Par Réal-Jean Couture, journaliste et ex-président de la LHSBSL/G - ligue senior AA - Si l'on en croit les informations 'officielles' qui circulent, le début de la prochaine semaine sera capital quant à la suite des choses pour les deux plus importants circuits 'senior' au Québec, soit la ligue professionnelle - Ligue nord américaine de hockey - et la ligue senior AAA - Ligue centrale du Québec.

D'ABORD LA LNAH

La nouvelle certes la plus 'capitale' attendue est celle touchant la LNAH quant à la suite des choses pour sa franchise de Thetford Mines. La mise en vente des actifs par son actionnaire principal ne se fait pas avec la même vitesse que le souhaitait - que le prétendait - le commissaire du circuit, le 'magicien' Michel Gaudette, lors de l'assemblée annuelle de son circuit.

C'est la rançon d'une difficile saison, voir même d'un accouchement pénible, boiteux, lors du lancement de ce circuit il y a maintenant deux ans. L'utilisation des forceps pour un accouchement prématuré, mal préparé, n'a pas fini de nous faire découvrir des effets pervers qui - d'année en année, amputent le circuit de membres valeureux, les derniers en titre étant Verdun et Laval. Attention : il n'en reste que 7 des 14 d'il n'y a pas si longtemps. Et le dossier de Thetford Mines nous rappelle cruellement que les effets 'post partum' de ce mauvais accouchement ne sont pas tous connus, encore moins endigués.

Plus dangereux encore : l'effet catastrophique que pourrait avoir une réponse négative en provenance d'un des 'rocks de Gibraltar' de ce circuit. En effet, tous savent que la défection de Thetford Mines entraînera presque à coup sur celle de Saint-Georges, autre pilier d'un circuit qui n'en finit plus de déménager les membres de sa famille, et même d'en perdre, après avoir établi résidence 'tentative' dans plus d'une trentaine de villes à la queue-leu-leu.

Je ne sais pas ce qui va arriver à Thetford Mines. Les dernières déclarations d'un des propriétaires laissent perplexes. Il n'est pas certain de vouloir s'y consacrer, la passion n'est pas là malgré le fait que ce soit 'facile de faire du hockey en été'. Et pas certain non plus que de faire passer telle organisation sous la coupole d'un organisme à but non lucratif (OSBL) soit l'idéal dans un secteur où la rentabilité n'existe pas et où on annonce une masse salariale pouvant atteindre les 8 250 $ à chaque soir de rencontre, plus les bénéfices marginaux, plus les dépenses secondaires et celles dites d'organisation.

AUTRE FAIT D'INQUIÉTUDE

Parmi les objets de mes interrogations - qui alimentent certainement les dirigeants de Thetford Mines aussi - figurent celles touchant la rentabilité des organisations et l'intérêt porté aux amateurs. Voyons...

- " On veut en donner à nos fans. On est bien content de la décision prise à l'assemblée générale de diminuer de 5 000 $ à 1 000 $ l'amende pour une bagarre générale..." disait le président et directeur général de Saint-Jean qui ajoutait du même souffle vouloir présenter une équipe de joueurs québécois, " des vrais guerriers, et notre priorité demeure le spectacle ". Je veux bien. Mais c'est la suite des choses qui est moins claire.

Car alors que les amateurs se plaignent des coûts élevés des prix d'entrée à 14 $, voilà que Saint-Jean annonce que le prix des billets la saison prochaine sera au contraire à 15 $ pour les adultes et 10 $ pour les 12 ans et moins. Aucun intérêt à se procurer les billets de saison qui seront de 360 $ pour 24 parties - donc à 15 $ le match là aussi. Ahurissant !

Le commissaire-magicien en ajoute, en nous plaidant que ses clubs seront rentables, prétendant qu'avec la baisse du plafond salarial à 8 250 $ le match, " le budget des équipes oscillera entre 700 000 $ et 750 000 $ et qu'une moyenne de 1 600 spectateurs et des commandites de 150 000 $ assureraient la santé financière des équipes. "

Venant de quelqu'un qui n'investit pas, ne négocie pas les salaires et avantages des joueurs, ni ne négocie les marges de crédits, ne se gratte pas la tête à toutes les parties pour payer les joueurs et autres dépenses, ça va bien, l'œil rose. Mais descendez sur le plancher des vaches et vous verrez que c'est moins drôle.

Car les 8 250 $ ne comprennent pas les bénéfices marginaux et autres 'dépenses reliées à l'emploi'. Sans compter les déboursés usuels comme la franchise, les arbitres, les officiels mineurs, les autobus, les repas, l'hébergement pour les joueurs de l'extérieur, la sécurité, les bonis de signature, les chandails et autres pièces d'équipement, les hockeys à 275 $, et j'en passe et des meilleures.

