Les Championnats mondiaux arrivent à grands pas et l’on sent déjà la fièvre du hockey se faire sentir outremer. Le Bélarus est un bon exemple. Après deux participations aux quarts de finale, le président Alexander Loukachenko et ses compatriotes n’attendent rien de moins qu’une médaille.

Dirigée par Dave Lewis, l’équipe nationale du Bélarus joue ses matchs préparatoires avec passion. Parmi les troupes de l’ancien entraîneur des Red Wings de Detroit et des Bruins de Boston, un Montréalais fait ses débuts cette année. Charles Linglet a été naturalisé le 16 février 2012 et il est aujourd’hui admissible pour l’équipe nationale. Le Québécois confirme que la pression est forte.

Charles Linglet« Ici, les attentes sont toujours très fortes. On veut avoir une médaille. L’année passée, ils n’étaient pas très loin de leur objectif, mais ils se sont retrouvés à jouer contre le Canada en quarts de finale. Ce n’était pas un adversaire facile à battre! Cette expérience a toutefois été enrichissante pour l’équipe et nous avons aussi de nouveaux joueurs pour nous donner plus de punch à l’attaque. L’objectif me paraît donc réalisable. »

Charles n’est pas le seul Francophone naturalisé au sein de l’équipe nationale du Bélarus. Kevin Lalande en sera à ses troisièmes Championnats mondiaux sous les drapeaux rouges et verts biélorusses. Il abonde dans le même sens que son compatriote.

« Après deux présences en quarts de finale, les attentes sont élevées. Au sein de l’équipe, la pression est très forte. Nos joueurs sont déterminés. Notre but, c’est d’abord de participer aux rondes éliminatoires. Ce ne sera pas facile, car toutes les équipes offrent un bon calibre de jeu. Après cela, il va devoir affronter les grandes puissances en série. Ce ne sera pas facile de décrocher une médaille, mais un coup en ronde des médailles, tout est possible. »

Kevin est aussi heureux de voir l’équipe enrichir sa formation de joueurs plus offensifs. Il est particulièrement heureux de voir Charles bien s’intégrer à la formation.

« Charles a réussi à prouver qu’il mérite une place au sein du groupe. Il démontre clairement qu’il prend l’équipe nationale au sérieux. Je suis très content qu’il soit là pour nous aider cette année. C’est un très bon joueur de hockey. Il est bon offensivement. »

L’Ottavien avoue que joindre l’équipe nationale, à titre de naturalisé, peut être quelque peu intimidant.

Kevin Lalande« Jouer pour un pays, c’est un peu plus stressant. Parfois, les gars se mettent un peu trop de pression sur les épaules. Surtout pour les joueurs naturalisés. On cherche à faire nos preuves à toute la nation. »

Charles n’est toutefois pas dépaysé au sein du système.

« Je suis avec le Dinamo de Minsk depuis quelques années. Je connais donc la majorité des joueurs de l’équipe. Ils savent qui je suis. Ils savent que je ne parle pas très bien le russe. Ils sont habitués à ma présence. Je me sens donc chez moi, ici. »

Kevin n’est pas le seul à se réjouir de l’arrivée de Charles Linglet au sein de l’équipe nationale du Bélarus. Dave Lewis n’a que de bons mots pour le Montréalais.

« C’est une excellente acquisition pour notre équipe. C’est un joueur intelligent qui manie très bien la rondelle. Il n’a pas peur de s’imposer à l’adversaire lorsque ça joue dur. Il travaille très fort. C’est un bon fabricant de jeux. Nous allons donc l’utiliser en avantage numérique. Charles va jouer un rôle important au sein de la formation. »

Apprécié de son entraîneur et de ses coéquipiers, Linglet n’est toutefois pas encore en aussi bonne forme qu’il le voudrait. Le Montréalais a manqué une bonne partie de la saison à cause d’une blessure à l’épaule. Cette dernière a nécessité une opération qui lui a fait manquer quatre mois d’activités. Il n’est revenu au jeu qu’à la mi-janvier.

