BOCA RATON, Floride - Quand vient le temps d’évaluer des joueurs, de concocter des transactions, d’allonger des années et des millions pour attirer des vedettes ou des acteurs de soutien au sein de leurs organisations, les directeurs généraux de la LNH sont rarement d’accord. Ils sont encore moins souvent d’accord lorsque vient le temps de se mesurer à la LNH et aux différentes règles et règlements qui régissent le jeu tout autant dans les coulisses que sur la patinoire.

Cela dit, à la lumière de la première journée de discussions dans le cadre de leur rencontre annuelle en Floride, les 30 directeurs généraux de la LNH semblent d’accord, sans toutefois l’être à l’unanimité, sur plusieurs points : il est temps de donner plus de place aux reprises vidéo pour s’assurer que les décisions rendues par les arbitres et juges de lignes soient les bonnes; il est temps d’ouvrir la porte aux buts marqués avec les patins; il est temps de revoir les prolongations et séances de tirs de barrage afin qu’elles offrent un meilleur reflet du hockey sans toutefois prolonger indûment la durée des rencontres; il est toujours nécessaire de bien protéger les gardiens de but et de poursuivre l’offensive menée pour réduire, à défaut de les abolir, les coups à la tête et les conséquences néfastes qu’ils causent en multipliant les commotions cérébrales.

Là où ils sont loin d’être d’accord, c’est sur les façons de mettre ces changements en application. Il semble d’ailleurs évident que par souci de ne pas dénaturer le hockey, les DG prônent l’adoption d’ajustements bien plus que des changements trop importants.

« Le principe est simple : on veut tous que les décisions rendues soient les bonnes. Personne ne veut voir une équipe perdre en raison d’une mauvaise décision surtout quand elle est clairement mauvaise et que la vidéo le démontre. L’important à mes yeux, c’est le temps qu’on doit accorder à ces révisions. Elles doivent venir le plus vite possible pour maintenir la cadence du jeu », a lancé Marc Bergevin à sa sortie de la séance de travail de lundi.

Comme tous ses homologues, le DG du Canadien formait l’un des trois groupes de 10 directeurs généraux qui débattaient, chacun de leur côté, des modifications à apporter aux règlements. Mardi, les DG seront tous réunis afin de développer un peu plus les points de vue recueillis lundi. Des représentants de l’Association des joueurs – la NHLPA est impliquée dans le Comité de compétition par le biais duquel tous les changements doivent d’abord passer avant d’être soumis aux gouverneurs – débarqueront mardi à Boca Raton pour se joindre aux discussions.

Prolongation vs fusillade

Bien que plusieurs DG tiennent à maintenir la séance de tirs de barrage, il semble évident que la majorité d’entre eux voudraient voir les rencontres se décider moins souvent en fusillade. Mais au lieu de viser une prolongation supplémentaire à trois contre trois en cas d’égalité après une première prolongation à quatre contre quatre, ils lorgnent des modifications plus simples.

« Le simple fait de gratter la patinoire avant la prolongation comme on le fait avant la fusillade améliorerait la qualité du jeu et du coup les chances d’obtenir un but gagnant », a souligné Doug Armstrong.

Le directeur général des Blues de St Louis est toutefois un adepte de la fusillade. Et il ne s’en cache pas un instant. « Je considère que c’est l’un des aspects les plus spectaculaires de notre sport. Parce que j’ai la chance de compter sur T.J. Oshie au sein de mon équipe. Je ne suis donc pas tout à fait impartial », a ajouté Armstrong.

La disparition des tirs de barrage?

S’il a ébloui la planète hockey avec ses quatre buts en six tentatives lors du match préliminaire opposant les États-Unis à la Russie aux Jeux de Sotchi, T.J. Oshie est aussi le marqueur le plus redoutable de la LNH cette saison en tirs de barrage avec huit buts, dont quatre gagnants, en 11 tentatives.

Brad Boyes (37 en 79) est le joueur actif totalisant le plus de buts marqués en tirs de barrage en carrière. Il est suivi de Zach Parise et Pavel Datsyuk qui en affichent 35 en 79.

Oshie partage le 14e rang avec Sidney Crosby avec 26 buts marqués en tirs de barrage. Le joueur des Blues les a toutefois enfilés en 47 tentatives alors que Sid the Kid s’est élancé 61 fois.

« Si nous ajoutons une prolongation à trois contre trois, nos joueurs vedettes seront encore davantage utilisés et je considère qu’ils le sont déjà beaucoup. Surtout avec un calendrier comptant de nombreuses séquences de deux matchs de suite, de trois en quatre et de quatre en six. Au lieu de miser sur le trois contre trois, j’opterais bien plus pour un changement de côté lors de la prolongation. Les changements seraient plus difficiles à compléter et cela ouvrirait la porte à plus de buts décisifs en prolongation. Un tel ajustement serait bien plus souhaitable à mes yeux qu’un gros changement », a ajouté George McPhee des Capitals de Washington.

