Accepter d’être (parfois) vulnérable
LNH lundi, 19 mars 2018. 17:29 mercredi, 11 déc. 2024. 05:55Il y a quelques mois, j’ai suggéré à RDS de présenter une émission plus intimiste où je discuterais avec des joueurs de hockey à la retraite. Ils nous y parleraient de leurs plus grands défis ou de ces moments charnières qu’ils ont vécus, tant professionnellement que personnellement.
Bien entendu, je connaissais déjà la plupart de ceux qui ont accepté de participer à ces tête-à-tête. Je les croise en effet depuis des années dans le cadre de mon travail ou lors d’émissions comme L’Antichambre. J’étais certain qu’il y avait plus à découvrir que ce que l’on connaît généralement d’eux. J’étais également certain que plusieurs d’entre vous aimeraient connaître ces zones plus secrètes et humaines de ces joueurs plus grands que nature.
Il faut comprendre que pour parvenir à jouer dans la Ligue nationale, chacun d’eux a dû passer par des moments difficiles. N’imaginez pas qu’il est naturel de quitter nos parents et le foyer familial pour aller loin, à seule fin de jouer au hockey. Or tous ces joueurs ont été obligés de le faire; de quitter la maison à 14 ou 15 ans pour aller vivre dans une autre ville, avec une autre famille, pour leur passion et leur rêve.
Les confidences qu’ils m’ont faites sont touchantes et loin de l’image qu’on leur accole. J’ai eu le plaisir de recevoir huit d’entre eux pour échanger sur ce côté humain souvent négligé dans le hockey professionnel. Prenez Denis Gauthier, ancien joueur, plutôt physique, dont le principal mandat était de déranger les meilleurs joueurs adverses. Il a distribué des dizaines, voire des centaines de mises en échec. Il donnait l’impression de jouer pour faire mal et n’hésitait pas à jeter les gants s’il croyait que ça pouvait aider son club.
En entrevue, c’est une tout autre personne qu’il nous a présentée. Il était évidemment conscient de son rôle dans la ligue et n’a jamais renié la façon dont il l’avait rempli. Il assume d’ailleurs totalement l’image de mauvais garçons qu’il traînait. Denis avoue qu’il portait en lui une certaine dose de violence, mais qu’il la laissait sortir exclusivement sur la glace. Pourtant l’homme, celui que l’on côtoie dans la vie de tous les jours, est complètement différent. C’est un mari qui adore sa femme et ses enfants et qui pense souvent à ceux et celles qui l’ont aidé à atteindre la LNH. Il est d’ailleurs bouleversant quand il parle de ses anciens entraîneurs des petites ligues ou de la famille qui l’a accueilli plus tard.
Il en va de même avec Vincent Damphousse, qui a connu une carrière extraordinaire. Derrière ce redoutable compteur, que craignaient les gardiens, il y a un homme sincère et réaliste. Il nous a confié qu’en 1992, alors qu’il était avec Edmonton, il avait pris la décision pour des raisons familiales d’être échangé, mais seulement avec le Canadien. Sinon, il mettrait un terme à sa carrière. Il vivait, à cette époque, une situation familiale et voulait absolument se rapprocher de ses enfants. Il s’est donc retrouvé, cet été-là, sans contrat. Heureusement, il a reçu un appel une semaine avant le début du camp d’entraînement l’avisant qu’il était échangé à Montréal où il a été ensuite nommé capitaine et a continué son exceptionnelle carrière.
Tous ceux qui ont accepté de se prêter au jeu ont livré une facette méconnue de leur vie ou de leur personnalité. Bien sûr qu’il y a des moments émotifs, car ils ont accepté d’être vulnérables. Dans ce sens, tous mes invités ont partagé des expériences inouïes qui nous touchent.
Au-delà de ces confessions, je crois surtout qu’en acceptant de se confier, ils ont parlé des moments forts de leur vie. Ce sont des gens qui ont une énorme confiance en eux, mais qui reconnaissent que cette confiance n’est rien si elle n’est pas aussi partagée par ceux et celles qui les entourent. Que ce soit leur famille, leurs entraîneurs au fil des ans, ou leurs coéquipiers, on ne peut bâtir que si on est bien entouré. Ils méritent de servir de modèles pour tous ces jeunes qui adorent le hockey et qui rêvent d’y faire carrière. Ils nous rappellent que le talent ne suffit pas. Il faut énormément d’efforts, de travail… et un peu de chance. La chance de rencontrer les bonnes personnes aux bons moments.
Il reste encore plusieurs émissions à venir et, déjà, les commentaires que vous m’avez fait parvenir sont extraordinaires. Il nous reste beaucoup à découvrir. Je vous invite donc à ne pas manquer ces rendez-vous hebdomadaires à L'Antichambre où l’on va au-delà du joueur.
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