MONTRÉAL – Depuis le début de la saison 2013-2014, seuls les Kings de Los Angeles ont disputé plus de matchs que les 150 qui figurent au compteur des Rangers de New York. C’est beaucoup, tellement que Derick Brassard commence à perdre le compte.

« On est allés en Californie, on est revenus à la maison pour un match, ensuite on est repartis pour trois autres sur la route... je crois que ça fait comme six matchs en neuf jours qu’on joue », calculait approximativement le jeune attaquant québécois lundi, à la veille du dernier match des siens avant la pause du match des étoiles.

Pour être exact, ce sont sept matchs en douze jours qu’ont alignés les Rangers depuis leur départ vers la côte ouest américaine. Qu’importe! On ne le croirait pas à regarder la liste de leurs récents accomplissements, mais les champions en titre de l’Association Est commencent à avoir du hockey dans le corps. C’est pourquoi, même si rien d’autre ne semble pouvoir arrêter leur fulgurante ascension au classement depuis le début de leur séquence de 15 victoires en 18 matchs au début décembre, les Blueshirts profiteront volontiers de la semaine de congé qui pointe à l’horizon.

« Je pense que ça va être bon pour tout le monde, avançait Brassard lors d’un entretien avec RDS. Même si on joue bien en ce moment, ça va faire du bien de relaxer. Surtout que quand on va revenir, je pense qu’on va avoir 39 matchs en... 59 jours? En tout cas, c’est ce qu’Alain (Vigneault) nous disait l’autre jour. »

Les chiffres ne sont peut-être pas sa tasse de thé, mais on peut comprendre Brassard de démontrer une confiance aveugle envers son entraîneur. Aux yeux du jeune vétéran de 27 ans, le retour en force des Rangers depuis un mois et demi s’explique en grande partie par la gestion efficace de ses troupes par Vigneault.

Après un mois d’activité, les Rangers oscillaient autour de la barre de ,500. Rien de désastreux, mais rien de très convaincant non plus pour une équipe qui était passée à trois victoires de la cinquième coupe Stanley de son histoire quelques mois plus tôt. Sentant les effets néfastes d’une fatigue résiduelle, Vigneault a alors pris la décision de modifier la préparation de ses troupes en supprimant le traditionnel entraînement matinal lors des journées de matchs.

« Ça a été une bonne chose, constate Brassard, qui est d’avis que les Rangers profitent aujourd’hui de l’expérience acquise par Vigneault lors de son passage chez les Canucks de Vancouver. On est une équipe rapide qui essaie d’imposer notre vitesse à l’adversaire. Quand on est fatigués, on n’est vraiment pas à notre meilleur. »

Mais les succès des Rangers ne s’expliquent pas simplement par une intuition heureuse de leur pilote. Brassard, rejoint après une légère séance de patinage d’une trentaine de minutes, vante la capacité de son patron à bien doser ses exigences à l’entraînement et à bien jongler avec ses effectifs lorsqu’il prend place derrière le banc.

Vigneault sait aussi bien choisir ses mots. Ce sont ses paroles, confie Brassard, qui ont inspiré le retour à la vie des Rangers à l’approche du temps des Fêtes.

« Il s’est assis avec nous et nous a fait comprendre que ça allait prendre une centaine de points, peut-être plus, pour retourner en séries. À partir de ce moment-là, on a arrêté de perdre. Si tu veux te donner une chance de faire les séries, ça te prend une séquence comme celle qu’on traverse présentement. Notre division est très forte avec les Islanders et les Capitals qui surprennent, chaque match échappé peut faire mal. On a gagné 15 de nos 18 dernières, mais on est égal avec tout le monde. »

Un prolifique nouveau compagnon

Brassard est bien placé pour témoigner du flair de son entraîneur. En début de saison, Vigneault a comblé le départ de Benoît Pouliot en plaçant Rick Nash à la gauche du joueur de centre natif de Hull. Le duo, complété par Mats Zuccarello, a connu un succès instantané.  

« Je ne me souviens plus exactement c’était pendant quel match, mais on perdait par deux buts et il nous a mis ensemble pour la troisième période. On a vraiment dominé et depuis ce temps-là, on a toujours joué ensemble. Jouer avec Rick, ça veut dire affronter constamment les meilleurs défenseurs adverses. C’est un beau défi quotidien pour moi. »

Brassard ne prendra pas une once de crédit, mais Nash a recommencé à remplir les filets adverses depuis le début de la saison. Le gagnant du trophée Maurice-Richard en 2003-2004 a déjà plus de buts (28) qu’à la fin de la saison dernière (26) et s’il suit le rythme, il connaîtra sa première campagne de 50 buts dans la LNH.

« L’année passée, il travaillait aussi fort et rien ne rentrait. Cette année, je ne dis pas qu’il est chanceux, mais ça fonctionne pour lui et il joue avec beaucoup de confiance présentement », observe l’ancien des Voltigeurs de Drummondville.

« Rick a comme un don pour savoir où se placer, pour transporter la rondelle et attirer des joueurs vers lui. Et sa longue portée fait de lui un joueur imprévisible. C’est vraiment le fun de jouer avec lui et Zuccarello, que je peux trouver les yeux fermés sur la patinoire. On a une belle chimie et ça va bien, mais pour que l’équipe aille loin en deuxième moitié, il va falloir que notre ligne continue d’offrir du jeu solide. »

Les statistiques de Brassard ne sont pas vilaines du tout non plus. L’ancien choix de première ronde des Blue Jackets de Columbus produit presqu’un point par rencontre et à moins que la malchance ne s’en mêle, il fracassera aisément ses sommets personnels au niveau des buts, des aides et des points.

« J’aime la façon dont je joue présentement. C’est sûr que tout le monde s’attarde aux statistiques, mais j’essaie simplement de faire mon travail avec le plus de constance possible. C’est ce qu’ont en commun tous les joueurs qui connaissent du succès. Je joue avec de bons joueurs et je tente de mériter ma place à leurs côtés », estime humblement Brassard.