Plusieurs DG ont convenu que les situations de match à trois contre trois sont tellement rares qu’il est difficile de prétendre que les chances de marquer seraient meilleures qu’à quatre contre quatre.

« Le hockey demeure toutefois un sport d’équipe et j’aimerais mieux voir six joueurs et deux gardiens décider l’issue des rencontres plutôt qu’un duel à un contre un. Sans être complètement opposé à la fusillade, je trouve qu’elle décide trop souvent de l’issue des matchs », a répliqué Jim Nill, un ancien allié de Ken Holland avec les Red Wings de Detroit, qui est maintenant à la tête des Stars de Dallas.

« Mais que ce soit pour les prolongations ou tous les autres aspects que nous abordons, il faut être prudents et ne pas accepter à la hâte des changements qui, à long terme, ne seraient peut-être pas bénéfiques pour notre sport », a ajouté Nill.

Des 967 matchs disputés dans la LNH en date de dimanche, 242 (25,02 %) se sont rendus en prolongation et 136 de ces 242 prolongations (56,2 %) n’ont pas fait de maître entraînant des séances de tirs de barrage.

Buts marqués avec le patin

Une des ouvertures remarquées lundi est reliée aux buts marqués avec les patins.

Parce que, à l’image de plusieurs amateurs, les DG sont parfois dubitatifs devant des explications associées à des buts marqués avec le patin qui sont refusés ou acceptés, ils semblent qu’on soit en voie d’en accepter davantage, voire une majorité.

« Depuis qu’on refuse des buts marqués avec le patin en raison d’un mouvement de botté, mais qu’on accorde ceux reliés à un mouvement associé à une glissade et ceux qui sont redirigés, la ligne est parfois bien mince entre ce qui est bon et ne l’est pas. Même que des fois, je n’y comprends plus rien et je suis DG dans la LNH. Si un joueur levait le patin pour botter une rondelle je comprendrais que le but soit refusé. Surtout que la sécurité des gardiens et des autres joueurs qui l’entourent pourrait être compromise. Mais dans l’éventualité ou le mouvement de botter se fait en glissant la lame sur la patinoire, il me semble que ce pourrait être bon. J’ai l’impression que nous tendons à afficher une application plus libérale de ce règlement », a plaidé le nouveau patron des Sabres de Buffalo Tim Murray.

Reprises vidéo

Après avoir pesté contre les reprises vidéo instaurées pour s’assurer que les buts marqués sont bel et bien bons – rondelle ayant complètement traversé la ligne rouge, rondelles frappées avec les patins, rondelles touchées plus haut que la barre transversale – les directeurs généraux examinent la possibilité d’étendre les procédures.

On pourrait vérifier par le biais du vidéo pour s’assurer qu’un gardien a été victime d’un contact qui l’a empêché de faire son travail, s’assurer qu’il n’y a pas eu de hors-jeu sur une poussée qui a mené à un but, si la rondelle n’a pas touché au filet protecteur avant de se retrouver plus tard dans le filet où ça compte vraiment.

« Je suis pour la protection des gardiens, mais en même temps, on doit être prudent. Il a des gardiens qui sont passés maîtres pour donner l’impression qu’ils viennent d’être frappés par un obus alors qu’ils ont seulement été flattés par une petite brise », a tenu à nuancer le DG des Rangers Glen Sather.

« L’erreur est humaine et je peux vivre avec les erreurs des arbitres. Surtout que notre sport n’a jamais été aussi rapide. En même temps, les classements sont tellement serrés dans les divisions et les associations que quelques points font une énorme différence. Tu ne peux donc pas hypothéquer tes chances d’accéder aux séries à cause de quelques points perdus ici et d’autres accordés à l’une ou l’autre des formations avec lesquelles tu te bas », a mentionné Bryan Murray des Sénateurs d’Ottawa.

En plus de faire appel aux responsables des reprises vidéo qui suivent toutes les rencontres de la salle de contrôle de la LNH à Toronto, les directeurs généraux se demandent s’il ne serait pas préférable de permettre aux officiels d’eux même se rendre au banc des pénalités pour voir le jeu au ralenti sur un écran témoin afin de s’assurer d’avoir initialement rendu la bonne décision.

On parle aussi de l’idée de permettre aux entraîneurs de contester directement une décision qui leur est défavorable en jetant un mouchoir sur la patinoire. À l’image des contestations qui ont cours dans la NFL.

« Ma seule réticence avec cette procédure est que je déteste que le jeu soit stoppé sur une longue période pour permettre ce genre de révisions. Il y en a déjà beaucoup vous savez. Mais je ne considère pas que ce soit une mauvaise idée », a indiqué Glen Sather des Rangers.

Tous ces points et plusieurs autres abordés hier – pénalité de quatre minutes pour les bâtons élevées – ou qui sont toujours à l’ordre du jour seront encore débattus mardi et mercredi.

Mais les chances de voir une modification majeure apportée à l’un ou l’autre de règlements actuels semblent minces.