Alors qu’il était libre comme l’air à l’été 2009, Alexei Kovalev a décidé de poursuivre sa carrière à Ottawa plutôt que d’accepter l’offre du Canadien.

Encore à ce jour, Kovalev estime avoir commis une bête erreur, et il admet avoir longuement regretté ce choix.

Invité sur le plateau de l’Antichambre, Kovy est revenu sur sa carrière, notamment ses années passées dans la métropole.

Cette année-là, le capitaine Saku Koivu, Alex Tanguay et Mike Komisarek sont aussi partis, tout comme l’entraîneur-chef Guy Carbonneau. Sont ensuite arrivés les Scott Gomez, Brian Gionta et Mike Cammalleri notamment.

ContentId(3.1159230):L'Artiste au sein de bonnes équipes
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« C’était une grosse erreur de ma part. Certains pensent que c’était la faute à mon agent, mais c’était la mienne. Je dois admettre que c’est mon égo qui a fauté. Durant mes années à Montréal, je croyais avoir beaucoup fait pour l’équipe, mais j’aurais pu en faire plus. Je pensais à ce moment que je méritais plus de respect et j’étais déçu. J’ai donc décidé de prendre un chemin différent. Je ne veux rien dire de mal sur Ottawa, j’y ai passé du bon temps et c’est une bonne organisation, mais c’est toujours difficile de partir d’un endroit où vous êtes resté une longue période de temps en raison des relations que vous avez créées là-bas. Certaines choses me manquaient quand j’étais à Ottawa. »

Malgré tout, cette fameuse remontée de 5-0 face aux Rangers de New York le 19 février 2008 fait partie des plus beaux souvenirs auxquels est rattaché Kovalev.

« C’est difficile de ne pas s’en rappeler, on tirait de l’arrière 5-0 et on a réussi à égaliser puis à gagner. On a démontré notre caractère collectivement et individuellement. Tout le monde avait commencé à y croire après un but, le vent a complètement tourné. C’est dur à expliquer, mais il y avait ce sentiment qu’on pouvait réussir. »

Kovalev a par ailleurs été témoin des débuts de Carey Price dans la LNH. Il n’est pas surpris de constater son ascension parmi l’élite des gardiens de but.

« Il y a parfois de grandes attentes envers certains joueurs, on se dit qu’ils pourraient être le prochain Gretzky ou le prochain Lemieux, puis après un an ou deux, ils disparaissent. Carey a fait une entrée discrète, mais chaque année il progressait, s’ajustait et il s’est finalement épanoui. »

Jeune, Kovalev a justement fait partie de ces joueurs très prometteurs. Il a cependant parfois été critiqué pour sa paresse et son individualisme et aurait pu selon plusieurs enregistrer des statistiques bien plus impressionnantes. Il a atteint une seule fois le cap des 90 points (95 points à Pittsburgh en 2000-2001) et ses performances étaient souvent inconstantes d’une saison à l’autre, voire d’un match à l’autre. Selon lui, des discordances de styles ont mené à ce constat.

« Il y a des joueurs qui ont besoin d’une certaine attention ou qui fonctionnent mieux selon une certaine manière de travailler avec l’entraîneur. L’entraîneur ou l’organisation doit avoir une approche spécifique et savoir s’ajuster pour arriver à retirer le meilleur d’eux. Parfois, durant ma carrière, il y avait des moments où je n’étais pas d’accord avec l’entraîneur et d’autres où l’entraîneur n’aimait pas mon style et tentait de le changer. Je n’y comprenais rien, car j’ai atteint la LNH grâce à un style en particulier, alors pourquoi changer? Certaines choses m’ont distrait. Je voulais qu’on me laisse faire mon travail. J’avais pourtant déjà prouvé ce dont j’étais capable. »

Kovalev garde encore des liens avec Montréal. Il y organise des évènements pour sa fondation qui vient en aide aux enfants atteints de maladies cardiaques et apprécie y passer du temps.