Et le 'magicien' Gaudette ajoute que le partage des revenus devrait passer de 0,50 $ par spectateur à 1,00 $ dès la prochaine saison. Voilà qui ajoutera aux casses-tête des propriétaire et viendra 'agacer' l'aspect rentabilité des équipes, surtout au niveau des 'petits marchés'.

1 600 personnes x 15,00 $ x 24 parties = 576 000 $
- 14 % de TPS/TVQ (80 640 $)
- 1,00 $ de partage des revenus (38 400 $)
- les salaires directs de 8 250 $ x 48 parties (396 000 $)
- total des dépenses directes et immédiates : 515 040 $.

Plus les bénéfices marginaux et autres dépenses citées ci haut, il faudra plus que les 150 000 $ de commandite pour boucler la boucle et ce, à la condition que les 1 600 personnes par match soient tous des adultes à 15 $. Combien d'équipes ont présenté un tel actif-gradins la saison dernière ?

Pas de quoi attirer des investisseurs. Ni des actionnaires. À moins que tel investissement serve à de l'évasion fiscale avec du trop plein de revenus d'autres sources.

Vous comprenez maintenant pourquoi je dis que la journée de lundi sera 'capitale' non seulement pour la formation de Thetford Mines, mais pour la LNAH toute entière ? Car sans vouloir être pessimiste et/ou négatif, le réalisme financier oblige les questionnements. Et dites-vous que le show a besoin d'être mauditement bon dans un circuit où le calibre va diminuer pour attirer '1 600 adultes à 15 $ la game à toutes les fins de semaine'. Et pas trop de tempête de neige les soirs de match !

ET LA LCH ???

Je suis moins inquiet pour la LCH, circuit aussi jeune que son président Clément Vallières, qui entamera sa 29e saison l'automne prochain. Cette ligue senior AAA a connu - au fil des ans, ses ratés, ses pertes de franchises, ses déménagements, mais bon an mal an, il est là, innove 'enfin' en sortant de son éternel conservateurisme.

La grande interrogation pour ce circuit, mardi, est la suite des choses pour la franchise rescapée des Marquis de Jonquière. Il reste des questions fondamentales à répondre quant au territoire des joueurs dits 'locaux' et les droits à l'importation, les listes de protection et autres 'bébelles essentielles' du genre.

On comprend les questionnements car on veut bien faire du hockey, mais aussi avoir la chance de ne pas perdre tous ses matchs 11-1 et ce, par des joueurs de la région qui seront recrutés par les autres formations, et pour qui il faudra payer des droits compensatoires pour qu'ils viennent nous battre chez nous, comme qu'on dit ! Le questionnement a du sens.

Mais j'ai confiance que le bande à Vallières/Loubier trouvera 'la' solution' qui fera en sorte que Jonquière pourra dire un OUI définitif dans les heures qui suivront la rencontre dite de repêchage.
Sauf que si jamais ça ne marche pas, la LCH n'est pas en danger. Tel calibre pourrait jouer une saison avec sept (7) équipes. Pas de problème là, tout en sachant qu'il sera toujours possible de regarder ailleurs pour une 8e équipe d'ici septembre.

L'heure de vérité de la LCH est donc moins stressante, moins angoissante que pour la LNAH. D'autant plus que la LCH ne souffre pas d'insécurité quant à sa crédibilité.

Vallières a évité de faire du Gaudette. Il ne s'est pas compromis en annonçant en mi avril le retour de toutes ses 9 formations, pour ensuite annoncer en mai une expansion pour contourner les problèmes de la dernière saison, pour en bout de ligne fermer les portes de deux de ses équipes et, malgré une assemblée annuelle dite productive, se retrouver dans les limbes quant à son avenir. Pas drôle, pour un circuit qui se dit professionnel...

La LCH a bien accepté la fermeture d'une de ses 'vieilles formations', à Saint-Gilles, mais il n'y a personne de traumatisé là.

En fait, la seule similitude notoire entre la LNAH et la LCH est que, pour jouer à 8 clubs chacune la saison prochaine, il a fallu à ces deux ligues rescaper une des formations de la défunte 'ligue maudite LHSP-AA', soit Saint-Jean dans la LNAH et Jonquière dans la LCH. Assez ironique quand même.

Surtout quand on sait avec quelle véhémence la LNAH a poussé les inspecteurs d'impôts dans les pattes des équipes de la LHSP-AA. Crédibilité, tu dis ???

Enfin... Attendons à lundi pour la LNAH et mardi pour la LCH ! Bon week end !

Note: je suis toujours heureux de lire vos réactions et commentaires au infini@ri.cgocable.ca et vous en remercie.