« Je manque encore un peu de puissance physique. Je dois continuer l’entraînement pour renforcir mon épaule. Je me sens tout de même bien sur la glace. C’est ça l’important. »

« Je veux deux gardiens no 1 »

Linglet n’a pas été le seul à être affecté par les blessures. Lalande a lui aussi visité l’infirmerie. Il a dû manquer quelques matchs à cause d’une légère commotion cérébrale à la mi-saison. Il s’est aussi fracturé le petit doigt en fin de campagne. Il est toutefois parfaitement rétabli.

Dave Lewis« Je me sens bien, mais je suis un petit peu rouillé. Je n’ai pas joué depuis deux mois et demi. Le simple entraînement quotidiennement ne peut pas remplacer les matchs. Du point de vue psychologique, la préparation d’avant-match a un impact important sur nos performances. D’être privé de cela, c’est un peu déstabilisant. Je me sens bien, mais j’ai tout de même besoin de me remettre dans le bain. »

Dave Lewis connaît bien Lalande. Il l’a dirigé l’an dernier en République tchèque. À ses yeux, tout semble très bien aller. L’entraîneur des Biélorusses a confiance en son gardien.

« Kevin va très bien. Lors des entraînements, on voit qu’il est en pleine forme. On lui a donné un match contre la Lettonie et ça s’est bien déroulé. »

L’an dernier, Lalande a joué presque tous les matchs. Dave Lewis veut demeurer prudent. Il ne veut pas prendre de risque avec ses gardiens.

« Je veux deux gardiens no 1 au sein de la formation. L’an dernier, j’ai donné un peu de temps de glace à Vitali Koval. Kevin a joué beaucoup de matchs et il s’est légèrement blessé. Cela n’a pas été annoncé dans les médias. Je ne veux pas risquer de me retrouver tard durant le championnat avec mon gardien sur le carreau. »

Pas de meldonium au Bélarus

La controverse liée au meldonium fait toujours rage en Russie. Ce médicament letton s’est retrouvé sur la liste de l’Agence mondiale antidopage (AMA) le 1er janvier dernier. Son utilisation à titre préventif chez les joueurs de hockey russe a causé bien des problèmes à l’équipe masculine des moins de 18 ans à la veille des Championnats mondiaux.

Au Bélarus, le meldonium est légal sous ordonnance pour traiter les problèmes de circulation sanguine. Jusqu’à maintenant, seul Andrei Rybakov, champion du monde d’haltérophilie en 2006 et 2007, a été testé positif par l’AMA au sein des athlètes du Bélarus. Charles Linglet assure qu’il n’a jamais vu ce type de produit au sein de l’équipe nationale.

« Je ne sais même pas à quoi ça ressemble. Moi, je m’en tiens au Biosteel. Je sais que c’est réglementaire. Des fois je prends des multivitamines! », plaisante-il Sérieusement, au Bélarus, je n’ai pas vu de dopage. Dans la chambre, personne ne ressemble à Arnold Schwarzenegger! »

Kevin Lalande abonde dans le même sens.

« La première fois que j’en ai entendu parler, c’était dans un article à propos de Maria Sharapova. Je ne connaissais pas ce produit. À l’Armée rouge, on ne m’a jamais rien fait prendre. Moi, je fais venir mes protéines directement du Canada. Je prends des vitamines. Je ne me suis même pas mis à boire du Biosteel, comme plusieurs autres le font. Je fais un suivi rigoureux de ce que je consomme pour ne pas avoir de mauvaises surprises. »

Si l’ensemble des joueurs du Bélarus est aussi scrupuleux que Linglet et Lalande, l’uniforme rouge et vert ne devrait pas être trempé dans un scandale de dopage cette année. C’est le plus grand espoir de Dave Lewis.

« J’espère que nous n’aurons pas ce genre de problèmes. Personnellement, je crois que tout va bien se passer. Je vais vous avouer que je ne suis pas un expert dans le domaine. Nous connaissons les règles de l’IIHF, mais c’est un peu brusque comme changement. L’AMA n’a pas donné beaucoup de marge de manœuvre aux joueurs pour s’adapter. Ils ont fait ça vite, surtout lorsqu’on sait que le meldonium est encore légal dans la LNH. »