Un virtuose sur glace

Le Russe est reconnu comme étant l’un des plus grands talents bruts à avoir mis les pieds sur une patinoire de la Ligue de nationale de hockey. Pourtant, il n’a pas fait l’unanimité partout où il est passé. Chose certaine, « l’Artiste » attirait beaucoup l’attention et les partisans montréalais se souviennent encore très bien de lui.
 

ContentId(3.1159238):La Fondation Alex Kovalev
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Premier joueur russe repêché en première ronde, premier Russe à avoir son nom sur la coupe Stanley (en 1994 avec les Rangers de New York), il a pris officiellement sa retraite à 41 ans. Il a disputé 1316 matchs réguliers dans la LNH et a récolté 430 buts et 599 passes. Après avoir passé ses sept premières saisons dans la Gromme Pomme, il a effectué un séjour avec les Penguins de Pittsburgh de 1998 à 2003, avant de retourner à New York et de passer ensuite par Montréal en 2004. Il a disputé quatre campagnes complètes et participé aux séries trois fois avec le CH. Il a ensuite fait un bref arrêt à Ottawa, avant de retourner à Pittsburgh et de conclure sa carrière chez les Panthers, avec qui il a disputé 14 matchs en 2012-2013.

En fin de compte, au bout d’une longue carrière, Kovalev n’aura remporté qu’à une seule reprise la coupe. Il a aussi gagné la médaille d’or aux Jeux olympiques de 1992 et une de bronze en 2002.

« Gagner des trophées est toujours incroyable. J’ai gagné à un jeune âge, à un âge où on ne s’attend à rien, où on est simplement heureux de jouer avec des joueurs que vous aviez l’habitude de regarder à la télévision ou de prendre part aux Olympiques que vous aviez l’habitude d’écouter avec votre père. C’est déjà très excitant en soi, mais gagner est encore mieux. J’avais 19 ans quand on a gagné aux JO et personne ne s’attendait à ça de notre équipe. La coupe Stanley est le plus vieux trophée du sport professionnel, ce n’est pas tout le monde qui a la chance de la soulever.

« Nous avons eu d’excellentes équipes à Pittsburgh et Montréal, nous sommes passés près, mais c’est ça le hockey. Vous sentez que le club a tout pour réussir, vous passez si près de toucher à la coupe et puis tout s’effondre. Je pense que la chance joue aussi un peu pour quelque chose dans le sport professionnel. Le bon côté est que vous retirez du positif de ça et que ça vous aide à grandir. »

Durant toutes ces années, Kovalev a joué avec des légendes comme Wayne Gretzky, Mario Lemieux et Jaromir Jagr. Il a notamment évolué avec ces deux derniers dans la ville de l’acier.

« Ce sont deux grands joueurs. Jagr est tellement talentueux, il est robuste et habile de ses mains. Tout le monde avait peur de l’affronter. Il avait de l’instinct, il était plus agressif et très physique dans les coins de patinoire. Ce sont deux joueurs très différents, mais avec un talent de marqueur similaire. »

Kovalev a éventuellement été échangé au Tricolore le 2 mars 2004 à la date limite des transactions.

ContentId(3.1159237):Perdre la face : Alex Kovalev
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« Venir à Montréal, connaissant toute l’histoire de l’équipe et les grands noms qui y sont passés, c’était excitant. Je sais à quel point les gens à Montréal et au Canada connaissent le hockey, ils parlent constamment de hockey et vivent pour le hockey. On ne peut demander mieux. En tant que joueur, vous voulez faire partie de la communauté et de l’équipe parce que le hockey, c’est ce que vous faites de mieux. »

Kovalev est resté quatre ans de plus parce qu’il croyait au potentiel de l’équipe. Il a connu sa meilleure saison en 2007-2008 (84 points en 82 matchs).

« Je voyais les jeunes joueurs arriver et je voulais revenir, car je sentais que je pouvais encore aider et qu’en tant que groupe, nous avions un bel avenir. Quand on est entouré de gens qui vivent autant pour le hockey, l’atmosphère est incomparable. C’était probablement la meilleure ambiance d’aréna parmi toutes les équipes pour lesquelles j’ai évolué. »