nationale à la conclusion de sa première année d’admissibilité au repêchage. À 17 ans, sa moyenne d’un point par match en saison régulière (57 points en 55 parties) ne lui a valu qu’une invitation au camp de développement des Maple Leafs de Toronto.

C’est qu’il y a une chose qu’on ne vous a toujours pas dit à son sujet : Simoneau est un petit joueur. Les documents fournis par la LNH en vue du repêchage de cette année le répertorient à 5 pieds 6 pouces et 169 livres. Ces mêmes documents ne le classent même pas parmi les 217 meilleurs espoirs en Amérique du Nord en vue de l’encan de cette année.

« C’est un petit attaquant, mais quand il prend la rondelle et que tu essaies de lui enlever, c’est quasiment impossible, argumente Dufour, qui mesure 6 pieds 2 pouces et pèse 195 livres. Il peut aussi finir ses mises en échec. À un moment donné, tu ne t’en attends pas et le gars revole comme tu n’as jamais vu ça. Il serait prêt à mettre sa face devant le puck pour bloquer un lancer. L’an passé, je me souviens, un gars dans son équipe s’était fait frapper dans le dos par un gars de 6 pieds 4 et il était allé se battre avec. Il n’a peur de rien et il est tout le temps là pour ses coéquipiers. »

Sondés par RDS, deux recruteurs à l’emploi d’équipes de la LNH adhèrent aux réserves émises par la Centrale de recrutement de la LNH, et ce même si leur évaluation du petit guerrier de Saint-André-Avellin, dans l’Outaouais, est majoritairement positive.  

« C’est un excellent joueur de hockey, expose d’entrée de jeu un évaluateur d’un club de l’Association Est. Son sens du jeu est de niveau LNH. C’est un leader, un gars avec une superbe éthique de travail et une excellente personne. Mais il fait 5 pieds 6 et il n’est pas extrêmement rapide pour son gabarit. Il est vif, mais il ne patine pas comme Martin St-Louis, disons. Les petits joueurs comme lui, tu aimerais qu’ils aient plus de rapidité. »

« Je ne pense pas qu’il va être repêché, parce que ses carences au niveau de sa force et de son coup de patin lui seraient plus coûteuses à l’autre niveau, estime notre autre espion, qui envoie ses rapports à une équipe de l’Ouest. Mais ça peut être un beau projet parce qu’il a une attitude A-1, il est super combattif, il n’arrête jamais et avec la rondelle, il est vraiment bon. Je le vois plus comme un joueur qui va jouer junior à 19 ans et qui, à 20 ans, pourrait sortir avec un contrat de la Ligue américaine. »

« Je pourrais facilement voir quelqu’un le choisir comme c’est arrivé à [Rafaël] Harvey-Pinard l’année passée, renchérit notre première source. Il me fait beaucoup penser à Harvey-Pinard. C’est peut-être un gars qui va se faire prendre tard et qui va déjouer les pronostics à cause de sa force de caractère. Je l’aime beaucoup. C’est un excellent joueur. Pour une équipe junior, ça vaut de l’or. Pour la LNH, c’est moins certain, mais je ne parierais pas contre lui juste à cause de la personne qu’il est. »